LA CROISSANCE DE LA MANDIBULE
I. Introduction
- La mandibule à 1 branche montante et 1 branche horizontale : pas vrai car
implique que le condyle soit à l'origine de la mandibule et soit le moteur de la
croissance ;
- En fait : la mandibule = 2 corpora auxquelles sont annexés :
Des unités d'articulation : les structures condylo-spigiennes ;
Des unités d'insertion coronnoïdienne, angulaire et condylienne (par son col).
II. Morphogenèse
II.1 L'origine
- La cavité buccale est issue d’une série de transformations nécessitées par une
modification du mode alimentaire ;
- La bouche primitive nécessite un appareil branchial et pas une mâchoire du fait de
son type d’alimentation ;
- Puis des éléments de l’appareil branchial vont migrer, se modifier pour permettre
une adaptation au bol alimentaire : ingestion de proie plus volumineuse (mastication) ;
- Parallèlement à l’évolution articulaire, il y a :
o complexification du système dentaire ;
o régression en nombre ;
o délocalisation ;
o fixation dermique passe à système à charnière (syndesmose) ;
o adaptation morphologique à la fonction et l’environnement.
- Les grands stades d'évolution :
o Agnathe Gnathostome : mandibule = cartilage de Meckel du 1er arc ;
o Poissons : articulation ligamentaire entre le cartilage de Meckel et le palato-
carré ;
o Puis évolution : diminution de l'importance du cartilage de Meckel au profit
de l'os dentaire :
Amphibiens : os dentaire très réduit. L’articulation est quadrato-
articulaire ;
Reptiles : os dentaire plus important. L’articulation est quadrato-
articulaire ;
Mammifères : os dentaire très important. L'articulation est squamoso-
dentaire.
- Les condyles apparaissent donc plus tard, en arrière et en dehors de l'os dentaire et le
contact de ces néo-formations avec le temporal fournit l'articulation mammalienne ;
- L'apparition de l'ATM et son évolution traduit l'adaptation de la mâchoire inférieure
des mammifères aux modifications morphologique et fonctionnelle de leur squelette
céphalique avec surtout la posture érigée et l'apparition de la mastication. C’est une
création originale.
II.2 Morphogenèse
- La mandibule procède d’une ossification mixte asynchrone membraneuse puis
enchondrale (membraneux = maquette, enchondrale = zone de tension fonctionnelle).
II.2.1 Morphogenèse corporéale
II.2.1.1 Morphogenèse des corpi
- 5ème semaine IU : fusion antérieure des BMds pour former la partie inférieure du
stomodeum ;
- Un 1er point d'ossification apparaît dans la région du trou mentonnier à l'extérieur du
cartilage de Meckel (disparaît à 6 mois IU) ;
- Puis formation par extension en nappe d'huile d'une lame osseuse externe ;
- Puis formation d'une gouttière autour du paquet vasculo-nerveux ;
- Formation d'os alvéolaire dans la région de la M1 lactéale qui s'étend puis ferme la
gouttière ;
- Les corpi sont donc formés (de la fente mandibulaire à la symphyse).
II.2.1.2 Le pôle mésiale
- Les 2 corpora s'affrontent dans la gion de la symphyse et laisse donc ainsi une
suture membraneuse ;
- Cette suture est très tôt très sollicitée en 3D : traction, pression, cisaillement,
muscles GG, GH, Dig, langue font que cette suture reste ouverte jusqu'à +/- 1.5 ans et
explique la présence de cart. IIr ;
- A la naissance, la suture devient une synfibrose de 2 mm. Il existe :
1 cartilage IIr qui subit une ossification enchondrale pour devenir l'os lingual
de GINISTY ;
des petits îlots cartilagineux (reliquats du cart. de Meckel) : les chondriola
symphysea.
- A 4-12 mois : la synfibrose est plus serrée ;
- Vers 18 mois : il y a synostose.
