Roche marq 9 flash:Roche marq coeurBat7 07/06/10 12:45 Page1 Cahier 2 Supplément au N° 932 – 16 juin 2009 &Marqueurs En Bref À la quête du Saint Graal ! J-P. COLLET, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris L a quête du Saint Graal consiste à atteindre un objectif difficilement réalisable mais qui aura des retombées majeures. Cette Newsletter sur les « deux élus » parmi les biomarqueurs cardiaques de l’urgence montre que l’on y arrive à la condition d’une triple exigence. La première est de se poser la bonne question. Des biomarqueurs pourquoi faire ? Des marqueurs de la maladie, de l’évènement ou du patient ? Des marqueurs de l’efficacité thérapeutique, du risque iatrogène ou du risque de récidive ? Cette question est fondamentale car elle évite l’écueil de vouloir faire dire au marqueur ce qu’il ne peut pas nous dire. La seconde est celle de la définition de l’utilisation du biomarqueur. Le choix de la valeur du 99e percentile comme seuil décisionnel et l’exigence analytique d’une imprécision tolérable de 10 % à ce seuil a fait de la troponine le biomarqueur le plus précis que l’on n’ait jamais eu. Dans ces conditions, l’amélioration de la performance analytique permet de repousser les limites avec une quantification à la fois plus fréquente et plus juste des faibles concentrations. La troisième exigence incombe à l’utilisateur. Le gain de sensibilité diagnostique de la troponine hypersensible permet de définir des valeurs normales aussi basses que 0,014 (pg/mL), seuil qui élimine l’infarctus avec une valeur prédictive négative supérieure à 90 % ! Va-t-on franchir le pas avec des seuils aussi faibles ? C’est le côté obscur de la force. Va-t-on améliorer le service rendu ? C’est la quête d’un nouveau Graal. Bonne lecture Actualités Troponine T Hypersensible : rupture ou continuité ? G. LEFÈVRE ■ Biochimie et hormonologie, Hôpital Tenon, Paris Des dosages échelonnés de troponine T Hypersensible (Hs) doivent permettre un diagnostic plus rapide de la nécrose myocardique, mais aussi de l’ischémie. epuis l’intégration de la troponine à la définition « universelle » de l’infarctus du myocarde en 2007, la troponine est validée comme le marqueur biologique de référence de la nécrose cardiaque(1,2). Les recommandations, tant analytiques que cliniques, ont défini ses critères d’utilisation, souligné l’utilisation de la valeur du 99e percentile comme seuil décisionnel et défini une exigence analytique d’une imprécision tolérable de 10 % à ce seuil. Lors de la parution des premières recommandations analytiques en 2001, aucun dosage disponible en routine ne pouvait se pré- D valoir d’une telle précision(3). Depuis, les nouvelles techniques ont pour objectif principal d’augmenter la précision analytique au niveau des valeurs décisionnelles. La disponibilité de ces nouvelles générations de dosage de troponine possédant une qualité analytique accrue permet d’envisager désormais leur utilisation en pratique quotidienne. Un diagnostic plus rapide Bien qu’il n’existe pas de définition consensuelle des troponines hypersensibles, ces dosages se caractérisent tous ●●● suite page 2 Troponine Haute sensibilité : quel mode d’emploi ? P. ASSEMAN, P.-V. ENNEZAT, J.-L. AUFFRAY, J.-J. BAUCHART ■ Service de cardiologie, CHRU de Lille La réalisation du dosage de troponine T dans des circonstances cliniques très différentes de celles historiquement liées à son développement, en l’occurrence le diagnostic des syndromes coronariens aigus, révèle la grande prévalence, jusque là insoupçonnée, du dommage myocardique minime. ●●● suite page 2 1 &Marqueurs Roche marq 9 flash:Roche marq coeurBat7 07/06/10 12:45 Page2 &Marqueurs Actualités ●●● suite de la page 1 Troponine T Hypersensible : rupture ou continuité ? par une précision analytique accrue et une quantification à la fois plus fréquente et plus juste des faibles concentrations de troponine(4). Les travaux sur ces dosages hypersensibles permettent d’envisager un diagnostic plus rapide de l’atteinte cardiaque(5,6). Ainsi, une valeur de troponine T Hs (TnT Hs) inférieure au 99e percentile à 3 heures post-douleur permet d’éliminer le diagnostic d’infarctus (valeur prédictive négative à l’admission : 98 % )(7). Les dosages hypersensibles permettraient-ils d’évaluer l’ischémie cardiaque en absence de nécrose ? C’est ce que suggère le travail