PROGRAMME
Johann Nepomuk HUMMEL (1178-1837)
Grand concerto pour basson
Pianiste, compositeur et chef d’orchestre autrichien né à Presbourg (aujourd’hui
Bratislava) en 1778, Hummel fait ses études avec son père puis avec Mozart, grâce auquel
il donne, en 1787, son premier concert public. Il part ensuite en tournée jusqu’à
Copenhague et en Écosse, et participe en 1792 à Londres,
comme enfant prodige, aux mêmes concerts que Joseph
Haydn, dont il joue un trio. De retour à Vienne, il prend de
nouvelles leçons auprès du contrepointiste Albrechtsberger et
de Salieri et s’impose comme un des premiers pianistes de son
temps. En 1804, il succède à Haydn à la tête de la chapelle du
prince Esterhazy, poste qu’il occupe jusqu’en 1811. Il demeure
ensuite à Stuttgart puis, de 1818 à sa mort, à Weimar en tant
que maître de chapelle du grand-duc (il fait, en 1827, le voyage
de Vienne pour voir une dernière fois Beethoven mourant).
Auteur de nombreuses compositions-brillantes- de musique de
chambre (dont un septuor autrefois très réputé fournit peut-être
le meilleur exemple), de 5 concertos pour piano, d’innombrables
pièces pour piano seul (dont plusieurs sonates), d’études et d’un
ouvrage pédagogique datant de 1828, de musique vocale (dont
3 messes). Hummel est un représentant typique, avec Clémenti,
Moscheles, Weber pour une part, voire un certain Beethoven
première manière, de la génération néo-classicisante (imitant
les classiques) et préromantique d’autre part (qui s’épanouira, par exemple dans Chopin)
du début du XIXe siècle. Hummel ne mérite pas l’oubli presque complet dans lequel il est
tombé.
Il eut comme élève Czerny, Hiller et Thalberg.
Marc Vignal
Source : Dictionnaire de la Musique, les Compositeurs, Encyclopaedia Universalis, Albin
Michel, 1998.
On lui doit de l’excellente écriture sacrée, des sonates et concertos remarquables. Ainsi,
abordons l’œuvre qui nous intéresse aujourd’hui : le Grand Concerto pour basson et
orchestre.
Le premier mouvement en Fa Majeur, Allegro Moderato, commence dans une
nuance piano qui fait chanter les premiers violons. Lorsque le basson entre enfin, après
une longue introduction, l’orchestre lui donne la réplique en ponctuant les fins de phrase.
Le deuxième mouvement, Romanza Andantino e Cantabile, module en Sib Majeur,
et commence par une phrase lyrique aux premiers violons. Le mouvement se poursuit ainsi
dans une alternance entre les phrases du basson solo et les ponctuations de l’orchestre,
pour se terminer dans le pianissimo, comme en suspens.
Le troisième mouvement, Rondo Vivace, revient à la tonalité de Fa Majeur. Cette-fois-
ci le basson solo entre dès la première mesure, et l’orchestre n’intervient en tutti que pour
ponctuer de loin en loin les phrases du soliste par une formule musicale répétée.
Joseph Haydn (1732-1809)
Symphonie 103, dite du "roulement de timbale"
Les symphonies 93 à 104 constituent les 12 « Symphonies londoniennes », qui
constituent, avec les dernières symphonies de Mozart et les huit premières symphonies de
Beethoven, l'apogée du "style classique viennois".
La symphonie en Mi bémol Majeur numéro 103, datant de 1795, Paukenwirbel, dite
"Roulement de timbales" tire cette appellation de la toute première mesure de son Adagio
introductif : un solo de timbales sur la note mi bémol, dont Haydn ne précisa pas le mode
d'interprétation.
La première audition de cette oeuvre eut lieu au King's Theater de Londres. "On a
joué une nouvelle ouverture du fertile et enchanteur Haydn, comme d'habitude, elle
déborde de traits de génie, tant sur le plan mélodique qu'harmonique. L'introduction a
suscité la plus profonde attention, l'allegro a charmé, l'andante a été bissé, et le dernier
mouvement était égal, sinon supérieur aux précédents". Article du Morning Chronicle du 3
mars 1795, création le 2 mars.