II.2.1.3 Le pôle distale
- Pour DELAIRE, le rôle du ligament sphéno-mandibulaire y est prépondérant ;
- Pour lui, la réelle croissance postérieure du corpus se fait à partir du bord interne du
foramen mandibulaire et par ce ligament ;
- Il s'incère sur la lingula et l'anti-lingula en bas. Sur l'épine du sphénoïde et la
scissure de GLASER en haut. Il est en relation avec le ligament latéral interne de
l'ATM, le ménisque, le frein méniscal postérieur, le ligament antérieur du marteau. De
plus, c'est l'élément essentiel de l'aponévrose inter-ptérygoïdienne ;
- Pour DELAIRE, il existe une analogie avec le ligament de LATHAM ;
- A la naissance, il est large, dense, très solide. Mise sous tension suite à la propulsion
et à l'abaissement du corpus, il jour un rôle de matrice fonctionnelle dans la croissance
du corpus ;
- Il explique que les corpi peuvent croître sans condyle.
II.2.2 Morphogenèse des unités d'insertion
- Très tôt, l'ébauche corporéale membraneuse est sollicitée par des stimulations
biomécaniques (des contraintes musculaires) : dès la fin du 2ème mois, le fœtus bouge
sa mandibule (déglutition, succion). (Pour CAUHEPE, la déglutition est la fonction la
plus archaïque déclenchée par des structures nerveuses simples et à peine ébauchées) ;
- Des points de chondrification apparaîssent secondairement autour de la maquette
membraneuse : au niveau du condyle : 10-12ème semaine ;
- Dates d'insertion :
Ptérygoïdien latéral : 10ème semaine ;
Ptérygoïdien médiale : 13ème semaine ;
Temporal : 13ème semaine ;
Masséter : 14ème semaine.
- Au niveau de l'angle mandibulaire, la présence d'un cartilage est contestée : à
l'inverse de l'apophyse coronoïdienne le muscle temporal travail en traction, l'angle
mandibulaire reçoit le hamac ptérygo-masséterin qui travail en pression (synergie
d'action).
II.2.3 Morphogenèse du condyle
- C'est une unité mixte d'insertion par son col et d'articulation par sa tête ;
- Il représente un cartilage IIr en forme de cône à pointe inférieure ;
- Ce cartilage s'ossifie et, à la naissance, il ne reste quson extrémité supérieure, une
coiffe condylienne qui devient pour COULY le cart. IIr du périoste ;
- L’articulation est, à ce stade, peu formée. L’interligne articulaire est rectiligne,
s’incurvera pour devenir plus profonde et obtenir sa forme définitive vers 6 ans ;
- DELAIRE : c'est du périoste chondrifié d'où apposition - résorption à son niveau ;
- GASPARD : "ce cartilage répond aux sollicitations du ptérygoïdien latéral certes
mais le condyle est une apophyse d'insertion musculaire ayant acquis secondairement
un rôle articulaire" ;
- Le condyle est composé de l'extérieur vers l'intérieur :
D'une coiffe fibreuse ;
D'une couche préchondroblastique ;
D'une matrice cartilagineuse ;
D'une couche de chondroblastes ;
De travées osseuses.
- Sous l'effet des fonctions, des tensions, des contractions, transmises au ménisque
et à la coiffe conjonctive, elles provoquent une réponse mitotique des
préchondroblastes et une ossification marginale de rattrapage ;
- Pour COULY, son fonctionnement est égal à celui d'une suture membraneuse. La
croissance de l'ATM à la croissance d'une suture membraneuse mobile
fonctionnant comme une pseudarthrose physiologique ;
- Pour MOSS et SARNAT, pas un centre de croissance ;
- A partir de 2 ans, le cartilage a pratiquement disparu et le condyle ne s'accroît que
pour garder le contact. C'est donc une croissance adaptative réglée par des
phénomènes épigénétiques dont les plus importants sont les phénomènes posturaux ;
- PETROVIC : modèle cybernétique avec comme régulateur :
Hormone somatotrope ;
Ptérygoïdien latéral ;
L'occlusion ;
La sensorialité linguale et labiale ;
Le frein ménisco-temporal.
- Cependant, on reconnaît au condyle un certain potentiel de croissance primaire :
o Pour SCOTT, WEINMANN et SICHER, BORK : centre de croissance
primaire ;
o DELAIRE : "la nature 2nd adaptative de la croissance du condyle ne lui hôte
cependant pas un certain potentiel de type Ir individuel" ;
o PETROVIC, CHARLIER et STUTZMANN : le condyle a une place
intermédiaire. Il est adaptatif par ces préchondroblastes et possède une action
primaire par ses chondroblastes sous influence hormonale ;
- DIBBETS : il montre qu'un condyle étiré signe un potentiel de croissance diminuée.
