Résumés des communications

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Poetry-Philosophy-Politics / Poésie-Philosophie-Politique
Atelier de recherche AHRC Research Network Workshop
Maison Française d’Oxford
Vendredi 26 avril 2013
Résumés des communications
Christian Doumet
‘L’incompréhensible’
Mon intervention abordera la question de l’incompréhensible envisagée du point de vue de
l’expérience poétique. Distinct de l’illisible, l’incompréhensible se présente en effet toujours,
dans le poème, comme ce que Michel Deguy nomme le « à-comprendre » de la poésie, à savoir
« que le tout de la poésie (ce qu’elle est) se joue dans ce poème » que je lis. Cheminant en
suivant cette problématique, je repérerai quelques étapes d’une réflexion qui, de Baudelaire à
Artaud en passant par Wittgenstein, touche de près à la « politique » du poème, et à son
aptitude à fonder, autour de son incompréhensibilité même, des sortes de communauté
fugitives.
Christian Doumet est professeur de littérature française à l'Université Paris 8 et membre senior de
l’Institut universitaire de France. Il a publié des livres de poèmes, des récits en prose (Rumeur de la
fabrique du monde, José Corti, 2004 ; Japon vu de dos, Fata Morgana, 2007 ; De l’art et du bienfait de ne pas
dormir, Fata Morgana, 2012), des essais sur la poésie (Faut-il comprendre la poésie ? Klincksieck, 2004 ; La
Déraison poétique des philosophes, Stock, 2010).
Élodie Laügt
‘Poésie et partage’
Cette intervention posera quelques questions relatives à la poésie contemporaine à partir de la
version du premier romantisme et de la notion de "partage du sensible" que propose Jacques
Rancière.
Elodie Laügt teaches French literature, Modern Thought and filmic adaptation at the University of St
Andrews. She is the author of L'Orient du Signe: rêves et dérives chez Victor Segalen, Henri Michaux et Emile
Cioran (Peter Lang, 2008) and the co-editor of an issue of Etudes littéraires on 'Littérature et architecture'.
She has published articles in Paragraph ('America in Time: aphoristic writing in Baudrillard's America 2012), French Forum ('Aphorismes de quelque chose de l'amour (Cioran, Godard)' - 2012) and Forum for
Modern Language Studies ('Why Emma had to be killed on Screen: from Flaubert to Chabrol via Rancière' forthcoming).
Michael G. Kelly
‘L’institutionnalité poétique’
Non au sens d’un canon exemplaire de poèmes ou d’une instrumentalité avouable du poétique,
mais pour désigner un processus ouvert et résistant d’accession au symbolique et
d’interrogation du vécu ; à l’envers de l’institution-confluence du pouvoir, un lieu à géométrie
variable où l’inéluctabilité même du passage par l’institution se regarde obstinément, parfois
désespérément, en face.
Michael G. Kelly est maître de conférences en littératures française et comparée à l’Université de
Limerick (Irlande). Auteur d’une étude transversale sur les rapports entre poésie et utopie au XXe siècle,
Strands of Utopia. Spaces of Poetic Work in Twentieth-Century France (Legenda, 2008), et de divers articles sur
les pratiques poétiques modernes et contemporaines, il prépare à présent un essai sur l’individuation
poétique.
Emily McLaughlin
‘Affirmation Without End: Some Syntactical Similarities between the Poetry of
Yves Bonnefoy and the Philosophy of Jean-Luc Nancy’
Yves Bonnefoy presents poetry as a quest to access the physical and embodied reality of ‘la
présence’ within language. He conceives of the poetic act as an ontological act, an affirmation
of the sense of existence. Poetry, he insists, is synonymous with hope. Bonnefoy distinguishes
himself, in the latter half of the twentieth and at the beginning of the twenty-first century, as a
uniquely affirmative poet.
This paper examines the exuberant nature of Bonnefoy’s affirmations. It analyses their
syntactical structure and suggests that Bonnefoy’s affirmations have much in common with the
deconstructive and yet strikingly affirmative writings of Jean-Luc Nancy. Nancy has, as Alain
Badiou observes, ‘un style entièrement affirmatif’. His writings are dotted with axiomatic
phrases – ‘l'existence est sens de l'être’; ‘l’être lui-même nous est donné comme le sens’; ‘la
finitude est l'existence’ – affirming words that a deconstructive thinker such as Derrida would
place scrupulously under erasure.
