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Résumé
Depuis la désinstitutionalisation dans les milieux psychiatriques, il a été souvent mentionné
qu’une augmentation des admissions dans les milieux carcéraux et de psychiatrie légale
était en cours afin de prendre soin des personnes atteintes de troubles mentaux graves
(TMG). Parallèlement, plusieurs auteurs ont rapporté que les individus ayant des troubles
mentaux sévères sont plus à risque de perpétrer des gestes antisociaux ou de violence. À
l’égard de cette problématique, nous soutenons le modèle de la spécificité clinique. Celui-ci
précise que des profils psychopathologiques particuliers augmentent le risque de violence,
conduisent à différents types de fonctionnement social et articulent la demande de soins.
L’environnement a, de plus, un effet modulateur au niveau du fonctionnement distinctif de
l’individu. Une relation bidirectionnelle se construit entre la spécificité psychopathologique
et l’environnement, plus particulièrement en ce qui a trait aux relations interpersonnelles,
au milieu socioéconomique, au patron d’utilisation des services de psychiatrie et à
l’interaction avec le système de justice qui déterminent subséquemment le type de prise en
charge ou le statut légal du patient. Afin d’appuyer ce modèle, les profils des patients
atteints de TMG en fonction des statuts légaux, du milieu de soins (psychiatrie générale et
psychiatrie légale) et de l’utilisation des mesures d’isolement et de contentions ont été
examinés. Les patients ont été évalués par des mesures sociodémographiques (indicateurs
du fonctionnement social, des relations interpersonnelles et du milieu socioéconomique),
psychodiagnostiques (SCID-I et II) et de la psychopathie. De même, le dossier criminel, les
dossiers médicaux hospitaliers et administratifs (MED-ECHO et RAMQ) ont été observés.
Les devis étaient rétrospectifs. Par ailleurs, au niveau de l’interaction entre les services de
psychiatrie et l’individu atteint d’un TMG, nous avons exploré la perception subjective des
intervenants en santé mentale quant à l’agressivité et la violence. Nous avons considéré
l’impact de cette perception sur la manière d’offrir des soins, plus particulièrement en ce
qui a trait aux mesures coercitives (mesures d’isolement avec ou sans contentions), lors des
hospitalisations. Les cinq études ont appuyé l’idée d’une spécificité clinique tant sur le plan
des profils cliniques des individus que sur la manière d’offrir les services, spécialement au
niveau des mesures de contrôles. Les caractéristiques de la personne et de l’environnement
semblent de ce fait jouer un rôle important dans le type de services que recevra un individu