L1-HLPY201 Psychologie cognitive Partie Mémoire HLPY201X Certaines diapos sont empruntées à mon collègue André Didierjean, Prof. de Psychologie à l’Université de Franche-Comté. PLAN -La mémoire à court terme (partie la plus développée par des études expérimentales) -Pathologies (la mémoire à long terme est abordée dans ce cadre) - Aspects développementaux -Entraînement et mémoires exceptionnelles A. Introduction : quelques exemples sur la subjectivité et la complexité des phénomènes de mémoire Daniel Schacter, The seven sins of memory, 2001 : - Transitoire - Sujette à l’inattention - Parfois innaccessible - Suggestible (Loftus) - Biaisée, reconstruite : Freud, 1889; Nigro & Neisser, 1983. - Persistente - Erreurs d’attribution (Roediger III) Avantages - Continuité, identité - Conceptualisation - Concentration, attention - Plaisir, simulation - Fiabilité - Economies - Amnésie (infantile) ? A Compléter … Exemple introductif, à propos de la fiabilité et des capacités : Aparté : Terminologie ! Thèmes fréquemment abordés ... Fonctions - Stockage - Manipulation Mécanismes - Implicites - Explicites Types - Déclarative - Procédurale Processus - Encodage - Stockage, consolidation - Récupération (voir diapos suivantes) De combien d’éléments peut-on se souvenir ? Cela dépend du mode de récupération... ... la récupération fonctionne mieux en mode reconnaissance La reconnaissance peut néanmoins fonctionner plus par familiarité que parfaitement… Avez-vous remarqué la différence entre cette image et la précédente ? Registres -Très court terme - Court terme - Long terme Fin de l’introduction B. Les différents registres de la mémoire William James, 1890 Mémoire primaire vs Mémoire secondaire Sperling, 1960/1963 Mémoire iconique 71VF XL53 B4W7 Sperling, 1960 (suite) Le modèle modal de Atkinson & Shiffrin (1968) Mémoire à très court terme < 200-1000ms Mémoire à court terme (MCT) 2-20 sec, 7+/-2 ? Mémoire à long terme (MLT) > 2 jours ??, 200.000 ??? Atkinson & Shiffrin (1971). Scientific American Exemple de processus contrôlé : L’auto-répétition Paradigme Brown-Peterson (Brown,1958; Peterson & Peterson, 1959) Auto-répétition Objectif : Etudier l’oubli en mémoire à court terme en bloquant Mémoire à court l’auto-répétition mentale. terme (MCT) Méthode : - Présentation de trois lettres à mémoriser - Apparition d’un nombre, compte à rebours à partir de celui-ci - Rappel demandé Interprétation : L’oubli est dû à un effacement progressif des lettres. Mémoire à court terme/ Mémoire à long terme Arguments en faveur d’une dissociation issus de la neuropsychologie 1) H. M., qui présente une amnésie antérograde totale et une amnésie rétrograde limitée à 2-3 ans, mais une MCT intacte. Gyrus Cingulaire Fornix Thalamus Corps mamillaire Hippocampe Amygdale Cervelet Amnésie antérograde : Correspond à l’incapacité de mémoriser des événements survenant dans la vie quotidienne après une lésion (traumatisme, opération ou autres pathologies cérébrales). Tout apprentissage nouveau est donc quasiment impossible. Chez HM, elle est surtout déclarative. Amnésie Rétrograde : Déficit du rappel d’informations acquises avant une lésion. L’amnésie rétrograde n’est jamais totale. La période couverte par l’amnésie peut être plus ou moins longue, et surtout elle n’affecte souvent qu’une partie des registres de connaissances. Chez HM, elle est limitée aux 2/3 ans précédent l’opération chirurgicale. HM parvient parfaitement à mémoriser des séries de six chiffres et les restituer. Il réussit toutes les épreuves nécessitant un rappel immédiat... HM échoue toutes les épreuves qui nécessitent un rappel différé. Conclusion : HM semble avoir un registre de mémoire « à court terme » intact; ses lésions concerne plutôt sa mémoire « à long terme » Bémol : mémoire implicite procédurale à long terme, ok. (exemple, il réussit de mieux en mieux le test du dessin en miroir en fonction des jours d’apprentissage, sans se souvenir qu’il a pratiqué l’exercice les jours d’avant). Arguments en faveur d’une dissociation MCT/MLT, ellemême distinguable en mémoire déclarative/procédurale, issus de la neuropsychologie (suite) 2) N. A., incapable d’enregistrer de la mémoire déclarative, mais pas d’amnésie rétrograde. pour vous en souvenir ... Arguments en faveur d’une dissociation MCT/MLT 3) Syndrome de Korsakoff : amnésie rétrograde des dernières années de la vie essentiellement (variable jusqu’à plusieurs dizaines d’années, avec un gradient temporel), et une amnésie antérograde. MCT fragile. Arguments en faveur d’une dissociation MCT/MLT 4) MCT déficitaire seule .