This paper scrutinises how both Bonnefoy and Nancy cultivate an effusive practice of
affirmation, reformulating affirmative statements, both positively and negatively, in lengthy
series of appositions, parataxes, and parentheses. It analyses how a consistently accumulative
and appositional syntax empties words of any definitive significance, foregrounding a
horizontal movement between terms, and opening language up to an inexhaustible horizon of
sense. Drawing connections between a poet and a philosopher who are commonly
disassociated, this paper questions what Bonnefoy’s effusive practice of affirmation reveals
about his conception of ‘la présence’. It asks what Bonnefoy’s and Nancy’s syntactical
structures reveal about deconstructive or post-deconstructive practices of affirmation.
Emily McLaughlin completed her DPhil at Balliol College, Oxford. Entitled ‘Yves Bonnefoy: The
Performative and the Negative’, this thesis analyses Bonnefoy’s use of theatrical structures in his poems
to foreground the ephemeral and contingent nature of the poetic act. Drawing connections between
Bonnefoy’s poetry and Jean-Luc Nancy’s philosophy, it investigates how a finite practice of poetic
performance serves as a model for a finite thinking of ontology, community, material presence,
subjectivity, and form. Emily is now a Junior Research Fellow at The Queen’s College, Oxford. Her
current research project investigates the relationship between twentieth- and twenty-first-century French
poetry and ecological thought.
Timothy Mathews
‘Césaire translates The Tempest: On some of Ariel’s songs’
This paper is part of a much longer piece, ‘Aimé Césaire, Une Tempête: On Poetry, Legacy and
Work’ to be published later this year by Bloomsbury Press in Great Shakespeareans 16, edited
by Ruth Morse.
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Timothy Mathews is Professor of French and Comparative Criticism at University College London. His
interests lie in the critical and affective content of art, and in the role of creativity in criticism and
translation. He is author of Reading Apollinaire, Theories of Poetic Language (MUP, 1987 and 1990), Literature,
Art and the Pursuit of Decay (CUP, 2000 and 2006), Alberto Giacometti: the Art of Relation is published by I B
Tauris later this year. He is co-editor of Tradition, Translation, Trauma: the Classic and the Modern (OUP,
2011). He is co-translator with David Kelley of Gérard Macé, Bois dormant/Wood Asleep (Bloodaxe Books,
2003), co-translator with Luce Irigaray of her poetry, Prières quotidiennes/Everyday Prayers (Maisonneuve &
Larose/University of Nottingham Press, 2004), and co-translator with Delphine Grass of Michel
Houellebecq’s book of poetry Le Sens du combat/The Art of Struggle (Alma Books, 2010). He is working
with Jérôme Game on translations of his pieces. He runs Between the Lines, a series of podcasts in which
he talks in informal and wide-ranging conversations with translators, academics, publishers and other
practitioners inspired by the idea of translation. (http://www.ucl.ac.uk/cics/between-the-lines)
François Noudelmann
‘La digenèse poésie/philosophie. À partir de Glissant’
La rémanence de la poésie dans la pensée philosophique s'exerce, en Europe, au prix d'une
mélancolie. La référence heideggerienne à l'habitation poétique a imposé un discours
sur l'oubli de l'Être qui résonne avec le deuil des grandes fictions de la métaphysique : l'Un,
l'absolu, la communauté. Mais une désarticulation de cette ontologie en miroir de la poésie et
de la philosophie modifie radicalement leur répartition langagière et redistribue les filiations
poétiques qu'une telle lecture avait induites. Les poètes qui traversent plus qu'ils n'habitent
donnent à penser une autre relation entre concepts, notions et métaphores. L'un d'eux,
Édouard Glissant, issu d'une géographie archipélique, a reformulé le rôle du langage à l'égard
de la mémoire et de l'origine. Ce détour, en place de tout retour même fantasmé, transforme la
poésie en ressource figurative et philosophique pour donner une mesure à la démesure du
monde qui va.
