La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment JD Guelfi Professeur émérite, Paris Descartes Sce du Professeur F Rouillon CMME 100 rue de la santé 75674 Paris Cedex 14 [email protected] 12/11/2013 1 Conflits d’intérêt Aucun conflit d’intérêt en rapport avec le thème traité n’est signalé. Au cours des trois dernières années j’ai participé à des interventions ponctuelles pour les laboratoires: Astra Zeneca, BMSOtsuka, Boehringer- Ingelheim, Janssen, Lilly, Lundbeck, Pfizer et Servier 12/11/2013 2 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • Rappel Dans le DSM-III les troubles dépressifs figuraient dans un chapitre intitulé: Troubles affectifs, avec les troubles bipolaires. L’opposition endogène- exogène disparaissait et les principales variétés de dépression retenues par les commissions d’experts étaient: l’épisode dépressif majeur, isolé ou récurrent, et la dépression mineure chronique ou dysthymie 12/11/2013 3 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • Rappel Dans le DSM-IV (1994) et le DSM-IVTR (2000), les descriptions des troubles mentaux ne reposaient plus uniquement sur des avis d’experts mais sur des revues générales et sur l’intégration des données cliniques collectées; les diagnostics multiples étaient encouragés, la plupart des hiérarchies diagnostiques supprimées; les révisions de certains critères devaient permettre l’amélioration de la fidélité interjuges des diagnostics 12/11/2013 4 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • La préparation du DSM-5 a commencé en 1999- 2000 sous la direction de D Kupfer et D Regier. Le Research Agenda a été publié en 2002. Des groupes de travail ont été constitués. Des conférences mixtes APANIH (13) ont eu lieu, notamment, pour la dépression, sous la direction de JA Fawcett, en juin 2007 12/11/2013 5 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • La constitution du Mood Disorders Work Group JA Fawcett, E Frank, J Angst (de 2007 à 2008), WH Coryell, LL Davis, RJ Depaulo, Sir David Goldberg, JS Jackson, KS Kendler (de 2007 à 2010), M Maj, HK Manji, (de 2007 à 2008), MR Phillips, TS Suppes et CA Zarate 12/11/2013 6 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • La publication a eu lieu en 2010 Goldberg D, Kendler KS, Sirovatka PJ, Regier DA eds Diagnostic Issues in Depression and Generalized Anxiety Disorder. Refining the Research Agenda for DSM-V, Arlington, American Psychiatric Association, 2010 • C’est en février 2010 que les premières recommandations des groupes de travail ont été mises sur internet 12/11/2013 7 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • Après diverses modifications, les dernières décisions ont été prises et votées fin 2012 • Le nouveau manuel a été publié en mai 2013 • La structure en est modifiée: section I: les bases; section II: les critères, codes et diagnostics, comprend 20 chapitres principaux • Suppression de l’évaluation multiaxiale • La section III est nouvelle: Emerging Measures and Models donne beaucoup d’importance aux évaluations psychométriques, aux formulations culturelles, à un modèle hybride mixte pour la personnalité 12/11/2013 8 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • Enfin, un certain nombre d’états nécessitant des études supplémentaires sont proposés Parmi eux: - Depressive Episodes With Short Duration Hypomania - Persistent Complex Bereavement Disorder - Suicidal Behavior Disorder - Non suicidal Self Injury 12/11/2013 9 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • Dans la section II, au chapitre les Troubles dépressifs - Trouble disruptif avec dysrégulation de l’humeur - Trouble dépressif caractérisé - Trouble dépressif persistant - Trouble dysphorique prémenstruel - Trouble dépressif induit par un médicament - Trouble dépressif dû à une autre affection médicale - Autre trouble dépressif spécifié - Trouble dépressif non spécifié 12/11/2013 10 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • Critères du Trouble disruptif avec dysrégulation de l’humeur A Accès de colère récurrents sévères qui se manifestent sur le plan verbal et/ou comportemental (p.ex. agressions physiques de personnes ou d’objets) grossièrement hors de proportion en intensité et en durée avec la