de Reichlin qui met en évidence une augmentation de la TnT Hs dans l’angor instable, ainsi que celui de Sabatine qui montre que la troponine I hypersensible est augmentée chez les patients présentant un test d’ischémie positif(8). Comme suggéré par Hickman et al. les troponines présentent dans le cytoplasme pourraient diffuser en dehors du myocarde au moment de l’ischémie(9). Dans le cadre du diagnostic de l’infarctus, le gain de sensibilité diagnostique entraîne-t-il une diminution systématique de la spécificité ? Un dosage isolé à l’ad- Troponine Haute sensibilité : quel mode d’emploi ? ●●● suite de la page 1 es dernières années ont définitivement confirmé la troponine comme l’un des biomarqueurs les plus solides et destiné à demeurer. Des progrès technologiques considérables ont conduit à de nouveaux dosages « hypersensibles ». C Les trois principes d’interprétation Principe 1 Toute élévation au-delà du 99e percentile comporte une signification pronostique péjorative. D’une façon générale, une troponine au-delà du seuil 99e percentile est corrélée aux scores de risque cardiovasculaire et prédit la mortalité à 5-10 ans. 2 &Marqueurs Troponine T Hs (TnT Hs) Reco ESC et ACC : interprétation sur 99e percentile et évolution du taux Exclusion IDM 14 87 % < VPN < 99 % Redoser si patient à haut risque CV Zone d’observation 50 Inclusion Haut Risque Cinétique H0/H3 100 % d’élévation VPP IDM = 100 % SCA Prise en charge Figure. Troponine T Hs : en pratique (en ng/L). mission possède une spécificité moyenne mais Giannitisis et al. ont montré que la valeur diagnostique globale du test peut être augmentée en réalisant un « cycle troponine » dans un délai plus court qu’avec une troponine classique(10) : dans le cas de la TnT Hs, un délai à 3 heures entre 2 prélèvements de troponine réalisés à l’admission des patients suspects de syndrome coronaire aigu (SCA), au lieu des 6 à 9 heures actuellement recommandées avec un dosage classique, pourrait être envisagé sans perte d’efficacité globale (figure)(10-12). le fait que l’augmentation de la troponine signe une atteinte cardiaque sans préjuger de son origine. Déjà décrites avec les troponines classiques, les causes d’augmentation de ce marqueur en dehors du SCA sont nombreuses (13) et soulignent l’importance du contexte clinique de la prescription des dosages. Ces nouveaux dosages représentent une rupture par leur qualité analytique accrue et une continuité par leurs indications qui restent essentiellement les mêmes que les troponines classiques, en tenant compte de nouveaux seuils, propres à ces dosages. Rupture et continuité La notion essentielle soulignée par l’introduction de ces nouveaux dosages est Principe 2 Toute élévation de troponine ne signifie pas une thrombose aiguë coronaire impliquant le recours à une thérapeutique spécifique, d’où le terme d’élévation non thrombotique de troponine (ENTT). Principe 3 Les élévations de troponine aux urgences peuvent être classées sur le plan étiologique dans l’un des 4 principaux groupes suivants : • infarctus (type 1, définition universelle) ; • les 4 « grandes » causes d’ENTT : – insuffisance cardiaque, – insuffisance rénale, – embolie pulmonaire, – myocardite (et myopéricardite), • les causes nécessitant une prise en charge en réanimation : sepsis, choc hypovolémique ; Références bibliographiques sur demande à la rédaction. • un grand nombre de circonstances plus « banales » qui comportent toutefois un pronostic vital globalement péjoratif à échéance d’environ 1 semaine : les cardiomyopathies hypertrophiques, la dissection aortique aiguë, la période postopératoire en chirurgie cardiaque ou en chirurgie vasculaire ou de fracture de hanche par exemple, l’ischémie des membres inférieurs, etc. Les cinq questions à se poser devant une élévation de la troponine • Le contexte du dosage est-il d’éliminer un infarctus du myocarde (E1I) ? • Existe-t-il une cause associée d’élévation de troponine (principe 3) ? • Existe-t-il une augmentation significative de la troponine, par exemple à 3 heures d’intervalle ? • La valeur absolue de l’élévation de la troponine est-elle compatible avec le Roche marq 9 flash:Roche marq coeurBat7 07/06/10 12:45 Page3 &Marqueurs % heures ; un test positif dans ce contexte identifie les angors instables. Ainsi, les mesures « hypersensibles » de la troponine