Professeur à l'université de Paris 8, François Noudelmann exerce son enseignement et ses recherches en
littérature et philosophie. Visiting professor à New York University et à European Graduate School, il a
consacré une grande part de ses travaux à Sartre. À l'Institut du Tout-Monde, il poursuit actuellement un
séminaire qu'il a mené plusieurs années avec Édouard Glissant. Ses récentes publications sont Le Toucher
des philosophes. Sartre, Nietzsche et Barthes au piano (Gallimard 2008), Tombeaux (Cécile Defaut 2012) et Les
Airs de famille. Une philosophie des affinités (Gallimard 2012)
Sabine Macher
Née en Allemagne de l'ouest, en 1955, Sabine Macher, en parallèle d’un travail de danse, écrit et
photographie. Depuis 1976 elle vit en France, à Paris ou à Marseille et dans le train.
Bibliographie sélective : Le lit très bas, Maeght Editeur, 1992 ; Ne pas toucher ne pas fondre, Maeght Editeur,
1993 ; Un temps à se jeter, Maeght Editeur, 1995 ; Une mouche gracieuse de profil, Maeght Editeur; 1997 ;
Carnet d'a, Théâtre Typographique, 1999 ; Rien ne manque au manque, Denoël, 1999 ; Adieu les langues de
chat, Seghers, 2002 ; Le poisson d’encre dans ma bouche n’est pas à sa place, Ed. 1 :1, 2003 (épuisé) ; Portraits
inconnus, Melville, ed. Leo Scheer, 2003 ; himmel und erde, suivi du carnet d’a., Ed. Théâtre Typographique,
2005 ; deux coussins pour Norbert, Ed. Le bleu du ciel, 2009 ; résidence absolue, éditions isabelle sauvage, 2011.
Jérôme Thélot
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‘Politique du poétique. Le travail de Cédric Demangeot’
Une première hypothèse s’énonce comme suit : le poétique se produit dans une région de
l’esprit et selon des modalités dont est exclue a priori toute possibilité qu’une idéologie s’y
mêle. Cette hypothèse réfléchissant le « travail du négatif » auquel les poètes se vouent, s’achève
par l’analyse d’un texte particulier, « À propos du vers » de Cédric Demangeot, qui permettra de
poser que ce travail lui-même, nécessairement politique en ce qu’il suspend toute idéologie, a
pourtant un fondement non politique dans la jouissance immédiate par laquelle la vie s’éprouve
elle-même quand elle se traduit dans la langue.
Jérôme Thélot est professeur de littérature française à l’Université de Lyon 3. Ses écrits portent sur la
poétique et la poésie (Poétique d’Yves Bonnefoy, Droz, 1983 ; Baudelaire. Violence et poésie, Gallimard, 1993 ;
La Poésie précaire, PUF, 1997 ; L’Immémorial. Études dur la poésie moderne, Les Belles Lettres, 2011 ; Le travail
vivant de la poésie, Les Belles Lettres, 2013), sur la philosophie de l’affectivité (Au commencement était la faim,
Encre marine, 2005 ; L’Idiot de Dostoïevski, Gallimard, 2008), et sur les conditions de l’image
photographique (Les inventions littéraires de la photographie, PUF, 2003 ; Critique de la raison photographique, Les
Belles Lettres, 2009). Il publie ce mois-ci, aux éditions Manucius, Géricault, Le Radeau de la Méduse, Le
sublime et son double.
Patrick O’Donovan
‘Enjeux temporels’
C’est son inscription temporelle qui permet à la poésie d’assumer l’enjeu politique qu’elle
englobe: telle est l’issue de la réflexion menée par Yves Bonnefoy sur le lien fluctuant de la
poésie à la société instituée ou bien défaite que nous habitons. La poésie, en nous découvrant le
caractère essentiellement temporel de notre finitude, change, on le sait, notre rapport au
monde. Le regard que la poésie nous amène à porter sur ce rapport en fait un enjeu majeur pour
la modernité.
La réflexion de Bonnefoy a pour visée de réaffirmer la poésie comme enjeu et d’en dire la
portée, une tâche qui se renouvelle à l’infini. Or, la poésie elle-même participe à ce même effort:
c’est ce que je montrerai, en me penchant sur un texte recueilli dans L’Heure présente. Qu’estce qui rattache le poème au temps du monde, au siècle, au temporel? Afin de répondre à cette
question, je chercherai à esquisser une politique de la lecture du poème.