(e.g., patient K.F.).. voir les travaux de Shallice & Warrington (1970) C. La Mémoire à court terme (MCT) 1. Les causes de l’oubli Modèle de l’interférence de Neath, comme facteur explicatif de l’effet de position sérielle. Brown, Neath & Chater (2007) SIMPLE (pour les futurs doctorants...) SIMPLE (pour aller plus loin) SIMPLE (pour aller plus loin) Rappel : Brown-Peterson Rappel des objectifs : Etudier l’oubli en mémoire à court terme Rappel de la méthode : - Présentation de trois lettres à mémoriser - Apparition d’un nombre, compte à rebours à partir de celui-ci - Rappel demandé Nouvelle interprétation : La tâche est sujette aux interférences rétro- et pro-actives ! Ces interférences progressent avec le temps. Argument de McGeoch (1932) contre l’hypothèse du déclin, souvent cité par Nairne ou Jonides : “Ce n’est pas parce que la rouille apparaît avec le temps, que le temps est la cause de la rouille” L’idée ici est que l’interférence correspond au processus d’oxydation. Waugh et Norman (1965) Objectif : Départager la théorie de la dégradation et la théorie de l’interférence Méthode : - Présentation d’une liste de 16 chiffres - Le dernier chiffre (chiffre témoin) est apparu précédemment une et une seule fois dans la liste. - La tâche demandée est d’indiquer le chiffre qui suivait le chiffre témoin dans la liste 5196351428627394 NOTA BENE : Les chiffres (encre noire) sont présentés séquentiellement au centre de l’écran (avec effacement de l’item antérieur), et non comme ci-dessus. Waugh et Norman (1965) Méthode : 2 « facteurs expérimentaux » : - Nombre d’items interférant (1, 2, 4, 6, 8, 10, 12) 5196351428627394 5196351286247394 - Fréquence de présentation des chiffres (1/sec, 4/sec) 5 1 9 6 3 5 1 4 2 8 6 2 7 3 9 4 5196351428627394 Waugh et Norman (1965) Hypothèses : La théorie de la dégradation conduit à prédire un effet du temps. De manière nette, on devrait observer : Performance 1 item/s < Performance 4 items/s La théorie de l’interférence conduit à prédire principalement un effet du nombre d’items interférents, comme suit : Perf. n items interférents > Perf. n + k items interférents Waugh et Norman (1965) Résultats : % correct Interprétation : Il semble bien que l’élément déterminant dans l’oubli en MCT soit l’interférence (rétroactive) autre résultat vu en TD... à corriger ONLINE !! Sur le portail de la BU ... 2 types d’interférence : - Interférence rétroactive - Interférence proactive Waugh et Norman montrent l’effet de l’interférence rétroactive : c’est le nombre de lettres après l’élément à retenir qui affecte le rappel. Dans la tâche de Brown-Peterson on observe à la fois de l’interférence proactive, c’est-à-dire une influence des listes qui précèdent, et un peu d’interférence rétroactive par l’effet du compte à rebours. Keppel & Underwood (1962) montrent qu’à durée équivalente de comptage, les personnes ont des meilleurs performances dans les premiers essais dans une tâche Brown-Peterson. Essai/Trial1 GRD Comptage rappel 5 sec. ou plus Essai/Trial2 CFG Comptage rappel 5 sec. ou plus Essai/TRial 3 K J T rappel Comptage 5 sec. ou plus Résultats : Interprétation : Au fur et à mesure des essais, les séries déjà mémorisées interfèrent de façon croissante (de façon pro-active). Wickens, Born & Allen, 1963 Objectif : Etudier l’effet d’interférence proactive en tentant de le dissiper Méthode : - Présentation de trois lettres (ou trois mots) à mémoriser - Tâche interférente pendant 20 secondes. - Rappel Exemple de procédure pour un essai : Chien table poisson Comptage à rebours Rappel ? Wickens, Born & Allen, 1963 Méthode : Tâche pendant 4 essais pour tous, puis 2 groupes qui diffèrent à l’essai 4. - Groupe