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UE2 TD Pathologies des tumeurs
Date : 03/11/2016 Plage horaire : 8H30-10H30
Promotion 2016/2017 Enseignant : David Cappellen
Ronéistes :
ETHEVE Chloé
LECLERCQ Clémence
I. Cas 1 : Lésions précancéreuses, cancer débutant et phase d’extension
locale
II. Cas 2 : Phase d’extension générale des cancers
III. Cas 3 : Adénopathie tumorales : prise en charge pathologique et
moléculaire
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1) Cas 1 : Cancérogénèse ORL : lésions précancéreuses, cancer débutant et
phase d’extension
1) 1ère Consultation
- Louis, 58 ans, consulte son dentiste pour soins dentaires
- Antécédents :
- hypertension artérielle traitée
- tabagisme : 45 paquets années (beaucoup)
- consommation d’alcool : 1/ de vin par jour depuis 20 ans (consommation importante)
A) Examen clinique
- Mauvais état dentaire
- Lésions endo-buccales de la muqueuse jugale et du sillon glosso-amygdalien
- Pas de ganglions palpables au niveau cervical
On observe une lésion blanchâtre, opaque, irrégulière étendue en carte géographique, avec un
aspect craquelé. Il n’y a ni région « dure », ni saignement, pas de ganglions palpables
Aspect leucokératose (terme défini plus loin dans le cours)
sion irrégulière étendue, en carte de géographie
Couleur blanchâtre opaline
Pas d’induration ni de saignement
Pas d’adénopathies cervicales
QCM 1 : Quel diagnostique peut-on faire en 1er lieu pour cette lésion ? (choix simple)
- Infection mitotique
- sion précancéreuse
- Métastase
- lésion traumatique
- cancer ORL invasif
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Il s’agit d’une lésion précancéreuse. L’épithélium buccal est de type malpighien non kératinisé, il est
normalement rose et brillant.
Ce type de lésion est donc dénommé Leucokératose : « leuco » évoque la couleur blanche, « kératose »
signifie qu’il y’a un début de métaplasie avec une kératinisation.
Métaplasie épithéliale: lésion de l’épithélium qui aboutit à un remplacement d’un type d’épithélium par un
autre type d’épithélium dont la morphologie est normale. Cela est lié à des irritations chroniques.
Typiquement ce qu’on peut avoir c’est la kératinisation d’un épithélium qui n’est pas kératinisé normalement.
Mais parfois on peut avoir des changements plus importants, comme des changements complets, par exemple
un épithélium malpighien qui apparait à la place d’un épithélium cilié pseudostratifié au niveau de la
muqueuse respiratoire. Au niveau de la muqueuse ORL on a épithélium malpighien non kératinisé qui peut se
kératiniser. Les phénomènes d’inflammations sont vecteurs de ce type d’anomalies et peuvent évoluer en
lésion cancéreuses.
Leucokératose : Lésion épithéliale malpighienne précancéreuse de la muqueuse ORL, favorisée par le
terrain alcool-tabagique
Comment confirmer ce diagnostic ?
B) La biopsie
Rappel: Exemple d’examen:
Type cytologique : on gratte la surface d’un épithélium
Cytoponction : on aspire un liquide (ex : liquide d’ascite)
Lavage bronchiolo-alvéolaire
Cytologie urinaire (ex : ECBU)
Type tissulaire :
exérèse,
biopsie (ex : endoscopie)
Une biopsie muqueuse est réalisée, au niveau des lésions observées et accessibles, pour un examen
anatomocytopathologique. On réalise souvent des examens peu invasifs en premier lieu : il se pourrait
effectivement ici qu’on ait le même type de lésion plus bas dans les voies ORL, mais on ne fera pas de
biopsies à ce niveau.
Le diagnostic anatomopathologique révèle une leucokératose + dysplasie légère (zone jugale et sillon
glosso-amygdalien). NB : Leucokératose : métaplasie ; dysplasie : structure anormale.
Voici une coupe d’un épithélium malpighien non kératinisé normale.
Il est pluristratifié, la couche superficielle possède un aspect pavimenteux,
mais il n’est pas kératini
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Hyperkératose Acanthose
On observe ici des foyers d’acanthose (épaississement du corps muqueux de malpighi). Est également visible
une couche granuleuse, et une lame de cellule desquamante avec un aspect kératinisé
Cependant, on note que l’architecture est conservée, il y’a persistance d’une maturation malpighienne, et
les atypies cytologiques sont inexistantes.
