Les entrepreneurs,
porteurs de l’intérêt général
Les deux exemples précédents, celui du commerce équitable et de l’urbanisme commercial,
ont montré que le développement durable est une idée généreuse pouvant être conciliée avec
l’esprit d’entreprise. Certes, les hommes politiques, les intellectuels, les sociologues tentent
de savoir ce qui se passera demain. Mais ce sont souvent les entrepreneurs qui concrètement
fabriquent l’économie et la société futures. Je suis persuadé qu’ils seront les plus en pointe
sur la construction d’un monde plus propre, plus juste et plus protecteur de l’environnement.
Nous en avons la preuve tous les jours. Ils sont à l’origine d’un très grand nombre d’innova-
tions, que ce soit dans le domaine de la santé, des services, de la formation ou des technologies.
Ces derniers temps, l’image des entrepreneurs
a été sérieusement écornée. Un certain nombre
de dirigeants de groupes du CAC 40 s’étant
dotés de parachutes de dizaines de millions
d’euros ont suscité l’indignation de nos conci-
toyens. Il est, à ce propos, impératif de faire
la différence entre les entrepreneurs et les ma-
nagers. Les entrepreneurs créent ou reprennent
une entreprise et la développent. Quand ils
cèdent leur entreprise, il est juste qu’ils engran-
gent une plus value à la hauteur du risque
entrepreneurial qu’ils ont su prendre. Ils méri-
tent un soutien absolu de la part des pouvoirs
publics. En revanche, les managers, qui arrivent
dans une grande entreprise en tant que salarié,
restent quatre ou cinq ans puis, ayant échoué, repartent avec une récompense de plusieurs
dizaines de millions d’euros, ne peuvent bénéficier de la même considération. Ces phénomè-
nes choquent les Français et je partage leur sentiment à cet égard. Néanmoins, si nous devons
porter un regard juste sur les excès du capitalisme, il est aussi juste de reconnaître au capita-
lisme ses vertus en termes de création de richesse, d’innovation et de liberté. Les entrepreneurs
ne sont pas les ennemis de l’intérêt général.
Le pays a souffert durant trop longtemps d’un énorme poids qui a écrasé l’esprit d’entreprise.
Ensemble, nous sommes parvenus à le réveiller.
Actuellement, 230 000 entreprises sont créées chaque année, contre 175 000 il y a 6 ans.
Plus que jamais nous devons mettre les entrepreneurs au coeur d’un projet de société. Il s’agira
de rechercher l’efficacité économique pour notre pays tout en intégrant des critères d’intérêt
général de plus en plus nombreux comme l’éducation, l’équité sociale ou la protection
de l’environnement. 59
Monde fini ou nouvelles frontières... Quel futur pour l’aventure humaine ?