contrôle : 4 essais avec même matériel (4 essais avec lettres ou 4 essais avec mots) - Groupe expérimental : 3 essais avec le même matériel (lettres ou mots), puis 4e essai avec matériel différent (lettres si 3 essais avec mots, et vice-versa). Wickens, Born & Allen, 1963 Chien / table / poisson Comptage Rappel Essai 1 fleur / pierre / chaise Comptage lac / tableau / verre Rappel Comptage Rappel Essai 2 T/H/N Comptage Rappel Essai 3 Essai 4 Wickens, Born & Allen, 1963 Résultat : Interprétation : Essais L’interférence pro-active est dissipée par un matériel nouveau Wickens, Dalezman & Eggemeier, 1976 Objectif : Moduler l’effet de dissipation de l’interférence pro-active en montrant l’existence d’un codage sémantique en MCT Méthode : Reprennent, comme dans l’expérience de Wickens, Born & Allen (1963) la tâche de Peterson & Peterson, mais ils augmentent la variété des changements sémantiques à l’essai 4 Wickens, Dalezman & Eggemeier, 1976 Méthode : Tâche Brown-Peterson pendant 4 essais. Pendant les trois premiers essais les participants mémorisent trois fruits 5 groupes qui diffèrent à l’essai 4 : - Groupe contrôle : Fruits - Groupe expérimental 1 : Légumes - Groupe expérimental 2 : Fleurs - Groupe expérimental 3 : Viandes - Groupe expérimental 4 : Professions raisin / pêche / pomme orange / poire / 436 kiwi Rappel Essai 1 526 Rappel melon / cerise / mirabelle 824 Rappel Essai 2 docteur / boulanger / policier 568 Rappel Essai 3 Essai 4 Wickens, Dalezman & Eggemeier, 1976 Résultats Récap. C. La Mémoire à court terme (MCT) 2. Sa capacité Tâche d’empan mnésique simple ... - matériel simple (listes de lettres ou de chiffres) - longueur des listes progressive - rappel ordonné - cotation simple de l’empan BF JPR QCLV TSDZF LFTMGW TMFJRLB H Q C N W Y P K etc. Chiffre « magique » de Miller (1956) : Capacité de 7+/- 2 lettres Sans critère d’arrêt, l’empan se mesure à 50% correct... Mathy & Varré (2013) 6 MATHY Figure 1. Mean proportion of correct responses as a function of the number of digits or the number of letters present in the stimulus list in Exp. 1 and Exp. 2. Note. The mean of per-participant averages was calculated by averaging the proportions obtained for each participant. Error bars indicate ± one standard error. Table 1 Correct-response data, as a function of the number of digits or the number of letters in the stimulus in Exp. 1 and Exp. 2 16 Les erreurs sont essentiellement des effacements (Mathy & Varré, 2013) MATHY The expression “Garba to call attention to the questioned by a model to study memory for se to propose an adequat this more complicated Presenting a limited many advantages whe underlying performanc such material may fac when using lists of sim pect that simple materi ing. The cost of using ticipants can find many items are in the last fe tion of item repetition ing remarkable phenom (Henson, 1998a). Ther effects to be discovered Another remarkable ory (St Clair-Thompso gle, 2007) might be in 0303201019841789 Mémorisation d’items indépendants 0303201019841789 Rappel 0 3 0 3 2 0 1 7+/-2 chiffres Chiffre « magique » de Miller (1956) : Capacité de 7+/- 2 éléments / items /chunks 03032010 19841789 Mémorisation de dates Rappel 03032010 1984 1789 0303201019841789 ... 7+/-2 dates C. La Mémoire à court terme (MCT) 3. Effets de récence Rappel, pour une vue d’ensemble... Baddeley &Warrington (1970) Postman & Phillipps, 1965 Objectif : Etudier le rappel LIBRE en fonction de la position des mots dans la liste, et en fonction de la longueur des listes. Méthode : 3 groupes : Tous les sujets doivent mémoriser une liste d’items - Groupe 1 : liste de 20 items - Groupe 2 : liste de 30 items - Groupe 3 : liste de 40 items Postman & Phillipps, 1965 Résultats : Glanzer et Cunitz , 1966 Objectif : Dissiper l’effet de récence Méthode : 3 groupes : Tous les sujets doivent mémoriser une liste d’items, puis - Groupe 1 : rappel immédiat libre - Groupe 2 : comptent à rebours 10 sec. avant le rappel - Groupe 3 : comptent à rebours 30 sec. avant le rappel 15 15 15 Testez vous : http://tecfaetu.unige.ch/staf/staf-g/ortelli/staf15/projet1/projet/test/test2int/explain.html ((Ce lien est donné sur mon site... il suffit de cliquer)) and systematic effect of spacing and a similar but less clear effect of repetition. The curve for the 1S/P condition appears in both the top and bottom half of the figure. As spacing increases, the probability of recall is raised in all but the last few positions of the curve. The end peak remains unaffected. As condition, but no further systematic change in going from 2P to 3P. Comparison of the curves in the top half of Fig. 1 with those of the bottom half indicates that repetition has little or no effect beyond that of the spacing between new words. The data were analyzed by analysis of Autres facteurs étudiés par les auteurs ... PRESENTATION I O0 SINGLE DOUBLE TRIPLE Chacun des mots est répété 1, 2, ou 3 fois. Pas d’effet... * * • ..............• • . . . . I // .75 '~! t .~... v, 50 .. .." :;: .:: \. ,: ', .25 v FO t~ W O O O0 l l l l i l l l l l l l l l l l l l l l Z O Chacun des mots est espacé de 1, 2, ou 3 secondes. Effet positif de l’espacement... mais seulement en MLT. SPACING a: o 0.. o I .00 ft. SINGLE - DOUBLE - .............. TRIPLE ~------~ / .75 , / ',:)\ :'1 .50 .--, ",....~,,"-,,/ ........ ~-," ....o." .25 .00 .,, I I I I I 5 I I I I I I0 I I l I I 15 I I I I I 20 POSITION ]FIG. 1. Serial position curves for single (1S/P), doub!e (2P), and triple (3P) presentation above; for single (1S/P), double (2S), and triple (3S) spacing, below. Each point represents the mean for eight lists and either 40 or 60 Ss. C. La Mémoire à court terme (MCT) 4. Nature du codage 4.1. Codage acoustique Wickelgren (1965) Objectif : Etudier la nature du codage en MCT Méthode : Les auteurs présentent à chaque essai une liste comportant quatre lettres et quatre chiffres dans un ordre aléatoire (ex : 4 N F 9 G 2 7 P) La tâche des sujets est de rappeler la liste dans l’ordre. Les auteurs analysent les erreurs de substitution (i.e., le rappel d’une lettre par une autre). Résultats : => Les substitutions sont essentiellement basées sur des ressemblances acoustiques, par exemple : p/b ; p/3 (NB : en langue anglaise !!) C’est l’effet de similarité phonologique. Conrad (1964) Matrice de confusion observée en audition : Les lettres présentées son C, M, F. C M F B 171 11 2 P 350 31 11 T 232 12 14 (NB : en langue anglaise !!) S 18 23 488 N 21 512 32 X 6 2 245 Kintsch et Buschke (1969) Objectif : Etudier la nature du codage en MCT Méthode : Les auteurs donnent une liste de mots que les sujets doivent mémoriser. La tâche des sujets est de rappeler quel mot dans la liste succède un mot énoncé par l’expérimentateur (procédure similaire à celle de Waugh et Norman, 1965). Le mot énoncé est parfois en début de liste, parfois en fin de liste Les auteurs analysent les confusions dans le rappel d’un mot par un autre. Résultats : En début de liste les confusions sont essentiellement sémantiques (lac/étang) En fin de liste les confusions sont essentiellement phonologiques (lac/fac) Ces résultats pointent vers une différence de nature de codage entre MLT (plutôt sémantique) et MCT (plutôt acoustique). Effet lié à la longueur des mots (Baddeley, Thomson & Buchanan, 1975) Plus une liste contient des mots longs à prononcer, moins l’empan est élevé. Cet effet disparaît en situation de suppression articulatoire, car dans ce cas, l’encodage se fait visuellement. Effet de la vitesse du langage (Naveh-Benjamin & Ayres, 1986). Plus la vitesse d’élocution d’une langue est rapide pour les chiffres, plus l’empan de chiffres est élevé. Conclusion : la durée de la boucle phonologique (~ 2 sec) est plus importante que la capacité absolue en nombre d’items. C. La Mémoire à court terme (MCT) 4. Nature du codage 4. 