Sans évaluation, pas de mesure de l`impact social possible

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16/09/12
S ans év aluation, pas de mesure de l’impact social possible
Publié sur Le Cercle Les Echos (http://lecercle.lesechos.fr)
Sans évaluation, pas de mesure de
l’impact social possible
Il est temps de réfléchir à de nouveaux relais de
croissance, de nouveaux modes de financement de la
société, de nouveaux instruments de mesure qui
prennent en compte la richesse sociale d’une
organisation ou d’un projet.
En matière de services d’intérêt général, l’évaluation n’est pas qu’un vague échange de
promesses entre le mandant et le mandataire, entre un mécène et son bénéficiaire ou entre
une administration et les citoyens ; c’est à la fois une nécessité politique et un impératif
économique et social. Nous sommes en effet positionnés devant un double défi : conjuguer
efficience économique et utilité sociale.
La culture de l’évaluation peut connaître des marges de progression, même si elle a déjà été
fortement développée en France ces dix dernières années, à travers la mise en place de la
révision générale des politiques publiques (RGPP), de la loi organique relative aux lois de
finances LOLF, ou encore du Comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques. En
effet, il faut bien reconnaître que l’évaluation d’un programme social est souvent jugée sur
l’atteinte de ses résultats. Les indicateurs mesurent l’écart entre les objectifs et les résultats
atteints (efficacité) sans aborder les questions de la pertinence, de la cohérence et plus
globalement de l’impact social, environnemental ou économique. Pourtant, cette mesure
n’est pas suffisante. Elle passe sous silence les effets induits de l’action évaluée.
A mesure que la crise économique et la modernisation des services publics accroissent la
tension sur les ressources budgétaires disponibles, la mesure de l’impact d’une politique
sociale – qu’elle soit menée directement par l’autorité publique ou par un opérateur privé, à
but lucratif ou non, à travers une délégation de service public – s’est imposée comme une
garantie de bonne gestion des deniers publics.
On retrouve cette exigence d’efficience chez les mécènes privés. Les fondations, et en
particulier celles qui font appel à la générosité publique, sont soumises à une obligation de
transparence très forte. Le rapport entre résultats atteints et dépenses engagées est pour
ainsi dire naturel et s’inscrit dans les habitudes de gestion des entreprises privées dont de
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16/09/12
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nombreuses fondations sont issues ou dont elles s’inspirent. C’est d’ailleurs ce qui sous-tend
l’initiative pour la « Social Innovation » mise en place par le Président Barack Obama aux
Etats-Unis et qui conjugue aide publique et financement privé.
KPMG, dans sa dernière étude dédiée à l’évaluation, a mesuré la valeur ajoutée économique
et sociale produite par les entreprises adaptées qui contribuent à l'insertion des personnes
en situation de handicap. Nous avons constaté que ces entreprises apportent une valeur
ajoutée économique et sociale qui dépasse largement l’objectif qu’elles se sont donné. Elles
contribuent ainsi nettement non seulement à l’amélioration du rapport au travail et des
conditions d’existence des personnes en situation de handicap, mais aussi à une
modification de l’image que ces personnes ont d’elles-mêmes et du regard que la société
porte sur le handicap. Elles permettent également d’activer des dépenses passives : une
personne handicapée bénéficiaire de l’allocation adulte handicapé (AAH) qui intègre une
entreprise adaptée cesse de percevoir ce mimina social. Elle perçoit un salaire contribuant
ainsi à la richesse économique du pays, par le biais notamment des cotisations sociales et
de sa consommation.
Des indicateurs de mesure de la valeur ajoutée économique et sociale ont été créés à partir
de plusieurs paramètres (l’emploi, la formation, la pérennité au travail, la mobilité et
l’autonomie) pour mesurer le gain social mais aussi l’inclusion des travailleurs handicapés
dans la vie locale.
De ces externalités manifestement positives pour la société, on ne trouve guère de traces
dans les bilans d’activité et dans les indicateurs d’évaluation des dossiers de subvention.
Pourtant, à travers elles, les acteurs de l’économie sociale et solidaire contribuent non
seulement à remplir la mission qui leur a été confiée, mais également à faire avancer notre
société. Il est temps de mesurer et de reconnaître les organisations sans but lucratif qui
produisent des externalités positives, de s’atteler à mesurer le progrès social et à mettre du
contenu sur des chiffres plutôt que des chiffres sur du contenu.
Reconnaître et valoriser leur utilité sociale, c’est bien là l’enjeu de la mesure de l’impact
social.
Bernard Bazillon
URL source: http://lecercle.lesechos.fr/entreprises-marches/management/organisation/221154177/sansevaluation-mesure-impact-social-possible
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