Risque « thérapeutique » et maladies graves Colloque Aquitain de Soins Palliatifs et d’Accompagnement Le 13 octobre 2012, Pau P. Brillaxis, EMSP, C.H Côte Basque 1 Risque « thérapeutique » et maladies graves - Entre le risque thérapeutique d’abréger la vie pour soulager la souffrance, « risque de faire mourir »,… - le droit à la non obstination déraisonnable au risque d’entrainer la mort, « droit à laisser mourir » … - et l’interdit de provoquer délibérément la mort, de 2 « faire mourir »… Risque « thérapeutique » et maladies graves - Risque thérapeutique d’abréger la vie et loi du 22 avril 2005. - Guide de la gestion des risques (HAS- DHOS). 2012. - Risque et soins palliatifs. - Risque lié à la sédation pour détresse. SFAP 2010. - Risque « thérapeutique » d’abréger la vie : Une proposition de grille de lecture en 4 points. 3 Risque thérapeutique d’abréger la vie et loi du 22 avril 2005 Art. 1110-5 du Code de Santé Publique (Art. 2 de la loi « Léonetti ») « Si le médecin constate qu'il ne peut soulager la souffrance d'une personne, en phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable, quelle qu'en soit la cause, qu'en lui appliquant un traitement qui peut avoir pour effet secondaire d'abréger sa vie, il doit en informer le malade, (…), la personne de confiance visée à l'article L. 1111-6, la famille ou, à défaut, un des proches. La procédure suivie est inscrite dans le dossier médical.» 4 Risque thérapeutique d’abréger la vie et loi du 22 avril 2005 Article R4127-37 Modifié par Décret n°2010-107 du 29 janvier 2010 – art 1 Modifié par décret n° 2010-107 du 29 janvier 2010 – art 2 Lorsqu'une limitation ou un arrêt de traitement a été décidé …, le médecin, même si la souffrance du patient ne peut pas être évaluée du fait de son état cérébral, met en œuvre les traitements, notamment antalgiques et sédatifs, permettant d'accompagner la personne selon les principes et dans les conditions énoncés à l'article R. 4127-38 (Le médecin doit accompagner le mourant …assurer par des soins et mesures appropriés …. Il n'a pas le droit de provoquer délibérément la mort. Il veille également à ce que l'entourage du patient soit informé de la situation et reçoive le soutien nécessaire.) 5 Gestion des risques (HAS- DHOS) Arrêté du 6 avril 2011: qualité de la PEC médicamenteuse Avril 2012 : guide de la mise en œuvre de la GDR liés aux soins. Risque : situation non souhaitée ayant des conséquences négatives résultant de la survenue d’un ou plusieurs événements dont l’occurrence est incertaine 6 Gestion des risques (HAS- DHOS) La prise de risque est liée à la recherche d’un bénéfice dans l’activité réalisée. Elle est souvent une condition de la performance. Pour gérer les risques, il importe de tenter de différencier les prises de risques volontaires et involontaires. 7 Gestion des risques (HAS- DHOS) Gravité La protection diminue la gravité Criticité : mesure l’acuité du risque Inacceptable Criticité = Fréquence X Gravité Acceptable Risque incompressible La prévention diminue la probabilité Probabilité 8 du dommage Gestion des risques (HAS- DHOS) Gestion des risques : 5 étapes 1 / L’identification des risques, à priori, à postériori 2 / L’analyse des risques : rechercher les causes et conséquences 3 / La hiérarchisation des risques, quantifier la gravité et la fréquence 4 / L’élaboration et la mise en œuvre des plans d’action 5 / Le suivi et l’évaluation 9 Risque et soins palliatifs Phase curative Objectifs Morbidité des traitements (toxicité, mortalité…) Phase palliative Guérison. Qualité et Augmentation de confort de la durée de vie. vie. Peut être élevée Faible (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie). Phase terminale Soulagement des symptômes pénibles. Risque thérapeutique accepté. Stratégies thérapeutiques selon la phase de la maladie d'après V. BLANCHET 10 Risque lié à la sédation pour détresse en phase terminale Sédation pour détresse en phase terminale et dans des situations spécifiques et complexes : recommandations chez l’adulte et spécificités au domicile et en gériatrie. SFAP, 2010. En phase terminale, dans les situations à risque vital immédiat, la sédation est alors un geste d'urgence pouvant influer sur le moment de la mort (précipiter ou retarder). Le médecin prescripteur assume la responsabilité de cette décision avec la part d'incertitude qu'elle comporte. La sédation se situe dans une dynamique interpersonnelle entre les parties en présence, le sujet malade, son entourage et les soignants, pouvant révéler des conflits de valeurs au sein d'une équipe de soins, car elle concerne des situations frontières, provoquées par la proximité de la mort. 11 Risque lié à la sédation pour détresse en phase terminale Recommandations dans les situations spécifiques et complexes. SFAP 2010. Place de la