- Hyperkératose : il s’agit d’un processus anormal. Normalement on a des cellules pavimenteuses
superficielles desquamantes, mais il y a un processus de kératinisation.
- Acanthose : épaississement du corps muqueux de malpighi (=couche basale + épineuse + granuleuse)
On est face à une métaplasie : l’épithélium malpighien normalement non kératinisé, le devient.
Voyons de plus près cette biopsie
On observe des désorganisations architecturales des couches basales du revêtement de suface, ainsi que des
anomalies cytologiques : atypies cellulaires et mitoses dans le tiers inférieur du revêtement
Il s’agit donc d’une dysplasie légère
Sur l’image de gauche on a une acanthose : on voit que c’est désorganisé au niveau de la couche basale, on
voit aussi des mitoses au-dessus de la flèche sur l’image de droite car on ne voit plus le noyau de la cellule
(métaphase). Il y a une atypie cellulaire modérée, les autres couches sont relativement respectées.
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QCM 2 : Quelles sont les facteurs de risque de cette lésion pour Louis ?
- hypertension artérielle traitée
- alcool
- tabagisme (45 PA)
- mauvais état dentaire
- autres
Tout est ici facteur de risque hormis l’hypertension artérielle traitée.
1. Le tabagisme, de par sa teneur en goudron (hydrocarbures polycycliques), est évidemment carcinogène.
De plus, le tabac est irritant.
2. L’alcool aura le fabuleux don de causer des inflammations, surtout s’il entre en contact avec une
muqueuse irritée : soit par la chaleur (association café-calva), soit chez ce patient par le tabac. Il s’agit
d’un facteur irritant et pro-inflammatoire. Par ailleurs, il peut cause des soucis hépatiques et ORL.
3. Le mauvais état dentaire augmente le risque: les lésions, ulcérations provoquent des inflammations qui
entrainent des foyers de prolifération cellulaire, en même temps on bombarde sur les cellules des
cancérigènes. Il y a plus de risque que des cellules acquièrent des mutations.
4. L’autre facteur de risque important est l’infection aux papillomavirus oncogènes (HPV 16-18), ces
deniers n’étant pas uniquement réservée à la muqueuse vaginale.
C)Les mécanismes de carcinogénèse liée à une infection par le HPV
pRB est active à l’état normal, elle inactive un facteur de transcription qui est E2F.
Quand le cycle cellulaire est activé : les complexes cyclines-CDK vont venir phosphoryler la protéine RB
(ou encore protéine du rétinoblastome) et la rendre inactive, elle exerce un contrôle négatif sur le cycle
cellulaire.
pRB a 2 rôles :
- piéger le facteur de transcription E2F
- agir sur la chromatine (modification épigénétique) : il réprime l’expression de p16, qui est un inhibiteur
des complexes cyclines-CDK (INK4A ou CDK-N2A).
P16 intervient en fin de cycle afin d’éteindre les complexes cycline-CDK
En situation physiologique, lors du cycle, les complexes cyclines-CDK phosphorylent pRB, qui devient
inactive, on a activation de E2F ce qui favorise l’entrée en phase S du cycle.
N’importe quelle mutation dans ce mécanisme suffit en général à déréguler E2F et p16.
Une mutation, sur une cycline provoquera par exemple son association seule, sans CDK avec pRB. Si une
cycline est amplifiée, il y’aura également liaison à pRB. Si pRB lui-même est muté, alors il y’a passage en
phase S. Si p16 est muté, elle n’assurera plus son rôle d’extinction des cyclines CDK.
Quand il y a une inactivation de pRB : on a une activation du cycle cellulaire via E2F et une surexpression
de p16 = mécanisme de sauvegarde, p16 vient pour contrebalancer et stopper le cycle cellulaire.
En cas d’infection par le HPV oncogène vise 2 gènes suppresseurs de tumeur en même temps, pas au niveau
du gène lui-même mais en interférant avec la fonction de la protéine: l’oncoprotéine virale E6 interfère avec
p53 et E7 interfère avec pRB. E7 va court-circuiter les cyclines-cdk puis va venir complexer pRB. pRB ne
peut plus se lier au facteur de transcription E2F. Ce dernier va déclencher la progression du cycle cellulaire,
ainsi qu’uneplication cellulaire incontrôlée, associée à une surexpression de la protéine p16 dans les
cellules malpighiennes et cancéreuses. .
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