Essais cliniques : donner toutes ses chances au patient

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Essais cliniques : donner toutes ses chances au patient
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Essais cliniques : donner toutes ses chances au
patient
publié le 10/06/2011 - mis à jour le 10/06/2011
Article complet et à jour disponible à l'adresse : http://lecercle.lesechos.fr/economiesociete/recherche-innovation/221135754/essais-cliniques-donner-chances-patient
Par Aimery de Gramont
, chef du service d’Oncologie de l’hôpital Saint-Antoine à Paris, Président Fondateur
de la Fondation A.R.C.A.D – Aide et Recherche en Cancérologi...
320 000* patients sont atteints de cancer chaque année, dont 60 000 cancers
digestifs. Parmi eux, seulement 5% participent à un essai clinique, tandis que la
grande majorité** de ceux à qui une étude est proposée l’acceptent. Il est temps
d’inverser cette tendance.
La recherche clinique en France devient plus difficile, elle est devancée par les USA,
les pays de l’Est, les pays d’Amérique Latine et par l’Allemagne... Ce constat touche
aussi la cancérologie. Médecins, patients et chercheurs, souffrent de l’insuffisance
d’essais cliniques. Pourquoi ceux-ci ne sont-ils pas pratiqués partout ? Pour des
raisons organisationnelles et financières. Il faut considérer en premier lieu la limitation
des critères d’inclusion des malades. Parfois trop stricts, ils excluent de nombreux
patients. Peut-on accepter que près d’un patient sur deux atteint d’un cancer ne soit
pas éligible à un essai portant sur un traitement adjuvant destiné à réduire le risque de
rechute après l’opération du cancer, à cause de critères d’inclusion trop sévères ?
Première conséquence évidente : le rythme d’inclusion dans l’étude reste souvent
insuffisant. Deuxième conséquence : les conclusions de l’étude ne sont peut-être pas
valides pour les patients non éligibles, atteints de la même affection. En outre,
l’organisation des essais, l’évaluation, le contrôle des critères, engagent des coûts
financiers croissants. S’ils peuvent être supportés par un industriel du médicament qui
s’engage dans une nouvelle aire thérapeutique, c’est de plus en plus difficile pour la
recherche académique indépendante. Malgré des efforts importants, illustrés par les «
plans cancers » et le rôle positif de l’Institut National du cancer, les PHRC,
programmes hospitaliers de recherche clinique, ne sont pas suffisamment dotés et ne
fonctionnent qu’à condition que l’hôpital soit promoteur de l’étude. Les groupes de
recherche en cancérologie souffrent de cette organisation trop rigide.
Le cercle vertueux des essais cliniques
Pourtant, les bénéfices de la recherche clinique ne sont plus à démontrer. Ils profitent
aux patients, aux médecins et participent à l’amélioration de la qualité des soins. Le
patient qui entre dans un essai thérapeutique sait qu’il contribue à la recherche et donc
à l’amélioration des traitements. Il sait également qu’il peut potentiellement bénéficier,
au cours de cet essai, du futur traitement de référence de son cancer, plusieurs
années avant que ce protocole ne soit validé et enregistré en tant que tel. Par
exemple, lorsqu’un essai thérapeutique porte sur le traitement adjuvant du cancer du
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côlon, un patient sur deux inclus dans l’essai reçoit le nouveau traitement, celui dont
on pense qu’il peut offrir une meilleure survie. Il faut près d’un an pour mettre en place
un tel essai thérapeutique (parfois beaucoup plus pour le financer), puis deux à trois
ans pour inclure les patients, puis environ trois ans de plus pour en connaître les
résultats. Si la nouvelle thérapeutique a fait ses preuves, elle deviendra accessible à
l’ensemble des patients après encore un délai pour obtenir la reconnaissance et la
prise en charge.
Simplifier pour progresser
Ne faudrait-il pas revaloriser nos groupes de recherche académique, donner toute leur
place aux essais cliniques ? Il semble urgent de rendre la validation des innovations
thérapeutiques plus efficiente. Simplifier les critères, réduire le nombre de patients par
étude, raccourcir la durée des essais sont autant de pistes de réflexion. L’accessibilité
aux essais pourrait ainsi être améliorée, leur coût diminué, leurs résultats rendus utiles
plus rapidement. Chaque année, la fondation A.R.CA.D, Aide et Recherche en
Cancérologie Digestive, que je préside, soutient des programmes de recherche
clinique dans le traitement des cancers digestifs.
Le patient qui participe à un essai clinique n’est pas un « cobaye ». Pour le médecin,
proposer à son patient de participer à un essai thérapeutique, c’est lui offrir le meilleur
traitement possible, avec la surveillance la plus rigoureuse. Au-delà de la
reconnaissance qu’il peut y gagner, le soignant y trouve une réponse à l’enjeu
humain : donner toutes les chances à son patient.
* INCa .
** « La recherche clinique en questions » : guide gratuit à destination des patients
édité par la fondation A.R.CA.D
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