situation ou ce qui l’a provoquée B La réponse ne correspond pas au stade du développement C Les accès de colère surviennent en moyenne trois fois par semaine ou plus 12/11/2013 11 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • D L’humeur entre les accès de colère est irritable de façon persistante ou en colère la plupart du temps, presque tous les jours, perceptible par les autres (p ex parents, professeurs, copains) E Les critères A- D ont été présents depuis au moins 12 mois. Tout au long de cette période, la personne n’a jamais été sans les symptômes de A à D durant plus de trois mois consécutifs 12/11/2013 12 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • F Les critères A à D se manifestent au moins dans deux situations (à la maison, à l’école ou en compagnie des copains) et ont une intensité sévère dans au moins une de ces situations G Le diagnostic ne doit pas être fait initialement avant l’âge de six ans ou après l’âge de 18 ans H D’après les antécédents ou l’observation les manifestations débutent avant l’âge de dix ans 12/11/2013 13 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • I Il n’y a jamais eu de période durant plus d’un jour durant laquelle l’ensemble des critères d’ un épisode maniaque ou hypomaniaque ont été réunis (à l’exception de la durée) J Les comportements ne surviennent pas exclusivement au cours de l’évolution d’un épisode dépressif caractérisé et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (p ex un trouble du spectre autistique, un état de stress posttraumatique, une anxiété de séparation ou un trouble dépressif persistant (dysthymie) NB Ce diagnostic ne peut pas être porté 12/11/2013 14 conjointement… La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • Dans l’épisode dépressif caractérisé, Suppression du critère E qui interdisait de porter un diagnostic d’épisode dépressif caractérisé en cas de deuil, qui laissait entendre que le deuil ne durait pas habituellement plus de deux mois. En réalité, le deuil peut précipiter un épisode dépressif caractérisé chez des sujets vulnérables et les symptômes associés à une dépression dans un tel contexte répondent aux mêmes traitements psychosociaux et médicamenteux… Controverse+++ 12/11/2013 15 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • Les spécifications des épisodes Dépressifs - avec détresse anxieuse - avec c. mixtes - avec c. mélancoliques - avec c. psychotIques congruentes à l’humeur - avec c. psychotIques non congruentes à l’humeur - avec catatonie - avec début dans le péripartum (50%des épisodes du post-partum débutent en réalité avant l’accouchement) 12/11/2013 16 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • Le trouble dépressif persistant Intègre deux diagnostics du DSM-IV: la dépression majeure (caractérisée) chronique et le trouble dysthymique A Humeur dépressive présente pratiquement toute la journée, plus d’un jour sur deux pendant au moins deux ans, signalée par le sujet ou observée par les autres 12/11/2013 17 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • Le trouble dépressif persistant B Quand le sujet est déprimé il présente au moins deux des symptômes suivants: (1) perte d’appétit ou hyperphagie (2) insomnie ou hypersomnie (3) baisse d’énergie ou fatigue (4) faible estime de soi (5) difficultés de concentration ou difficultés à prendre des décisions 12/11/2013 (6) sentiments de perte d’espoir 18 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • Le trouble dépressif persistant C Au cours de la période de deux ans (un an pour les adolescents) de perturbation thymique, le sujet n’a jamais eu de période de plus de deux mois consécutifs sans présenter les symptômes des critères A et B 12/11/2013 19 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • Le trouble dysphorique prémenstruel A Au cours de la plupart des cycles menstruels, au moins 5 des symptômes suivants ont été présents lors de la dernière semaine avant le début des règles; ils ont commencé à s’améliorer au cours des premiers jours après le début des règles et ils deviennent minimes voire absents dans la première semaine après les règles 12/11/2013 20 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • Le trouble dysphorique prémenstruel B