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de systèmes informatiques effectuant directement la mesure
du gradient moyen, ce qui facilite la tâche de l’opérateur.
Il peut être intéressant d’utiliser un cathéter unique que l’on
ramène graduellement du ventricule gauche jusque dans
l’aorte, mais seulement si le patient est en rythme sinusal et a
une fréquence cardiaque régulière. Les patients atteints d’un
rétrécissement aortique serré peuvent présenter le phénomène
décrit par Carabello, qui traduit le fait que, par son seul
positionnement à l’intérieur de la valve, le cathéter contribue à
aggraver l’obstacle à l’éjection.13 Ce phénomène est observé
lorsque l’aire de l’orifice valvulaire est inférieure à 0,7 cm2 et
qu’un cathéter de calibre 7F ou 8F est utilisé pour franchir la
valve. On ne doit jamais utiliser les mesures simultanées de
la pression ventriculaire gauche et fémorale, car cela peut
conduire à surestimer le gradient transvalvulaire aortique en
cas de sténose d’un gros vaisseau ou à le sous-estimer du
fait de l’amplification périphérique des pressions distales
(Figure 3A). Certains opérateurs utilisent des cathéters queue
de cochon à double lumière, mais il convient d’effectuer un
rinçage continu du segment à lumière de faible calibre placé
dans l’aorte ascendante pour prévenir un phénomène
d’« amortissement » qui ferait apparaître le gradient plus élevé
qu’il ne l’est en réalité. Un temps essentiel de l’évaluation des
gradients consiste à vérifier la parfaite concordance des deux
pressions mesurées au niveau de la portion proximale de
l’aorte (en utilisant deux cathéters séparés ou un seul cathéter
doté d’une double lumière) avant d’entrer dans le ventricule
gauche. Les pressions s’exerçant à l’intérieur des deux
lumières et, donc, enregistrées doivent normalement être
identiques pour que les deux sondes et les dispositifs
d’enregistrement puissent être considérés comme correcte-
ment positionnés. Se dispenser de cette vérification peut
fausser la mesure du gradient de pression du fait d’une erreur
d’enregistrement. L’approche idéale consiste à mesurer
la pression intra-aortique au moyen d’un cathéter à orifices
latéraux pour éviter tout phénomène d’amortissement
(Figure 3B).
L’analyse visuelle des profils de pression ventriculaire
gauche et aortique pendant le cathétérisme apporte de
précieuses informations sur le type d’obstruction présent chez
le patient (Figure 4). Dans le cas d’une obstruction valvulaire
fixe, l’ascension de l’onde de pression aortique est à la
fois minorée (parvus) et différée (tardus) car elle débute à
l’ouverture de la valve aortique. En revanche, dans un
contexte d’obstacle dynamique à l’éjection ventriculaire
gauche (comme cela s’observe dans la cardiomyopathie
hypertrophique), l’onde aortique revêt un aspect en pic et
dôme avec présence d’une phase initiale d’ascension rapide.
L’onde de pression ventriculaire gauche présente, en outre, un
pic tardif qui est la conséquence du caractère dynamique de
cette obstruction. La réponse de la pression aortique pulsée
après une longue pause a souvent une valeur diagnostique, car
elle permet de faire la distinction entre un obstacle à l’éjection
ventriculaire gauche de type fixe et une obstruction
dynamique en faisant apparaître le signe de Braunwald-
Brockenborough (Figure 5). Outre le fait qu’ils confirment
que le siège de l’obstruction est bien celui défini par l’imagerie
non invasive, ces éléments peuvent également permettre
d’identifier des gradients dynamiques latents qui étaient
peut-être inapparents lorsque l’échocardiographie avait été
pratiquée.
L’aire valvulaire aortique doit alors être calculée à partir de
mesures soigneuses du gradient moyen et du débit cardiaque,
comme cela a été précédemment indiqué. Bien que, dans les
salles de cathétérisme modernes, ce calcul soit effectué
automatiquement par des outils informatiques, il appartient
néanmoins à l’opérateur de procéder par lui-même à une
vérification sommaire de l’exactitude des données entrées
dans l’ordinateur. L’équation de Hakki (aire valvulaire
obtenue en divisant le débit cardiaque par la racine carrée du
gradient) peut être utilisée pour contrôler que l’équation de
Gorlin, plus complexe, a été appliquée à partir de données
correctes.
Il est toujours nécessaire de confronter la sévérité de la
valvulopathie telle qu’estimée à partir de la valeur du gradient
moyen à celle définie sur la base de l’aire valvulaire calculée
lors du cathétérisme cardiaque. Il existe un sous-groupe
de patients chez lesquels l’importance du gradient n’est pas
proportionnelle à la sévérité du rétrécissement tel qu’il ressort
du calcul de l’aire valvulaire, ce qui impose la mise en œuvre
d’explorations complémentaires. Chez certains sujets, il y a
coexistence d’un bas gradient (inférieur à 30 mmHg) et d’un
faible débit, de sorte que l’aire valvulaire calculée est de petite
taille. S’il existe une dysfonction ventriculaire gauche sévère,
une épreuve de provocation par la dobutamine doit être
pratiquée pour établir si cette aire valvulaire réduite est
réellement la conséquence d’un rétrécissement aortique serré
ou si elle est due à un pseudo-rétrécissement aortique,
situation qui découle du fait que, en raison de l’altération
myocardique, le ventricule gauche ne possède plus la force
suffisante pour ouvrir complètement la valve bien qu’elle
ne présente qu’un rétrécissement de degré léger à modéré
(Figure 6).14,15 En outre, l’existence d’une réserve inotrope,
établie sur la constatation d’une augmentation du débit
systolique excédant 20 % lors de l’épreuve de provocation
par la dobutamine, constitue un important élément de
stratification du risque opératoire.14,15 Bien qu’une telle
provocation par la dobutamine puisse être pratiquée en salle
d’échocardiographie, il peut également être intéressant de la
réaliser en salle de cathétérisme, où il est de règle d’analyser
l’anatomie coronaire, cela afin de déterminer si l’insuffisance
de réserve inotrope peut avoir une origine ischémique. Chez
les patients exposés à un haut risque d’accident coronaire
grave, il y a lieu d’effectuer une coronarographie coronaire
avant d’entreprendre la perfusion de dobutamine. Par
ailleurs, il est de plus en plus largement admis que certains
patients peuvent présenter un rétrécissement aortique à bas
débit et faible gradient tout en ayant une fraction d’éjection
préservée. Chez de tels patients, il peut être utile de
pratiquer un bilan complémentaire, éventuellement fondé
sur l’administration d’un vasodilatateur afin d’abaisser les
résistances vasculaires périphériques qui, chez ces sujets, sont
augmentées (Figure 7).16,17
Rétrécissement mitral
Les patients atteints d’un rétrécissement mitral sont
fréquemment adressés en salle de cathétérisme cardiaque en
vue d’un bilan hémodynamique complémentaire parce que les
Nishimura et Carabello L’étude de l’hémodynamique en salle de cathétérisme 61