Patrick O’Donovan est professeur de langue et littérature françaises à University College Cork. Ancien
rédacteur des French Studies, il a récemment publié avec Laura Rascaroli un recueil d’essais portant sur le
cosmopolitisme. Il travaille sur la poésie et le roman depuis le romantisme, et s'intéresse aussi à la
philosophie politique en France.
Béatrice Bonhomme
‘Fonction éthique et didactique de la poésie. Vers une idée de communauté à
travers l’exemple de Chants populaires de Philippe Beck’
La recherche de Philippe Beck, et plus particulièrement son travail sur la « rédification » des
contes, travail paru sous le titre de Chants populaires chez Flammarion en 2007, consiste en la
récriture versifiée de 72 contes des frères Grimm. Après un ouvrage antérieur Poésies
didactiques en 2001, Chants populaires en 2007 réaffirme cette volonté de revisiter les contes et
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leur teneur mythique éparpillée. Dans le contexte d’une exploration des liens poésiephilosophie-politique, ce travail subversif de Beck replace, au centre de la poésie
contemporaine, la poésie didactique en la liant à la forme et renoue, de façon originale, avec le
projet des Grimm, réaffirmant la volonté de s’inscrire dans une récriture, celle d’un poème où la
pensée elle-même serait et demeurerait poétique : « on appelle pensée l’espace où de la prose
trouve une exactitude baptisée poème », celle d’un poème à portée didactique, politique,
éthique et communautaire.
Béatrice Bonhomme, écrivain, professeur à l’Université de Nice-Sophia Antipolis, a créé en 2003 un axe
de recherche dédié à la poésie, POIEMA, au sein du CTEL, centre qu’elle a dirigé de 2007 à 2012. Elle a
fondé, en 1994, la Revue Nu(e) qui a consacré à ce jour 53 dossiers à l’œuvre des poètes contemporains
et elle dirige La Société des lecteurs de Pierre Jean Jouve. Elle a publié de nombreux articles et ouvrages
critiques sur la poésie moderne et contemporaine. Citons parmi ses derniers ouvrages : Mémoire et chemins
vers le monde (une étude qui s’inscrit comme un hommage à de nombreux poètes contemporains) (Melis,
2008), Pierre Jean Jouve ou la quête intérieure (Aden, 2009) et des livres de poèmes : Mutilation d’arbre
(Collodion, 2008), Passant de la lumière (L’Arrière-Pays, 2008), Précarité de la Lumière (La Rivière échappée,
la Canopée, 2009). La pièce La Fin de l’éternité a été créée à Grenade en 2009. Un ouvrage collectif sur
l’œuvre poétique de Béatrice Bonhomme est paru en 2013 chez Peter Lang, sous la direction de Peter
Collier et Ilda Tomas. Dix entretiens de la Revue Nu(e) ont été repris aux éditions de La lettre volée en
2013.
Clément Layet
‘‘La question du soleil’. André du Bouchet et la question politique’
Si les conflits de pouvoir, la lutte entre les classes, les événements historiques, les aspirations
collectives et même les rapports entre les hommes sont textuellement absents de l’œuvre
d’André du Bouchet, y a-t-il encore une raison de la qualifier de politique?
Clément Layet enseigne la philosophie. Il a consacré sa thèse à la notion d’image dans l’œuvre poétique
et théorique de Friedrich Hölderlin. Il a publié André du Bouchet (Seghers, 2002) et deux éditions d'articles
et de manuscrits d’André du Bouchet (Aveuglante ou banale, essais sur la poésie 1949-1959, et Une lampe
dans la lumière aride, carnets 1949-1955, Le Bruit du temps, 2011).