Un (ou plus) des symptômes suivants doit être présent - labilité émotionnelle marquée - colère ou irritabilité marquée ou augmentation des conflits interpersonnels - humeur dépressive marquée, sentiments de désespoir ou autodépréciation - anxiété marquée, tension, impression d’être noué ou tendu 12/11/2013 21 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • Le trouble dysphorique prémenstruel C Un ou plus des symptômes suivants doit de plus être présent pour atteindre un total de 5 symptômes en tout (avec les critères B ci-dessus) - diminution de l’intérêt pour les activités habituelles - difficultés subjectives à se concentrer - léthargie, fatigabilité excessive ou perte d’énergie marquée 12/11/2013 22 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • Le trouble dysphorique prémenstruel C suite - symptômes physiques tels que tension ou gonflement des seins, douleurs articulaires ou musculaires, impression d’«enfler» ou prise de poids NB Les symptômes des critères A à C doivent avoir été présents dans la plupart des cycles menstruels de l’année écoulée 12/11/2013 23 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • Le trouble dysphorique prémenstruel D Les symptômes s’accompagnent de détresse cliniquement significative ou interfèrent avec le travail, l’activité scolaire, les activités sociales habituelles ou les relations avec les autres (p ex évitement des relations sociales, diminution de la productivité ou de l’efficacité au travail, à l’école ou à la maison) E La perturbation ne correspond pas seulement à l’exacerbation des symptômes d’un autre trouble comme un trouble dépressif caractérisé, un trouble panique, un trouble dépressif persistant (dysthymie) 12/11/2013 ou un trouble de la personnalité (bien qu’elle puisse24 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment • Le trouble dysphorique prémenstruel F Le critère A doit être confirmé par des évaluations prospectives quotidiennes pendant au moins deux cycles symptomatiques (NB Avant cette confirmation le diagnostic peut être porté à titre provisoire) G Les symptômes ne sont pas attribuables aux effets physiologiques d’une substance (p ex une substance donnant lieu à abus, un médicament, un autre traitement) ou à une autre affection médicale (p ex une hyperparathyroïdie) 12/11/2013 25 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment Les instruments d’évaluation psychométrique représentent une dernière nouveauté - level 1 cross-cutting symptom measures 23 questions explorant 13 domaines dont la dépression, la manie et les idées de suicide au cours des deux dernières semaines - level 2 cross- cutting symptom measures level 2 Depression PROMIS emotional distress-depression Short Form: 8 questions, 5 points, les 7 derniers jours 12/11/2013 26 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Ce qui change vraiment Les instruments d’évaluation psychométrique représentent une dernière nouveauté Suite Evaluation de la sévérité du trouble par le Patient Health Questionnaire-9 (PHQ-9) Autoévaluation, 9 questions cotées de 0 à 3, les 7 derniers jours Dépression absente, légère, moyenne, moyennement sévère et sévère 12/11/2013 27 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Conclusion Absence de révolution à l’exception de la disparition de l’évaluation multiaxiale Plusieurs améliorations de détail Plusieurs nouveautés vont avoir des conséquences majeures dans les études, notamment l’ importance nouvelle accordée à l’évaluation psychométrique 12/11/2013 28 La nouvelle dépression dans le DSM-5. Conclusion MAIS Le DSM-5- et cela est une réelle nouveauté- représente une renonciation partielle à certains principes généraux du DSM- III, comme le fait de privilégier systématiquement la fidélité interjuges des critères diagnostiques (cf le coefficient kappa de 0.28 de l’ EDM!) ou le fait de n’accepter dans la nouvelle classification que des nouveautés qui ont fait la preuve de leur supériorité par 12/11/2013 29 rapport à l’existant En accès gratuit sur internet • Plusieurs dizaines d’outils psychométriques, souvent des évaluations globales courtes, mais aussi l’échelle de l’OMS WHODAS 2.0 et le PID de R Krueger • http://www.dsm5.org/Pages/ Feedback-Form.aspx. 12/11/2013 30