2. Codage visuel Tâche paradigmatique : Blocks de Corsi Brandimonte, Hitch & Bishop (1992) Objectif : Montrer l’existence d’un codage visuel en MCT, susceptible d’interférer avec le codage acoustique. Méthode : A chaque essai les auteurs présentent une image que les sujets doivent mémoriser. Après cette phase de mémorisation, les auteurs présentent un élément de l’image, que les participants doivent soustraire ‘mentalement’ à l’image. Image originale Elément à soustraire Image résultant de la soustraction Brandimonte, Hitch & Bishop (1992) Méthode : Deux groupes : -Un groupe passe l’expérience comme présentée précédemment - Un groupe répète à haute voix « lalalala… » pendant la mémorisation => afin de prévenir une représentation acoustique de l’image (méthode de suppression articulatoire). Brandimonte, Hitch & Bishop (1992) Résultats : Le groupe qui a répété « lalalala » pendant la mémorisation présente de meilleures performances (3.8 images /7) que le groupe contrôle (2.7 images /7) Ce résultat est maintenant interprété dans le cadre de l’ombrage verbal (Schooler et Engstler-Schooler 1990) : le codage verbal peut interférer avec le codage visuel (pas dans le sens d’un enrichissement, mais dans le sens d’une perturbation). NE pas apprendre tout Ça !!! Résultats de la neuroimagerie (résumés dans Jonides, 2008) : MCT verbale : cortex frontal inférieur gauche et cortex pariétal gauche MCT spatiale : cortex dorso-frontal droit postérieur et pariétal droit MCT visuelle : frontal inférieur gauche, pariétal gauche, et temporal inférieur gauche. En bref... les localisations cérébrales diffèrent en fonction du codage de l’information. C. La Mémoire à court terme (MCT) 5. Distinction avec la mémoire de travail (MT) Additionner par exemple 324 à 468 implique des processus conjoints de stockage et de manipulation de l’information. Le stockage est de nature périphérique/sensorielle, et la manipulation est de nature centrale/attentinonnelle. L’exécuteur central permet ici de planifier l’exécution des opérations (3 + 4, 2 + 6 et 8 + 4), d’aligner les sousrésultats 7-8-12, et de prendre en compte la retenue pour obtenir le résultat final 792. La notion de MT modifie la conception simpliste de la MCT. Pour mesurer la MT, on utilise des tâches d’empan complexes, conçues pour solliciter l’exécuteur central. Modèle de la MT de Baddeley et Hitch (1974) Les tâches de MT sont dites complexes lorsqu’elles sont doublées (i.e., traitement + stockage) ... C’est le cas pour l’empan de lecture... Empan de lecture de Daneman et Carpenter (1980) Effet sur la tâche concurrente dans une double tâche (mémorisation de chiffres + raisonnement de type B précède A ? (B < A) Oui ou Non ? Opposition tâches simples, tâches complexes : Autres tâches de MT ... Running span Départ C J W T L H Signal sonore Implique une mise à jour continuelle Autres tâches de MT ... Mise à jour Départ 1 5 8 +1 -1 +2 Rappel 3 6 7 Synthèse de Cowan (2001) : Empan en MT = 4 +/-1 - Daneman et Carpenter (1980), empan de lecture - Sperling (1960), présentations rapides, et Luck et Vogel (1997), détection au changement ... etc... - Multiple Object Tracking (poursuite visuelle) ... Multiple Object Tracking : En résumé... Les tâches de mémoire de travail empêchent le participant de traiter les items à stocker (la présentation est trop rapide par exemple, ou le traitement est dévolu à une tâche annexe/concurrente), ou bien, la manipulation des items en mémoire est tellement difficile qu’elle empêche tout regroupement d’items (e.g., running span, mise à jour). En résumé (suite)... Les tâches d’empan simple de MCT surestiment l’empan car elles laissent une porte ouverte à la MLT. e.g., 19-57-24, 19 est une semi-date, 24 est une suite de chiffres pairs, etc. e.g., MTV-S-R-G C. La Mémoire à court terme (MCT) 5. Aspects développementaux Pascual-Leone (1970) Tâche d’empan simple : 15 ans : 7 13 ans : 6 11 ans : 5 9 ans : 4 7 ans : 3 5 ans : 2 3 ans : 1 Exemple de distribution des réponses à 7 et 9 ans Note. Exp = Expected = Courbe attendue (théorique) ; Obs = Oservé Répercussion des différences inter-individuelles en classe (d’après Gathercole) C. La Mémoire à court terme (MCT) 6. Aspects involutifs Explication générale de Salthouse (1996) : il existe un déclin général de la vitesse mentale chez la personne vieillissante par rapport aux jeunes. Pas si simple d’après Grégoire et Van Der Linden ... Grégoire et Van Der Linden (1997) En haut : empan direct En bas : empan inverse D. La Mémoire à long terme Introduction Test classique, l’apprentissage