Ces entrepreneurs qui veulent changer le monde VALERIE TALMON - Lesechos.fr • Le 23 juin 2010 Le point commun entre Histoire de Cocottes, Alter Eco, Réseau de Cocagne… ? Une même ambition : bâtir un projet entrepreneurial au service des hommes. Plus qu'une mode, l'entrepreneuriat social investit aujourd'hui le monde économique. Il y a encore quelques années, l'appellation « économie sociale » évoquait une poignée d'associations plus proches du réseau de bénévoles au grand coeur que d'une société cotée. « Depuis, la crise est passée par là ! lance Jean-Marc Borello, créateur du Groupe SOS et président du Mouvement des entrepreneurs sociaux. L'économie sociale représente tout de même 10 % du PIB ! » Ainsi assiste-t-on à l'émergence d'une véritable économie alternative : l'entrepreneuriat social, avec ses « stars » (Mohammad Yunus, chantre du microcrédit et prix Nobel d'économie) et ses belles réussites : Ethiquable ou Alter Eco pour le commerce équitable, Groupe SOS dans la réinsertion, etc. Les entreprises sociales sont des entreprises à finalité sociale ou sociétale et à lucrativité limitée (profits largement réinvestis dans le projet, rémunération limitée du capital, salaires encadrés). L'entreprise et le social ne sont plus antagonistes. Ainsi, Jean-Marc Borello, un des pionniers du genre avec Groupe SOS, se trouve aujourd'hui à la tête d'une entreprise de 3.000 salariés enregistrant une croissance de 25 %. Evolution des mentalités Si les données chiffrées sur l'économie sociale et solidaire sont encore rares, les entreprises n'ont jamais été aussi nombreuses : plus de 200.000 PME, 2 millions de salariés, et une croissance des emplois près de trois fois supérieure à la moyenne du secteur privé sur 20012006, selon le Mouvement des entrepreneurs sociaux. « La crise amène à s'interroger sur les modèles économiques dominants. Le secteur associatif se professionnalise, souligne JeanMarc Borello. En parallèle, des formations spécialisées, à HEC ou à l'Essec, montrent un véritable changement de fond des mentalités. » Mais, pour réussir, pas de place pour les doux rêveurs ! Comme le montre la réussite d'Alter Eco, marque de produits équitables qui a bien failli échouer avant de devenir un énorme succès, les bonnes intentions ne suffisent pas. Ingrédients incontournables La clef de la réussite, c'est avant tout de mixer vision entrepreneuriale et projet solidaire. Convaincre les partenaires (collectivités locales notamment), séduire le public, ne pas renier des partenariats avec des groupes privés sont parmi les ingrédients incontournables. « Les créateurs doivent s'appuyer sur les dispositifs existants, conseille Jean-Marc Borello. Des réseaux comme Ashoka, les Boutiques de Gestion ou Réseau Entreprendre peuvent leur apporter beaucoup. » Les idées porteuses ? « Le potentiel de développement des entreprises sociales est important : sur la consommation responsable (bio, commerce équitable, écoproduits…), les activités d'intérêt général (santé, social, environnement, éducation, culture…), des centaines de milliers d'emplois durables, non délocalisables, d'utilité sociale, pourraient être créés », indique Hugues Sibille, président de l'Avise (Agence de valorisation des initiatives socio-économiques). Signe du dynamisme du secteur : l'économie sociale et solidaire est actuellement en pleine structuration, avec notamment la création de la Commission nationale du commerce équitable (CNCE) ou celle du Mouvement des entrepreneurs sociaux, communauté d'entrepreneurs visant à peser sur les pouvoirs publics. Parmi les travaux devant être présentés au gouvernement cet été, la création d'un label Entreprise sociale. Dernière bonne nouvelle pour les créateurs : les montants investis dans les entreprises sociales ne cessent d'augmenter !