permettent-elles, par leur supériorité analytique : 100 80 60 40 Patients pris en charge plus précocement 20 0 Adm. 1h Présentation tardive (> 4h) 2h 3h Tous 4h 5h 6h 24h Heures après admission Présentation précoce (< 4h) diagnostic retenu au terme des interrogations précédentes ? • La chronologie de l’élévation est-elle adéquate au tableau clinique ? Référence cTnT Figure. Évolution cinétique du pourcentage de patients avec troponine T supérieure au 99e percentile (d’après Giannitsis et al. Clin Chem 2010 ; 56 : 254-61). non rares dans les mois qui suivent un SCA ou dans l’angor stable et qui ne partagent pas forcément le bénéfice d’une stratégie médicale et interventionnelle agressives. En pratique Le diagnostic d’infarctus ST- est porté dans un contexte de probabilité pré-test de l’ordre de 15 %. Il suppose l’absence de co-morbidité susceptible de rendre compte d’une élévation de la troponine hypersensible ainsi qu’une ascension des taux ≥ 30 % à au moins 3 heures d’intervalle. Ceci permettra, notamment, de différentier les syndromes coronaires aigus (SCA) d’élévations plus chroniques, Inversement, C. Hamm a montré chez 773 douleurs thoraciques suspectes d’infarctus (E1I, ST-), que la négativité de la troponine à l’entrée et 6 heures après, associée à un ECG normal ou non diagnostique, prédit l’absence d’événement à 30 jours. Ces patients, s’ils sont également cliniquement stables, sont à bas risque et peuvent sortir de l’hôpital soit après un test d’ischémie négatif, soit avec ce test programmé dans les 72 Avis d’expert NT-proBNP et insuffisance cardiaque D. LOGEART ■ Département de cardiologie, Hôpital Lariboisière, Paris À côté de l'échographique cardiaque, examen clé, le dosage sanguin des peptides natriurétiques de type B, BNP et NT-proBNP, a pris une place importante dans l’évaluation de l’insuffisant cardiaque. Physiopathologie Les peptides natriurétiques (PN) sont synthétisés par les myocytes cardiaques. La synthèse est très faible dans un cœur normal et ce n’est qu’en situation pathologique, avec notamment mise en tension de la paroi ventriculaire, que synthèse et sécrétion deviennent importantes, situation assez spécifique de l’insuffisance cardiaque (IC). Les taux sanguins varient en fonction de • D’identifier plus précocement l’élévation de troponine dans le SCA ST- : plus souvent dès l’admission et possiblement aussi efficacement dès 3 heures après l’admission que 6 heures après (figure). • D’identifier une proportion notable d’angors instables (troponine « standard » négative), à risque élevé. • De quantifier de façon fiable l’élévation à deux tests successifs, définissant l’acuité de la situation. • Peut-être de définir des seuils d’élévation du risque à des niveaux inférieurs au 99e percentile (au moins au 99e percentile). • Cette supériorité analytique conduit à une augmentation de la sensibilité du diagnostic de SCA, avec en contrepartie une diminution de la spécificité, mais aussi de la mortalité globale des cohortes de SCA ainsi identifiées (définition universelle versus définition de l’OMS, par exemple). Reste à mener avec ces nouveaux outils un travail de validation clinique des algorithmes présentés (V. Roger) et d’élucider les mécanismes d’élévation de la troponine. l’importance de l’étirement du myocarde et donc au cours de l’histoire de l’IC, qui va de l’hypertrophie et/ou dysfonction ventriculaire à l’IC chronique sévère, avec des fluctuations au gré des décompensations et des actes thérapeutiques (figure). La mesure du taux de NT-proBNP au cours des ces différentes étapes est informative car les contraintes pariétales arrivent au premier plan (déterminées principalement par les pressions de remplissage et la volémie). Les PN aux différents stades de l’IC Dépistage des cardiopathies Beaucoup d’études ont montré l’intérêt du dosage, en amont de l’échographie cardiaque, qui est l’examen de référence. 