préparé! Benadava Salvador rappelle que «les frontières linguistiques et
les frontières culturelles ne sont pas superposables» et qu’ «une chose est
de savoir produire des énoncés hors situation, une autre est de savoir
adapter les énoncés à législation spécifique à telle ou telle société» [3]
selon l’interlocuteur, le lieu de parole, le moment de la parole, le pôle
référentiel et le type de communication.
La difficulté pour l’étranger est de dépister les règles, les
catégorisations mentales, les comprendre et se les approprier, en d’autres
termes, il convient de mettre au jour les implicites culturels qui structurent
telle ou telle société, pour s’intégrer dans cette nouvelle société. Les
documents authentiques sont incontournables puisqu’ils témoignent, d’une
certaine manière de vivre ou de penser. Un témoignage, par exemple,
reflète la vie d’un personnage dans un milieu social donné. Multiplier les
documents permet de ne pas faire de généralités. Tous les agriculteurs
n’ont pas forcément de vaches et tous les militaires n’aiment pas la guerre.
Dans le milieu militaire, il faudrait consacrer plus de temps à la
civilisation et ne pas en faire un prétexte linguistique. Diffuser des
interviews de généraux, de colonels, d’officiers dans différents corps
d’armes, des interventions filmées, pour ensuite discuter avec le professeur
de leurs réactions, des similitudes, des différences qu’ils ont pu observer. Il
faut établir un dialogue constructif qui permette de casser le préjugé ou de
relativiser les faits. Un échange avec un natif qui appartiendrait au même
contexte socioprofessionnel pourrait faciliter une confrontation d’idées ou
de points de vue. L’acquisition d’une culture passe par une médiation.
La comparaison ou l’observation de différents manuels traitant du
même sujet renforcerait l’esprit critique des apprenants et développerait leur
côté objectif. Un exemple pourrait être les conquêtes napoléoniennes. Pour
certains, Napoléon était un héros qui a contribué à la grandeur de la
France, pour d’autres, un homme cruel, assoiffé de conquêtes, et causant
de très nombreuses victimes. Un échange de différents points de vue,
d’interactions pacifiques entre les apprenants conduirait à une
démystification du mythe de Napoléon, et serait beaucoup plus positif que
de vouloir se remémorer par cœur toutes les dates de l’histoire.
En conclusion, la classe de FLE doit être un lieu d’échange où
l’apprenant prend une certaine distance par rapport à ce qu’il est, ce qu’il
pense ou ce qu’il voit, dans le but de relativiser et de dégager l’implicite
culturel. La culture doit faire partie intégrante du processus
d’enseignement/apprentissage, mais il est à regretter que la culture
proposée dans les manuels, soit bien trop souvent abordée sous forme de
choses à faire ou à ne pas faire «C’est une vision normée de la culture qui
est proposée, un règlement qui décrit une conduite exemplaire» [4].