sédation en phase subaiguë en neuroréanimation. La mise en œuvre d’une décision de LATA concernant la ventilation, l’hémodynamique et la nutrition-hydratation, place alors le patient en phase terminale. S’il existe un signe d’inconfort, on a recours à un traitement symptomatique. Si ce traitement s’avère inefficace, la question de l’indication d’une sédation peut se poser. Toute sédation dans cette phase, présente un risque de «provoquer délibérément la mort du patient». Ce risque est renforcé par l’impossibilité de titrer régulièrement les traitements à visée sédative chez un patient cérébrolésé évoluant vers un EVC ou un EPR. Le patient cérébrolésé est inconscient ou a une conscience extrêmement altérée et n’exprime pas de souffrance explicitement. 12 Risque lié à la sédation pour détresse en phase terminale Recommandations dans les situations spécifiques et complexes. SFAP 2010. Sur le plan éthique et légal, chez un patient en fin de vie suite à une décision de LATA, il y a un fort risque à ce que la sédation soit utilisée pour provoquer délibérément la mort. L’incertitude pour tous sur la durée de l’agonie et sur le moment même du décès atteste que la mort est le résultat d’un processus naturel prévisible dans son issue mais non dans son déroulement, qui reste hors de maîtrise humaine. La mort doit survenir « du fait des choses » et non « du fait de l’homme ». 13 Risque lié à la sédation pour détresse en phase terminale Recommandations chez l’enfant en cas de détresse en soins palliatifs et en phase terminale. SFAP 2010. Si le degré de sédation visé n’a pu être obtenu avec le midazolam, en deuxième intention, il est possible d’ajouter ou de substituer un second médicament sédatif choisi selon le contexte clinique (kétamine, γOH, propofol, thiopental). On peut s'entourer de la compétence d’un médecin référent en soins palliatifs, voire d'un anesthésiste, s'il est nécessaire d'utiliser des médicaments relevant de sa spécialité (propofol, barbiturique injectable). 14 Risque lié à la sédation pour détresse en phase terminale Précisions et commentaires du Comité scientifique de la SFAP à propos des recommandations sur la sédation en soins palliatifs. 2010. Sédation et « double effet » Pour les auteurs, il ne parait pas faire de doute que la sédation puisse avoir pour effet d’abréger la vie « mais uniquement à titre d’effet secondaire ». Chez un patient à l’approche de la mort, qu’une injection de médicament coïncide avec la survenue du décès ne dit rien du « lien de causalité » même si ce lien est ressenti ainsi. Ce lien est suggéré, voire renforcé, par l’émotion engendrée par cette situation. Comme pour toute thérapeutique, il serait souhaitable que la sédation puisse être analysé en terme de balance bénéfice / risque ou de mortalité / morbidité comme elle peut l’être dans d’autres champs de la 15 médecine. Risque « thérapeutique » d’abréger la vie : Proposition de grille de lecture en 4 points. 2 points en rapport avec la situation de la personne malade - la part de risque liée à la maladie Risques - la part de risque liée à la situation de « détresse » « involontaires » 2 points en rapport avec les modalités de réponse à la « détresse » - Le choix de la molécule - Les modalités d’utilisation Risques « volontaires » Risque lié à la maladie EX : SLA Gravité La maladie neurodégénérative responsable d’une atteinte respiratoire fait la gravité La maladie neurodégénérative responsable d’une probabilité importante de décompensation Probabilité 17 du dommage Risque lié au type de « détresse » Gravité On entend par détresse, une situation d’inconfort majeur au cours de laquelle les manifestations cliniques de souffrances (physiques, psychiques ou existentielles) se manifestent de façon très importante et difficilement contrôlable (voire incontrôlable) par les thérapeutiques couramment utilisées. SFAP 2010 Sédation pour douleur rebelle intense Probabilité 18 du dommage Risque lié au type de détresse Gravité Sédation pour détresse respiratoire, quelque soit l’origine Probabilité 19 de dommage Risque lié au choix de la molécule, et aux modalités d’utilisation. Gravité Une molécule « sûre », maniable. Le Midazolam. La recherche de la dose minimale suffisante. la titration. Probabilité 20 de dommage Pour l’analyse des pratiques en fin de vie, le principe de proportionnalité est éclairant, lorsque la recherche du caractère bienveillant ou malveillant est déroutant… Le doute, la confrontation des idées et des disciplines, sont indispensables pour aborder la complexité… Des dilemmes moraux et éthiques, des conflits de valeurs, la recherche de solutions les moins insatisfaisantes… Une ambivalence normale, une ligne de crête parfois étroite entre faire mourir, laisser mourir, risquer de faire mourir… 21 Merci de votre attention 22