RSCA 01 DES MG – 1er semestre
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Le lendemain matin, j’arrive dans le service prêt à affronter une nouvelle journée éreintante, mais je
retrouve avec surprise le couloir du secteur « non traumatologique » les portes grandes ouvertes à ces deux
extrémités avec des ventilateurs aérant chaque box. Je m’en vais me renseigner auprès du cadre infirmier qui
m’informe qu’un individu a mis le feu dans le local de stockage des draps et couvertures. Bilan : un patient
intoxiqué au monoxyde de carbone (qui attendait patiemment ses ordonnances devant la fameuse salle
lorsque la porte a été ouverte), une dizaine de patients choqués transférés dans les autres Services d’Accueil
des Urgences du département, la totalité des 8 boxes du secteur « non traumatologique » inutilisable du fait
de l’odeur épouvantable, tous les patients souhaitant s’inscrire redirigés, et une salle de stockage inutilisable
pendant plusieurs semaines.
L’enquête policière débute, les vidéos de surveillances sont visionnées, et on découvre que le principal
suspect n’est autre que le jeune homme de 21 ans que j’ai vu en consultation la veille, casquette et jogging
reconnaissable sur les images enregistrées par la caméra de surveillance. Il semblerait qu’il n’ait pas apprécié
la durée d’attente avant de voir le psychiatre. On vérifie son identité et son dossier, le patient a bien fugué
en cours de soin. Je réagis comme tout interne de premier semestre peu sûr de lui réagirait : je culpabilise,
me remets en cause, pour enfin me ressaisir, ce n’est pas de ma faute au final !! Dernier coup dur, étant
donné que je suis le seul à avoir vu et interrogé le patient suspect, le cadre infirmier m’annonce que les
agents de police responsables de l’enquête souhaitent m’interroger. Quelles informations puis-je leur
donner ? Dois-je demander comme dans les séries américaines : « vous avez un mandat » ? Dois-je être
exhaustif dans mes déclarations pour mener à bien cette enquête et trouver au plus vite le responsable de
l’incendie ? Dois-je me taire et faire valoir le secret médical au bénéfice du patient et au risque que le crime
ne soit pas puni ?
Concernant le secret médical, une autre question concernant nos pratiques quotidiennes me taraudait
mais ne pouvait, à elle seule faire l’objet d’une trace d’apprentissage : pouvons-nous scanner et transmettre
par courriel ou par fax des documents concernant un patient sans anonymat du document ?
Je n’ai toujours pas été contacté par les agents de police, à ce jour.
II. QUESTIONS POSEES