II.2.4 Morphogenèse de l’ATM
- l'ATM de l'homme provient de 2 blastèmes différents : l'un condylien, l'autre
temporal.
- Le développement de ce dernier à une semaine de retard par rapport aux blastèmes
condylien. Très tôt, on constate que le blastèmes condylien reçoit, sur sa face
antérieure, l’insertion du muscle ptérygoïdien latéral ;
- Vers la 12ème semaine, il y a une croissance en haut et en arrière du cartilage
secondaire du condyle, qui se rapproche de la région temporale, membraneuse ; il en
reste séparé par un mésenchyme qui va s'organiser en tissu fibreux ;
- A la 13ème semaine, le contact s'établit entre la mandibule, le tissu fibreux, l'os
temporal. La mise en place initiale de l'ATM est terminée. Ce tissu fibreux se fissure
en trois étages :
o une partie supérieure, représentant la partie temporale de l'ATM ;
o une partie inférieure, soudée au condyle, elle recouvre son cartilage
articulaire ;
o une partie moyenne, donnant le disque articulaire, adhérant à la capsule
articulaire ainsi formée.
- d'abord très latéralisée, l'ATM quitte cette situation latéro-squamosale pour se
positionner progressivement sur le bord du temporal ;
- Le développement de l'ATM est tributaire :
o du développement de l'encéphale et de la boîte crânienne ;
o de l'activité fonctionnelle ; d'abord plate, l'ATM est de plus en plus profonde,
pour prendre sa forme sa position définitive vers l'âge de six ans, avec le début
de la seconde dentition.
III. Croissance descriptive
III.1 Croissance globale
III.1.1 Sens transversal
Au niveau de la symphyse jusqu'à la fin de la 1ère année (pas reconnu par tous)
;
Au niveau de la base du crâne jusqu'à 3 ans ;
Par apposition - résorption (surtout due à l'accroissement postérieur divergent).
III.1.2 Sens sagittal
o Surtout par apposition - résorption du ramus qui recule.
III.1.3 Sens vertical
Au niveau de la zone condylo-spigienne ;
Apposition sur le rebord inférieur de la mandibule.
- L'augmentation du ramus éloigne le maxillaire de la mandibule => place pour
l'apposition alvéolaire et les phénomènes de dentition.
III.2 Croissance condylienne
III.2.1 Les mécanismes
- Les phénomènes d'adaptation, les fonctions, etc.… => accroissement dans la zone
condylienne par rattrapage marginal. L'os néo-formé devient l'os du col du condyle
(nécessite un remodelage selon le principe du V de ENLOW).
III.2.2 Les rotations
- BJORK a décrit des schémas de rotations antérieure et postérieure de croissance de
la mandibule ;
- Le trajet +/- curviligne, la direction antérieure, postérieure ou verticale de croissance
du condyle décrit les typologies de croissance faciale.
IV. Mandibule et ODF
IV.1 Mandibule et traitement
1) Sens sagittal : traitement des brachy- rétro- pro- et dolichomandibulie : action sur
l’ATM freine ou active sa croissance ;
2) Sens vertical : du fait de la participation de la mandibule à l’établissement des
dimensions verticales de la face. Direction de croissance (BJORK) est à prendre en
compte + effets parasites ou recherchés des appareillages (TIM, FEO (égression
molaire)).
IV.2 Mandibule et pronostic
1) Evaluation métrique du type facial :
a. Type de croissance de TWEED ;
b. Axe facial de RICKETTS ;
c. Axe Y de BRODIE.
2) Evaluation descriptive du type facial :
a. Classification typologique de BJORK.
- L’évaluation du caractère évolutif de la dysmorphose dans le contexte de
typologie spécifique => pronostic +/- sombre.
IV.3 Croissance tardive de la mandibule
1) par rapport au maxillaire elle se termine plus tard ;
2) selon la typologie (rotation antérieure ou postérieure) => penser à l'hyper-rotation
antérieure ou l'hypo-rotation antérieure ;
3) elle est imprévisible dans son intensité et sa durée => pronostic difficile.
V. Conclusion
- La croissance de la mandibule est complexe parce qu'il existe beaucoup de
phénomènes qui agissent, interagissent sur des régions +/- ciblés ;
- La connaissance des phénomènes de la morphogenèse mandibulaire permet de
comprendre l'évolution des dysmorphoses et les actions mécaniques que l'on peut y
appliquer.
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