Aux Urgences du CHSF, les gardes sont partagés en trois postes différents. Deux internes pour les modules 1 et 2,
dédiés aux urgences médicales, et un interne pour le module 3, dédié aux urgences traumatologiques ainsi qu’aux
appels dans les étages.
Cette nuit, j'étais donc de garde au module 3. Vers 23H, je reçois un appel de pneumologie pour détresse
respiratoire aigüe. Premier appel pour une urgence réelle a priori, à gérer seule….
Je me rends alors dans le service pour évaluer l'état de la patiente. L'équipe de nuit appartenant au pool, ne la
connaissait pas. Le stress monte... L'infirmière me transmet alors ce qu'elle a comme information pendant qu'une
autre va me chercher le dossier médical de la patiente:
Mme B. , 92 ans, hospitalisée pour une pneumopathie hypoxémiante mise sous antibiotique et oxygénothérapie,
dyspnée évoluant depuis environ 15 min, sans désaturation sous 4l d'O2, TA 200/100 alors que les tensions
habituelles sont plutôt bien contrôlés autours de 14/6, 15/7, Tachycarde à 110 et apyrexique.
A l'examen clinique:
La patiente est très angoissée mais consciente et bien orientée, FR à 28, Signes de lutte avec tirage sus claviculaire et
balancement thoraco-abdominal, pas de signe d'hypercapnie en particulier pas de sueurs. L'auscultation
pulmonaire retrouve seulement un foyer en base droite, pas de signe clinique de décompensation cardiaque, pas
d'argument pour un OAP cardiogénique, les mollets sont souples et indolores et la patiente est anti coagulée
préventivement donc pas d'argument pour une EP. Le reste de l'examen est sans particularité.
Je prescris un cp de LOXEN 20mg PO pour le contrôle tensionnel, l'oxygène est laissée à 4L en absence de
désaturation. Je demande des gaz du sang et un ECG qui sont tous les deux normaux.
Je profite d'un instant pour consulter le dossier médical et me rend compte que la patiente à fait un épisode
similaire la nuit précédente avec TA 210/110 et détresse respiratoire, d'évolution favorable sous LOXEN.
Je cherche alors un antécédent connu d'HTA que je retrouve mais aucun traitement médicamenteux.
Je demande alors à la patiente qui me précise effectivement prendre un traitement pour la tension à la maison mais
que depuis son hospitalisation elle ne prend plus rien, (ce qui l’inquiétait depuis quelques jours)…et ce malgré
l'épisode de la veille.
L'évolution est favorable avec régression complète des signes cliniques en 20 à 30 min, dès le contrôle tensionnel.
La patiente reste angoissée devant les poussées hypertensives et le risque de récidive l'inquiète
particulièrement.