Développement analytique et global 4
émotionnelle à l'objet perçu). Le développement, pour Werner, amène une différenciation et une
intégration hiérarchique de la perception. Le jeune enfant passerait progressivement d'un état
indifférencié dans lequel il traiterait les stimuli d'une manière globale, holistique, à un état
différencié où l'information serait traitée de manière analytique.
Les auteurs ultérieurs ont réinterprété le développement perceptif dans le contexte d'une
distinction introduite par Garner (1970, 1974) et Lockhead (1966, 1972) qui identifient deux types
de propriétés, les dimensions intégrales et les dimensions séparables et, consécutivement, de
stimuli. Selon Garner (1970, 1974), deux dimensions sont intégrales si l'existence de l'une contraint
l'existence de l'autre. Au contraire, deux dimensions sont séparables si elles peuvent être traitées
indépendamment l'une de l'autre. Les stimuli intégraux sont organisés selon une métrique de type
« euclidienne » contrairement aux stimuli séparables qui sont régis par une métrique de type « city-
block ». Si l’on se place dans une perspective « euclidienne », on ne peut évaluer les dimensions
séparément. La dimension X affecte l’évaluation de la distance sur la dimension Y, et vice-versa.
Par contre, dans le cadre d’une métrique de type « city-block », l’évaluation des distances sur les
dimensions s’effectue indépendamment l’une de l’autre.
Ces auteurs ont montré que certaines dimensions semblent être traitées par l’adulte comme
des totalités. En d’autres termes, la perception de l'adulte traite une seule dimension là où la
physique identifie deux dimensions. Pour reprendre un exemple classique, la brillance et la
saturation d'une couleur sont perçues comme un tout dans lequel on ne peut percevoir chacune des
dimensions indépendamment de l'autre : la couleur est appréhendée d'une manière globale, sans
distinction de ce qui relève de la brillance et de ce qui relève de la saturation. Au contraire, des
propriétés comme la forme et la couleur d’un stimulus sont séparables, dans la mesure où l'on est
capable d'isoler sa couleur quelle qu’en soit la forme (voir Berger, 1992, pour une présentation de
ces travaux et des paradigmes expérimentaux utilisés).
Cette distinction portant sur deux types de propriétés est devenue une composante de l'étude
du développement de la perception. Les enfants, plus particulièrement les plus jeunes (3-4 ans),