par une précision analytique accrue et
une quantification à la fois plus fréquente
et plus juste des faibles concentrations
de troponine(4).
Les travaux sur ces dosages hypersensi-
bles permettent d’envisager un diagnos-
tic plus rapide de l’atteinte cardiaque(5,6).
Ainsi, une valeur de troponine T Hs (TnT
Hs) inférieure au 99epercentile à 3 heu-
res post-douleur permet d’éliminer le dia-
gnostic d’infarctus (valeur prédictive néga-
tive à l’admission : 98 % )(7). Les dosages
hypersensibles permettraient-ils d’éva-
luer l’ischémie cardiaque en absence de
nécrose ? C’est ce que suggère le travail
de Reichlin qui met en évidence une aug-
mentation de la TnT Hs dans l’angor insta-
ble, ainsi que celui de Sabatine qui mon-
tre que la troponine I hypersensible est
augmentée chez les patients présentant
un test d’ischémie positif(8). Comme sug-
géré par Hickman et al. les troponines
présentent dans le cytoplasme pourraient
diffuser en dehors du myocarde au moment
de l’ischémie(9).
Dans le cadre du diagnostic de l’infarc-
tus, le gain de sensibilité diagnostique
entraîne-t-il une diminution systématique
de la spécificité ? Un dosage isolé à l’ad-
mission possède une spécificité moyenne
mais Giannitisis et al. ont montré que la
valeur diagnostique globale du test peut
être augmentée en réalisant un « cycle
troponine » dans un délai plus court qu’a-
vec une troponine classique(10) : dans le
cas de la TnT Hs, un délai à 3 heures entre
2 prélèvements de troponine réalisés à
l’admission des patients suspects de syn-
drome coronaire aigu (SCA), au lieu des
6 à 9 heures actuellement recomman-
dées avec un dosage classique, pourrait
être envisagé sans perte d’efficacité glo-
bale (figure)(10-12).
Rupture et continuité
La notion essentielle soulignée par l’in-
troduction de ces nouveaux dosages est
le fait que l’augmentation de la tropo-
nine signe une atteinte cardiaque sans
préjuger de son origine. Déjà décrites
avec les troponines classiques, les cau-
ses d’augmentation de ce marqueur en
dehors du SCA sont nombreuses(13) et
soulignent l’importance du contexte cli-
nique de la prescription des dosages.
Ces nouveaux dosages représentent
une rupture par leur qualité analytique
accrue et une continuité par leurs indi-
cations qui restent essentiellement les
mêmes que les troponines classiques,
en tenant compte de nouveaux seuils,
propres à ces dosages.
Références bibliographiques sur demande à la rédaction.
Ces dernières années ont définiti-
vement confirmé la troponine
comme l’un des biomarqueurs
les plus solides et destiné à demeurer.
Des progrès technologiques considéra-
bles ont conduit à de nouveaux dosages
« hypersensibles ».
Les trois principes
d’interprétation
Principe 1
Toute élévation au-delà du 99epercentile
comporte une signification pronostique
péjorative. D’une façon générale, une tro-
ponine au-delà du seuil 99epercentile est
corrélée aux scores de risque cardiovas-
culaire et prédit la mortalité à 5-10 ans.
Principe 2
Toute élévation de troponine ne signifie
pas une thrombose aiguë coronaire impli-
quant le recours à une thérapeutique
spécifique, d’où le terme d’élévation
non thrombotique de troponine (ENTT).
Principe 3
Les élévations de troponine aux urgen-
ces peuvent être classées sur le plan
étiologique dans l’un des 4 principaux
groupes suivants :
•infarctus (type 1, définition universelle) ;
•les 4 « grandes » causes d’ENTT :
– insuffisance cardiaque,
– insuffisance rénale,
– embolie pulmonaire,
– myocardite (et myopéricardite),
•les causes nécessitant une prise en
charge en réanimation : sepsis, choc
hypovolémique ;
•un grand nombre de circonstances plus
« banales » qui comportent toutefois un
pronostic vital globalement péjoratif à
échéance d’environ 1 semaine : les car-
diomyopathies hypertrophiques, la dis-
section aortique aiguë, la période posto-
pératoire en chirurgie cardiaque ou en
chirurgie vasculaire ou de fracture de
hanche par exemple, l’ischémie des mem-
bres inférieurs, etc.
Les cinq questions
à se poser devant
une élévation de la troponine
•Le contexte du dosage est-il d’élimi-
ner un infarctus du myocarde (E1I) ?
•Existe-t-il une cause associée d’éléva-
tion de troponine (principe 3) ?
•Existe-t-il une augmentation significa-
tive de la troponine, par exemple à 3 heu-
res d’intervalle ?
•La valeur absolue de l’élévation de la
troponine est-elle compatible avec le
&Marqueurs
&Marqueurs
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Actualités
●●● suite de la page 1
Troponine Haute sensibilité :
quel mode d’emploi ?
Troponine T Hypersensible :
rupture ou continuité ?