«pour chaque patient, pour chaque acte et même pour un rhume bénin il faudrait remplir un
formulaire très exhaustif. Les médecins de ville peuvent peut-être se le permettre, mais en
campagne, dans des déserts médicaux où nous voyons une quarantaine de patients par jour,
c'est simplement impossible à tenir.» Certains des logiciels utilisés par les médecins sont
désormais compatibles avec le recueil des données DMP, mais tous ne le sont pas. Remplir ce
DMP peut signifier plus de temps sur l'ordinateur, moins de temps à la consultation.
Plus de dossiers créés dans les hôpitaux
De fait, les créations de dossier se font à 70% dans les établissements de santé: hôpitaux,
maisons de retraite, cliniques, etc. Le CHU d'Amiens, à lui seul, totalise près de 4800 créations
de DMP depuis leur intégration dans le dispositif, en mai dernier. Presque 1000 dossiers par
mois.
C'est que dans ces établissements, le dossier se voit proposer dès l'accueil du patient, par le
personnel administratif. De meilleures conditions pour expliquer et convaincre du bien-fondé
de ce partage de données intimes, et plus de personnel pour mettre à jour les données.
Pour le moment, seuls 350 professionnels libéraux picards participent à l'opération. Les
chiffres fournis par CGS e-santé, le groupement de coopération sanitaire spécialisé en
télémédecine, qui gère localement l'expansion du dispositif, ne sont pas très
convaincants. Mais l'organisme ambitionne d'en atteindre plus et se voit actuellement dans
une phase de «montée en puissance.»
Vers un changement de stratégie?
Si les médecins sont réticents à utiliser ce fichier supplémentaire et facultatif, l'Agence
régionale de santé et le groupement porteur du projet ont décidé de parier sur une meilleure
information des patients.
C'est l'objectif de la réunion d'information qui se tient mardi 4 septembre à 18h à l'espace
Dewailly, à Amiens. Elle réunira médecins et membres de l'Agence régionale de la santé,
porteurs du projet DMP.
Après Saint-Quentin et Nogent-sur-Oise, c'est la troisième réunion publique de ce genre en
Picardie. et, là aussi, l'ARS de Picardie et CGS e-santé sont à la pointe : en France, les ARS ont
organisé peu de ces colloques publics. L'avantage de cette réunion pourrait être double: si les
médecins sont difficiles à inciter, autant convaincre directement les patients. Ils inciteront,
peut-être, les médecins à s'équiper. D'ailleurs, CGS e-santé a un autre projet sous le coude:
des bornes automates pour la création de dossiers. Trois devraient être posées dès la mi-
octobre dans trois sites picards, dont la clinique Victor Pauchet.