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Lettre ouverte à François Hollande
Monsieur le Président de la République,
Nous, Députés de la Nation, attachés au monde de l’entreprise, sommes très inquiets de
l’avenir économique de notre pays. Si l’ancien Premier ministre Michel Rocard évoque
une « situation terrifiante », c’est que notre économie est indéniablement passée d’un
avis de tempête à un avis d’ouragan. La croissance, que vous avez longtemps surestimée,
a soudain disparu et le rythme des faillites d’entreprises ne cesse de s’accélérer : depuis
votre élection, ce sont plus de 250.000 chômeurs qui se sont ajoutés aux listes d’attentes
d’un Pôle Emploi déjà débordé.
Monsieur le Président de la République, il est encore temps d’éviter le décrochage
définitif de la France. Mais, plutôt que de lancer des débats sociétaux qui divisent les
Français, comme ceux que vous avez initiés sur le mariage homosexuel ou le droit de
vote des étrangers, concentrez votre énergie sur l’emploi, la véritable priorité de nos
concitoyens ! L’heure des vrais choix a sonné. Les Français ne souhaitent pas qu’on leur
raconte des histoires : ils veulent la vérité et attendent des décisions courageuses. Dès
lors, pourquoi ne pas vous inspirer de William J.H Boetcker et de ses célèbres dix
« Cannots »
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? Certains des conseils prodigués, que nous nous permettons de vous
rappeler, pourraient vous être fort utiles :
« Vous ne pouvez pas créer la prospérité en décourageant l’épargne » !
Alors que le financement de notre économie risque de souffrir d’un asséchement sans
précédent de capitaux, vous avez choisi d’alourdir massivement la fiscalité sur l’épargne.
Vous avez par exemple décidé de conserver, malgré de nombreux aménagements, une
taxe sur les plus-values à plus de 60%, alors qu’elle se situe à 0% en Belgique, en Suisse
ou au Luxembourg. Cette mesure, unique au monde, fait de la France la terre la plus
hostile d’Europe aux entrepreneurs, un véritable « enfer fiscal » ! Elle décourage nos
chefs d’entreprise, démotive nos jeunes et fait fuir nos talents. Même Jacques Attali
n’hésite pas à l’assimiler à un « suicide fiscal »… Pour financer son modèle social, le plus
couteux d’Europe, la France doit attirer les talents et les capitaux, pas les faire fuir !
« Vous ne pouvez pas aider le salarié en anéantissant l’employeur ! »
Avec le Rapport Gallois, vous semblez certes avoir compris qu’il ne peut y avoir de
modèle social durable sans modèle économique compétitif. Mais votre « Crédit Impôt
Compétitivité » est malheureusement beaucoup trop complexe pour nos 3 millions de
PME : c’est une nouvelle usine à gaz, un pur produit de l’ingéniosité administrative, qui
ne répond décidemment pas à l’urgence de la situation.
Monsieur le Président de la République, écoutez le cri d’alarme de nos entrepreneurs !
Chaque jour, ces derniers doivent surmonter des obstacles qui nuisent à leur activité et à
la création d’emplois : un labyrinthe kafkaïen de normes, un droit du travail de 3.000
pages, une insécurité juridique et fiscale permanente, des charges parmi les plus élevées
du monde, comme l’a d’ailleurs rappelé le dernier rapport de l’OCDE… Pis, ils font face à
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Traduire par « interdictions » ou « vous ne pouvez pas »
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un climat anti-entrepreneurial inédit, entretenu au plus haut niveau de l’État. Faire du
chef d’entreprise un bouc émissaire, l’accabler d’impôts nouveaux ou s’immiscer dans sa
gestion au nom de la morale, comme vous comptez le faire avec votre loi sur la reprise
des sites rentables, ne peut pas être la politique de la cinquième puissance économique
mondiale. Même si elle est excessive, la récente lettre du PDG américain de Titan, illustre
malheureusement bien l’image dégradée de notre pays. Aux yeux des investisseurs
étrangers, la France est devenue le paradis des syndicalistes et l’enfer des
entrepreneurs.
« Vous ne pouvez pas encourager la fraternité humaine en encourageant la lutte
des classes ! Vous ne pouvez pas aider le pauvre en ruinant le riche » !
Monsieur le Président de la République, ne cherchez plus à plaire à l’aile la plus
extrémiste de votre majorité en montant les Français les uns contre les autres !
Pourquoi s’obstiner à mettre en place une taxe confiscatoire à 75% ? En affirmant,
comme le rapporteur socialiste du Budget Christian Eckert, que « cette taxe est une
amende », il ne faut pas s’étonner que ceux qui ont réussi, désormais considérés comme
des « hors-la-loi », quittent le pays en masse.
En effet, depuis la révocation de l’édit de Nantes, jamais un exode de nos forces vives
n’avait connu une telle ampleur. Les chiffres sont alarmants : le nombre d’exilés fiscaux a
été multiplié par 5, passant de 1000 en moyenne par an à près de 5.000 pour l’année qui
vient ! Ceux qui partent ne veulent pas se faire piller le fruit de leur travail, de leur
risque, de leur créativité. Ils ne supportent plus d’être stigmatisés, méprisés, dénigrés.
Ils vont chercher à l’étranger la considération, la confiance, l’amour qui leur font tant
défaut en France. Notre pays est en train de se vider de son sang entrepreneurial ! Il est
grand temps de stopper l’hémorragie !
« Vous ne pouvez pas éviter les ennuis en dépensant plus que vous gagnez » !
Monsieur le Président, l’État suffoque sous le poids d’une dette abyssale et l’abandon de
votre objectif de ramener le déficit public sous le seuil des 3% du PIB en 2013 n’est pas
près de nous rassurer. Comme l’a rappelé le rapport de la Cour des comptes, agissez sur
les dépenses publiques ! Ces dernières atteignent des records, en s’élevant à 56% du
PIB, soit 10 points de plus qu’en Allemagne pays dont l’ancien chancelier socialiste
Gerhard Schröder vous conseillait d’ailleurs de corriger le tir avant que vos promesses
de campagne ne « finissent par se fracasser sur le mur des réalités économiques ».
Monsieur le Président, vous pouvez encore corriger le tir mais il faut agir, agir vite, car
on n’échappe pas aux responsabilités de demain en cherchant à les éviter aujourd’hui.
Dans votre programme pour l’élection présidentielle, vous déclariez « Le chef de l’État
doit avoir le souci de la promptitude, de la rapidité, de l’urgence », l’urgence est là
monsieur le Président, saurez-vous y faire face ?
Olivier Dassault, Président de Génération Entreprise Entrepreneurs Associés et les
députés membres du groupe.
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