3 &Marqueurs Roche marq 9 flash:Roche marq coeurBat7 07/06/10 12:45 Page4 &Marqueurs NT-proBNP (pg/mL) 10 000 Diagnostic Aide à la stratification de l’IC aiguë ou chronique L’apport du dosage est bien établi avec même une supériorité remarquable par Suivi 5 000 Dépistage 1 000 0 I II III IV Insuffisance cardiaque (NYHA) PTDVG Masse, volume VG Aide au diagnostic En cas de symptômes et/ou signes compatibles avec une IC (dyspnée, œdèmes), l’apport clinique du dosage est le plus évident que ce soit dans les services d’urgences ou en consultation. Un algorithme avec deux valeurs seuils est proposé en complément de l’évaluation clinique. Un taux de NT-proBNP < 300 pg/mL élimine l’existence d’une IC décompensée alors qu’un taux > 900 pg/mL (450 avant 50 ans ou 1 800 pg/mL après 75 ans) conforte ou rétablit l’hypothèse du diagnostic. Entre ces deux valeurs, il reste une zone grise liée à des facteurs pouvant augmenter les taux en dehors de toute insuffisance cardiaque symptomatique : âge, cardiomyopathie stable/asymptomatique, insuffisance rénale, fibrillation atriale isolée, pathologie respiratoire avec cœur pulmonaire et sepsis. En revanche, l’obésité interfère négativement. Il faut noter que cette valeur diagnostique est identique que l’IC soit à FE altérée ou à FE préservée. 434334 Néanmoins, le dépistage de formes asymptomatiques requiert des seuils diagnostiques bas (pour avoir une bonne sensibilité) conduisant à un manque de spécificité, notamment chez des sujets âgés et/ou ayant des co-morbidités interférant avec les taux de peptides. Actuellement, la place du dosage dans le dépistage reste incertaine. HVG, dilatation Dysfonction VG rapport à la plupart des marqueurs habituels de gravité (classification NYHA, FEVG, etc.). Ceci a un intérêt dans l’évaluation immédiate du patient symptomatique, au décours immédiat d’une décompensation (degré de stabilisation à la sortie de l’hôpital par exemple), puis au cours du suivi pour repérer les patients les plus à risque, ce qui est souvent difficile par le seul examen clinique. Il est difficile de proposer une valeur seuil universelle, mais il y a une certaine linéarité entre les taux et le risque de décès ou de décompensations. Suivi de l’IC chronique et aide à la titration du traitement 1 300 pg/mL. Globalement, ces résultats sont positifs mais avec un intérêt s’atténuant chez les sujets les plus âgés. D’autres études encore en cours devraient permettre de mieux préciser la pertinence et surtout le mode d’utilisation optimal du dosage pour la titration du traitement. On notera qu’une variation des taux de BNP ou NT-proBNP est considérée comme cliniquement significative seulement au-delà de 30 à 50 %. Et dans tous les cas, la persistance de taux élevés ou leur élévation importante, en dehors même de toute aggravation clinique, sont de puissants indicateurs d’une instabilité persistante ou débutante de l’IC. Plusieurs études, publiées récemment, ont cherché à montrer que la titration du traitement médicamenteux basée à la fois sur l’évaluation clinique et le taux de BNP ou NT-proBNP était plus efficace sur la survie que la titration sur le seul jugement clinique. La valeur cible de NT-proBNP variait selon les études, soit individualisée, soit 400 pg/mL avant 75 ans et 800 pg/mL après, soit encore NT-proBNP : simplifiez vous la vie Figure. Taux de NT-proBNP aux différents stades d’évaluation d’une insuffisance cardiaque. Edité par AXIS Santé – 15, rue des Sablons – 75116 Paris. Tél. : 01 47 55 31 41 - Fax : 01 47 55 31 32 <[email protected]> Comité de lecture : M. Azizi, A. Cohen Solal, Y. Cottin, J.-Y. Le Heuzey, J. Mansourati, R. Roudaut, P. Sabouret, S. Weber Comité éditorial : M. Azizi, J.-L. Dubois-Randé, P. Guéret, J.-Y. Le Heuzey Directeur scientifique : S. Weber Rédacteur en chef : J. Chapsal Directeur de la publication : E. Elgozi N° commission paritaire : 0214 T 81272 – N° ISSN : 0766-3633. Reproduction interdite de tous les articles sauf accord de la Direction Imprimerie de Compiègne – 2e trimestre 2010 © AXIS SANTÉ 5NEMEILLEURESENSIBILITÏ DANSLESFORMESPRÏCOCESD)# (NYHAI et II) 1 seuil spécifique pour les plus de 75 ans Le seul marqueur de l’IC avec 1 seuil spécifique pour les plus de 75 ans 1 seuil d’exclusion 1 seuil d’inclusion par tranche d’âge 1800 75 ans < 300 Valeurs usuelles 60 VPN = 98% Parce que le taux de Peptides Natriurétiques s’élève avec l’âge (1), nous devons en tenir compte pour être au plus proche de la physiopathologie de chaque patient. Taux de PN 50 40 30 20 10 0 <45 45-54 55-64 Âge 65-74 >75 (OGENHUIS*ET!L%UR*(EART&AILns*ANUZZIETAL%UR(EART*s0RONTERA##LIN,AB-ED 900 50 ans 450 Une excellente VPN de 98 % au seuil d’exclusion(2) 5NEZONEGRISERÏDUITE à seulement 17 % des patients(2) en ng/L $ESDIZAINESDEDOCUMENTATIONS ETDESMILLIERSDEPUBLICATIONS