de listes de paires : Pomme-Bateau Chapeau-Os Bicyclette-Horloge Souris-Arbre Balle-Maison Oreille-couverture Rappel libre : Rappeler des paires Test de rappel indicé : Quel mot complète … Chapeau- ? Bicyclette- ? Oreille- ? Test de reconnaissance : Quelle est la bonne paire ? Pomme-bateau, Pomme-bouteille ? D. La Mémoire à long terme 1. Les courbes (diverses) de l’oubli Ici, L’oubli en MLT est exponentiellement décroissant Rovee-Collier (1999) : Avant 1 an, on remarque plutôt une rétention linéaire en fonction de l’âge ! Avec l’âge, l’oubli peut montrer des plateaux ... Schmidt, Peeck, Paas, and van Breukelen (2000) ou des collines (de rappel) ... Un exemple... le déclin de la mémoire des noms avec l’âge Arguments contre l’idée que la mémoire baisse : 1) les noms sont difficiles à mémoriser; on se remémore mieux par exemple la profession d’une personne que son nom (McWeeny et al, 1997). 2) en général, on ne répète pas le nom lors de la présentaQon 3) l’aSenQon portée au nom est volontairement parQelle car une stratégie mnémonique déconcentre de la conversaQon en cours 4) le temps de latence avant rappel est variable et souvent, il est déjà trop tard (avec l’âge, le risque d’être plus occupé augmente ce temps de latence). 5) il n’est pas certain qu’on trouve à la parQcularité des noms une parfaite uQlité (avec l’expérience) 6) le nombre de personnes rencontrées augmente au cours de la vie. Mnémotechnique : se répéter le nom de suite, peu de temps après, le lendemain, un mois après, etc. (Morris et Fritz, 2003) 2. Encodage en MLT Expérience de Godden & Baddeley (1975) sur l’effet de contexte MLT Contexte d’encodage Contexte de rappel (identique ou différent, par exemple sous l’eau ou sur la plage) Expérience d’Eysenck (1974) sur le niveau de traitement Nate Kornell and Robert A. Bjork Expérience de Kornell et Bjork (2008) sur Spacing and Induction l’aprentissage distribué (vs massé) 80 h of six of the artists reasSpaced the paintings by ed with paintings by d to the massed and mly for each particings consisted of six one painting by each r of the blocks was ent 1b, depending on gned, either all of the Massed ondition or all of the dition. 15-s distractor task, d by 3s from 547; the pleted the distractor ting by one of the 12 ed who they thought computer’s mouse on s of Spaced the artists and 1 e, feedback was proct selection, and the ng an error. four blocks of 12 70 Number of Participants the artist displayed Actual Effectiveness Spaced > Massed 60 Massed = Spaced 50 Massed > Spaced 40 30 20 10 0 Massed > Spaced Massed = Spaced Spaced > Massed Judged Effectiveness Fig. 3. Number of participants (out of 120) who judged massing as more effective than, equally effective as, or less effective than spacing in Ex- D. La Mémoire à long terme 4. La MLT est organisée en sous-systèmes Le langage implique un grand nombre de ces soussystèmes Psychologie Cognitive, d’Alain Lieury Rappel à propos de la capacité de rappel d’objets visuels. Autres distinctions ... Arguments en faveur d’une distinction implicite vs explicite Vieillissement : Les patients atteints de la maladie d’Alzheimer, ont une mémoire implicite conservée (les expérimentations sur le priming/l’amorçage montrent qu’ils parviennent à mémoriser le matériel). Leur difficulté concerne plutôt la formation de nouvelles connaissances explicites. Pathologies acquises : résultat similaire chez les patients amnésiques Pathologies développementales : Le même résultat s’applique aux personnes présentant un retard mental, chez qui l’apprentissage implicite se maintient dans le temps (Detable et Vinter 2004) Arguments en faveur d’une distinction Episodique vs Sémantique Tulving, Hayman et MacDonald (1991) ont étudié un patient nommé K.C. qui montrait une amnésie rétrograde sévère épisodique, mais pas sémantique. K.C. conservait ses connaissances aux jeux des échecs, mais il ne se souvenait d’aucune des parties jouées. Ces connaissances générales relèvent de la mémoire sémantique. En revanche, le souvenir des événements vécus recouvre la mémoire épisodique (Tulving, 1972). La mémoire épisodique (Tulving, 1972, 