Joseph Haydn (1732-1809)
Symphonie 103, dite du "roulement de timbale"
Les symphonies 93 à 104 constituent les 12 « Symphonies londoniennes », qui
constituent, avec les dernières symphonies de Mozart et les huit premières symphonies de
Beethoven, l'apogée du "style classique viennois".
La symphonie en Mi bémol Majeur numéro 103, datant de 1795, Paukenwirbel, dite
"Roulement de timbales" tire cette appellation de la toute première mesure de son Adagio
introductif : un solo de timbales sur la note mi bémol, dont Haydn ne précisa pas le mode
d'interprétation.
La première audition de cette oeuvre eut lieu au King's Theater de Londres. "On a
joué une nouvelle ouverture du fertile et enchanteur Haydn, comme d'habitude, elle
déborde de traits de génie, tant sur le plan mélodique qu'harmonique. L'introduction a
suscité la plus profonde attention, l'allegro a charmé, l'andante a été bissé, et le dernier
mouvement était égal, sinon supérieur aux précédents". Article du Morning Chronicle du 3
mars 1795, création le 2 mars.
L'introduction (adagio à 3/4 de 39 mesures) avec son solo de timbales initial, est
certainement une des plus étranges de toute la littérature symphonique. Sur l'autographe,
Haydn écrivit à propos de cette timbale à découvert 'Solo' et 'Intrada', mais sans donner la
moindre indication de nuance. Interviennent ensuite bassons, violoncelles, contrebasses,
qui en leur quatre premières notes, par une ligne sombre dans le grave, énoncent l’incipit
du Dies Irae.
Cette introduction contient des tentatives d'éclaircies, mais les couleurs sombres dominent,
et elle prend fin sur des sol graves (dominante d'ut mineur).
L'Allegro con spirito qui suit (à 6/8) s'ouvre par un thème assez léger, énoncé piano.
Le forte qui suit cite au passage, de façon très cachée, le Dies Irae de l'introduction.
Le "second thème" précède de peu la fin de l'exposition. Le développement s'ouvre
par les premières notes du thème principal en imitation et débouche bientôt sur des
accords de sol (dominante d'ut mineur), ce qui rappelle la fin de l'introduction. Sur quoi
intervient aux cordes graves une nouvelle variante du Dies Irae. En émergent les premières
notes du thème principal, ce qui semble devoir conduire à la réexposition, alors qu'en
réalité, c'est le "second thème" en ré bémol qui surgit. La réexposition suit, elle omet la
citation du Dies Irae, et le "second thème" y apparaît rapidement. Le discours devient
extrêmement dramatique et s'éteint sur un point d'orgue. On assiste alors, phénomène
unique chez Haydn, au retour de l'introduction lente, mais pour 12 mesures seulement. Au
retour de l'Allegro con spirito, la version du Dies Irae entendue dans le premier Tutti de
l'introduction, revient. En la plaçant maintenant, immédiatement après l'introduction, en
d'autres termes en juxtaposant ses deux versions du Dies Irae en un contraste saisissant,
Haydn met en évidence une parenté qui, jusqu'ici, avait pu passer inaperçue.
Le second mouvement (andante più tosto - puis - allegretto à 2/4) est en forme de
variations alternées sur deux thèmes respectivement en ut mineur et Ut Majeur. Leur
origine folklorique a été établie, mais l'important est de saisir que Haydn, en les modifiant
pour son propre usage, n'atténua pas mais au contraire renforça leur caractère populaire,
en particulier lorsqu'il transforma de fa en fa# la cinquième note du thème en majeur,
donnant ainsi à ce dernier une coloration modale et le rapprochant par la même occasion
de celui en mineur. Le thème en mineur est exposé par les cordes seules, celui en majeur