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Art. 3 et 4, Publicité pour les spiritueux et publicité pour les autres boissons
alcooliques
Compte tenu des résultats de la recherche scientifique, qui démontrent l’influence de la
publicité pour l’alcool sur le comportement des consommateurs, traiter différemment les
diverses boissons alcooliques, comme le prévoit le projet de loi, est incompréhensible et
encore moins défendable. Nombreuses sont les études qui prouvent en effet qu’un début
précoce de consommation accroît la probabilité de développer, à l’âge adulte, une
consommation problématique d’alcool
. Une prévention efficace, basée sur les acquis
scientifiques, implique de limiter de manière identique, quelles que soient les boissons
alcooliques, les possibilités d’en faire la publicité.
La réglementation actuelle, qui ne restreint guère la publicité pour la bière et le vin ainsi que
le sponsoring de manifestations sportives et culturelles, a pour effet de permettre que les
jeunes soient constamment confrontés à la publicité pour l’alcool (particulièrement la bière)
au travers de canaux divers (télévision, cinéma, affiches, manifestations sportives, festivals,
journaux gratuits). La publicité pour la bière, notamment, est truffée d’éléments de type
Lifestyle, associant des situations de consommation à des expériences sociales positives,
expériences auxquelles ne peuvent qu’aspirer tant les jeunes que les adultes. L’interdiction
de représenter des consommateurs de moins de 18 ans n’est nullement suffisante, les
jeunes prenant volontiers le monde des adultes pour modèle et adoptant donc aussi leurs
modes de consommation et leur style de vie.
Les prescriptions interdisant la publicité pour la bière et le vin lors de manifestations
auxquelles participent surtout des personnes de moins de 18 ans ne tiennent pas compte de
la situation actuelle. Festivals et manifestations sportives sont très appréciées des jeunes, y
compris des moins de 18 ans. Passe-t-on en revue les sponsors principaux des grands
festivals suisses de musique qu’on constatera que les producteurs de bière y figurent sans
exception au premier rang, recherchant de plus la faveur du public avec des concours divers.
Une protection plus efficace de la jeunesse ne peut dès lors être pratiquée qu’à condition de
passer d’une publicité de type Lifestyle à une publicité objective ayant directement trait au
produit et d’interdire le sponsoring de certaines manifestations par les producteurs d’alcool.
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