2001, 2005) se développe à partir de 4 ans et implique le souvenir d’un événement de courte durée, comportant des détails phénoménologiques/sensoriels et le rappel d’un contexte spatio-temporel. ... une notion proche est la mémoire autobiographique (Conway, 2001, 2005), qui se développe vers 4 ans également. Les deux conceptualisations (épisodique/ autobiographique) ne sont pas superposables (Nelson et Fivush, 2004). Par exemple, le délai de rétention est différent (la mémoire autobiographique semble plus permanente, mais elle est plus longue à se constituer, car seuls les événements les plus significatifs vont s’ancrer). Newcombe et al. (2007) distinguent deux périodes précédant le développement de la mémoire autobiographique à partir de 5 ans : - l’amnésie infantile (0-2 ans), quasi totale. - l’amnésie de l’enfance (2-5 ans), marquée par une discontinuité (une mémorisation très faible), par rapport au nombre de souvenirs que les enfants après 5 ans sont capables de retrouver. > 5 ans < 2 ans < 5 ans Note : L’Amnésie infantile est souvent considérée comme reflétant la période précédent 3.5-4 ans. Les âges sont indicatifs ici, à défaut d’être précis. La mémoire épisodique chez l’enfant est reconstructive ... - Les connaissances déterminent la phase d’encodage et le processus de reconstruction du souvenir. La mémoire n’est pas photographique, mais associative. Exemple du souvenir de l’exercice d’évacuation : La mémorisation de l’événement dépend des connaissances générales sur ce type d’événement. Implications directes du caractère reconstructif de la mémoire pour l’enfant témoin: Concernant les témoignages (dans le domaine juridique), on observe une vulnérabilité de la mémoire de l’enfant qui se combine avec une suggestibilité (Ceci & Bruck, 1993). Vulnérabilité et suggestibilité se marient aisément : l’induction de faux souvenir est plus facile lorsque la mémoire est plus fragile (chez lʼenfant en lʼoccurrence). On observe aussi des biais de réponse : par exemple, Goodman et Aman (1990) montrent chez les 3 ans un biais de positivité concernant une question sexuelle lorsqu’ils ne connaissent pas le vocabulaire utilisé dans la question. Les enfants n’ont pas une propension à indiquer qu’une question n’a pas de sens pour eux (Pratt, 1990)... “I put it to you that a response like that in a court of law such as this is inappropriate. Do you agree ?” “Je me dois de vous faire remarquer que la réponse, telle que celle vous me faites, ne sera pas entendu dans une cour de justice telle que celle-ci. Est-ce que vous me comprenez ?” Soit ils répondent positivement, soit ils pensent qu’on leur demande de deviner. Au final, ils n’indiquent que très rarement qu’ils ne savent pas ou qu’ils ne se souviennent pas. Caractère reconstructif de la mémoire chez l’adulte : - Les faux-souvenirs sont fréquents et aisément implémentables (Loftus). Exemple : technique du “Lost in the mall”. Bergman et Roediger (1999) montrent que 16% des participants peuvent se souvenir d’avoir serré la main à Bugs Bunny à Disney Lang (c’est un personnage Warner, donc impossible). Hyman and Pentland (1996) Les distortions sont aussi dues au fait qu’on ne mémorise pas la source de nos pensées (souvenir ou imagination). Bartlett (1932) avait montré à son époque que lorsqu’on raconte une histoire, elle est restituée avec un nivellement (simplification), une valorisation (mise en exergue de détails) et une appropriation (modification de l’histoire en fonction de notre propre culture). Les travaux de Loftus sur les témoins oculaires montrent que les témoins sont vulnérables aux informations postévénementielles (e.g., Loftus et Paler, 1974). D. La Mémoire à long terme 5. La MLT est associative par nature Fluences verbales L’intuition de Quillian, 1969 Modèle de Collins et Quillian, 1969 D’après les résultats ... Animal Respire Oiseau Vole Canari Jaune Activation dans un réseau sémantique ... amorçage et décision lexicale D. La Mémoire à long terme 6. Entraînement et mémoires exceptionnelles Lorsque le volume d’informaQon est trop important, on peut tronçonner, grouper, organiser, chunker l’informaQon. Couramment, on uQlise une mémoire de travail étendue (Ericsson et Kintsch, 1995) pour augmenter notre capacité. CeSe mémoire uQlise les structures présentes en MLT. Exemple de mnémotechnique utilisée par S. F. (empan de 80 chiffres) : chiffres recodés par des temps de course à pied, représentés spatialement et hiérachiquement (Ericsson, Chase et Faloon, 1980). Note. Les chiffres représentés sur les feuilles de l’arbre (3, 4 ou 5) représentent le nombre de chiffres encodés dans un groupe. Par exemple, le premier super groupe comprend 3 groupes de 4 chiffres. 