L'introduction (adagio à 3/4 de 39 mesures) avec son solo de timbales initial, est
certainement une des plus étranges de toute la littérature symphonique. Sur l'autographe,
Haydn écrivit à propos de cette timbale à découvert 'Solo' et 'Intrada', mais sans donner la
moindre indication de nuance. Interviennent ensuite bassons, violoncelles, contrebasses,
qui en leur quatre premières notes, par une ligne sombre dans le grave, énoncent l’incipit
du Dies Irae.
Cette introduction contient des tentatives d'éclaircies, mais les couleurs sombres dominent,
et elle prend fin sur des sol graves (dominante d'ut mineur).
L'Allegro con spirito qui suit (à 6/8) s'ouvre par un thème assez léger, énoncé piano.
Le forte qui suit cite au passage, de façon très cachée, le Dies Irae de l'introduction.
Le "second thème" précède de peu la fin de l'exposition. Le développement s'ouvre
par les premières notes du thème principal en imitation et débouche bientôt sur des
accords de sol (dominante d'ut mineur), ce qui rappelle la fin de l'introduction. Sur quoi
intervient aux cordes graves une nouvelle variante du Dies Irae. En émergent les premières
notes du thème principal, ce qui semble devoir conduire à la réexposition, alors qu'en
réalité, c'est le "second thème" en ré bémol qui surgit. La réexposition suit, elle omet la
citation du Dies Irae, et le "second thème" y apparaît rapidement. Le discours devient
extrêmement dramatique et s'éteint sur un point d'orgue. On assiste alors, phénomène
unique chez Haydn, au retour de l'introduction lente, mais pour 12 mesures seulement. Au
retour de l'Allegro con spirito, la version du Dies Irae entendue dans le premier Tutti de
l'introduction, revient. En la plaçant maintenant, immédiatement après l'introduction, en
d'autres termes en juxtaposant ses deux versions du Dies Irae en un contraste saisissant,
Haydn met en évidence une parenté qui, jusqu'ici, avait pu passer inaperçue.
Le second mouvement (andante più tosto - puis - allegretto à 2/4) est en forme de
variations alternées sur deux thèmes respectivement en ut mineur et Ut Majeur. Leur
origine folklorique a été établie, mais l'important est de saisir que Haydn, en les modifiant
pour son propre usage, n'atténua pas mais au contraire renforça leur caractère populaire,
en particulier lorsqu'il transforma de fa en fa# la cinquième note du thème en majeur,
donnant ainsi à ce dernier une coloration modale et le rapprochant par la même occasion
de celui en mineur. Le thème en mineur est exposé par les cordes seules, celui en majeur
fait intervenir aussi hautbois, bassons et cors. La première variation en mineur laisse
intacte la mélodie aux cordes mais l'entoure de beaux contre-chants aux instruments à vent
; celle en majeur fait intervenir un violon solo.
La seconde variation en mineur est violente et dramatique, celle en majeur adopte peu à
peu une allure martiale. Le mouvement semble prendre fin, mais une soudaine modulation
en Mi bémol Majeur retarde cet évènement. Le thème en Ut Majeur revient pour conclure à
tout l'orchestre, soutenu d'un bout à l'autre par un roulement de timbales avec sforzandos
au début de chaque mesure. Une brève fanfare met le point final.
Le menuet a lui aussi des aspects populaires. Mais la phrase de tyrollienne tirée du
thème lui-même et entendue à la fin de la première partie aux violons, puis deux fois en
écho aux instruments à vent, est immédiatement après (au début de la seconde partie)
transformée rythmiquement, ce qui lui confère un côté tout à fait sérieux et lui permet de
supporter le poids d'une modulation en Sol bémol Majeur.
Le Finale (allegro con spirito à 2/2), après une introduction aux cors, expose un
thème qui aura un rôle de premier plan tout au long du mouvement. Il est reconnaissable à
un motif rythmique formé de quatre premières notes identiques. Le mouvement comporte
trois parties, toutes introduites par le thème unique sous sa forme et dans sa tonalité
d'origine, ayant respectivement pour fonction exposition, développement et réexposition-
coda.
Après l'accord de septième de dominante, vingt mesures avant la fin, Haydn avait prévu à
l'origine seize mesures particulièrement audacieuses dans la nuance piano, modulantes et
entrecoupées de silences. S'il y renonça, ce fut pour ne pas briser son élan, et nous mener
d'un trait au terme d'une de ses plus brillantes péroraisons.
Source: Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1989.
L’orchestre Ars Juvenis remercie la ville de Rennes pour son généreux soutien,
ainsi que l’association Saxe-Bretagne et le comité de jumelage Rennes-Erlangen
pour leur partenariat.
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