6. Entraînement et mémoires exceptionnelles (suite) Exemple de la mémorisation des experts aux échecs (Chase et Simon, 1973) : leur empan (nombre de pièces recouvrées sur un échiquier) est supérieur uniquement pour les configurations de parties réelles. Champions - Ben Pridmore ...mémorise l’ordre de 52 cartes en 25 secondes : http:// www.youtube.com/watch?v=g_KlsQxf_UE); qq chiffres de championnats : http://www.world-meory-statistics.com/competitor.php? id=189 - Rajan ... Né en 1957. Son empan simple est de 15 chiffres et 13 lettres, donc plus élevé que la moyenne (c’est souvent le cas pour les mnémonistes), ce qui paraît contredire l’idée que seule l’expertise est la cause des mémoires exceptionnelles. Cependant, cette performance est due à quelques stratégies sommaires qu’il utilise spontanément. En scrutant ses performances (notamment les temps de réponse) et en étudiant ses stratégies conscientes, Ericsson et al (2004) notent qu’il utilise des groupements habituels d’environ 4 items. Sa mémoire n’est pas photographique non plus, car elle ne s’applique pas à d’autres types de matériel comme des symboles abstraits pour lesquels sont empan est normal. Record : 31811 décimales du chiffre PI (Ericsson et al, 2004). - Chao Lu ... 67890 décimales du chiffre PI (Hu et Ericsson, 2012). Bizarrement, son empan en MCT est quasi normal, lorsque les chiffres sont présentés à un rythme de 1 chiffre par seconde. Sa méthode .... diapo suivante ... In order to analyze if different story elements could serve as sufficient retrieval cues we will consider a few of the simplest alternatives (illustrated in Fig. 3). If the retrieval cues were the individual 2digit groups (i.e., images) in a list, then the most recently retrieved 2-digit group should be unique to cue the recall of the next 2-digit group and thus iteratively retrieve all of the digits in the list (see Hypothesis 1 in Fig. 3). However, if the same 2-digit group and its associated image occurred several times during the memorization of the list then unique retrieval would be impossible. This problem Fig. 2. An illustration of Chao Lu’s encoding of a list of digits (top line) as 2-digit groups (Step 1) and as words or images (Step 2) and as a story (Step 3). Mnémotechnique courante Méthode des lieux/loci : Connue de Simonides de Ceos (≈-500 av J.-C.). Consiste à associer une histoire à la visualisation de lieux. On dépose le matériel à retenir à différents endroits, et il suffit de reparcourir les lieux visités pour récupérer le matériel. Question : La mémoire exceptionnelle est-elle photographique ou experte ? Exemple de mémoire photographique : The human camera, Stephen Wiltshire (http://www.youtube.com/watch? v=daKbwwtRMLI) Pour d’autres exemples de mémoires exceptionnelles chez les personnes autistes, voir Frith (1996). Synesthètes ... ure 2 (a picture of Subject 5’s toy was printed in Witthoft & Winawer, 2006). The color matches shown in Figure 2 are Witthoft and Winawer (2013) any of the between-subjects matches and 6 indicating that a subject’s cross-session matches were no better correlated than Fig. 2. Letter-color matching data from the 11 subjects. The diagram shows the color selected for each letter, averaged across three trials for each subject. The left-most column indicates the colors of the Fisher-Price refrigerator magnets used by all but 1 of the subjects as children. Subjects’ photos of the magnets are shown on the right. Downloaded from pss.sagepub.com by Fabien Mathy on January 29, 2013 Merci de votre attention et Bonne révision