Hugues Azérad
‘Poétique de la césure’
Lorsque le voyageur utopique de News from Nowhere (W. Morris), William Guest, se réveille
de son périple le long d’une Tamise en pays de Nulle Part, il s’attendait à succomber au
désespoir absolu d’être revenu au réel intenable, et d’être exclu d’un amour enfin vécu,
celui d’Ellen, et celui de son socialisme jusqu’alors pensé impossible, mais enfin entr’aperçu,
l’espace d’une dérive sur l’eau. Au contraire, notre Guillaume, invité d’un festin utopique, se
sent non serein peut-être, mais non désespéré à coup sûr. Espérant presqu’encore, même si
revenu en son réel gris et atroce. Espérant, car son périple lui laisse un arrière-goût doux-amer
d’un autre réel, bien plus beau, bien plus empreint de vie enfin vécue, et qu’il entend comme
une voix d’outre-temps, qui lui dit de continuer, et ce, même si ce rêve n’était autre qu’une
césure, une pause d’entre les soucis du monde, de ses lois arbitraires, et de ses errances sans fin
et sans joies. Rêve? Non, William Morris ne peut pas trahir les mots d’Ellen : si d'autres que lui
voient et verront un jour ce rêve, ce n’est donc pas un rêve, mais une vision. Une venue au
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paraître. Parution dans la césure espérante. C’est cette césure, perçue non pas seulement
comme interruption ou disjonction, mais comme essence de la poésie, poésie qui coupe le
« souffle et la parole » selon la définition de Lacoue-Labarthe. Césure-poésie qui permet aussi
d’envisager le rythme autrement, de se détacher un instant du flot continûment homogène du
réel pour en saisir ce qui lui manque : ouvrir la brèche mais aussi maintenir l’écart. C'est en
parcourant quelques dérivations de la césure – ce par quoi la poésie advient en le poème – chez
Reverdy, Bonnefoy et Glissant ici par exemple, que nous voudrions, à la suite de Hölderlin
surtout, esquisser en quoi la césure est politique : parce que justement, écartant un instant à la
fois politique et philosophie – qui l'assujettissent trop souvent – elle en régénère les possibilités
hors le poème, dans le monde. La césure poétique est politique car elle est une utopie concrète,
qui permet non de rêver, mais de faire voir, de maintenir un espoir jamais comblé.
Hugues Azérad est Fellow à Magdalene College, Cambridge. Il travaille sur l'image dans le modernisme,
en littérature et cinéma. Il a publié des articles notamment sur Glissant, Reverdy, Proust, Joyce et
Faulkner.
Jean-Claude Pinson
‘Que signifie « poésie » à l’âge du « poétariat » ?’
Chassée par la porte, la « poésie » revient, à l’âge du « poétariat », par la fenêtre – par toutes
sortes de fenêtres.
À l’époque où s’effaçait le prolétariat, au terme d’une cure salutaire de « déconstruction », on a
pu naguère décréter la poésie (ce qu’il est convenu d’appeler « poésie ») « inadmissible ».
Inconvenante, elle revient aujourd’hui, avec sa charge d’utopie, rappelant, à même la langue,
notre commun désir d’une habitation poétique du monde. Elle revient au beau milieu d’un
océan mouvant de pratiques « poétariennes » où le sampling, opération vampirique et orphique
à la fois, est généralisé, pour le meilleur et pour le pire.
Plus discrètement, elle revient aussi comme éternel recommencement d’un art fragile, mortel,
autant que décisif. Elle revient comme art du sens, du « frisson du sens » (Barthes), malgré tout.
Pourvoyeuse de formes neuves, elle insiste, en sa puissance d’invention et d’offrande – en sa
capacité d’offrir des aperçus précieux pour l’expérience indispensable d’une nouvelle façon
d’habiter le monde.
Jean-Claude Pinson vit à Nantes, où il a longtemps enseigné la philosophie de l'art à l'Université. Il est
l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages, livres de poésie, récits et essais. Parmi ses derniers titres : Drapeau
rouge (Champ Vallon, 2008), Habiter la couleur (éditions Cécile Defaut, 2011) et, tout récemment, Poéthique,
Une autothéorie (Champ Vallon, 2013).
Jean-Marie Gleize
Lecture de passages du Tarnac, un acte préparatoire, complétés par des fragments du livre des
cabanes qui lui fait suite (en cours d'écriture). Et qui prolonge le ‘mot d'ordre’ qui traverse
Tarnac : il faut construire des cabanes.
Jean-Marie Gleize poursuit depuis Léman une méditation en prose (« prose en prose », « post-poésie »)
qui prend la forme d’une enquête, investigation narrative discontinue (littérale, documentaire) à partir de
traces ou données matérielles images (photographie, polaroïd, vidéo) ou textes. Professeur émérite de
littérature à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon où il a été responsable du Centre d’Etudes Poétiques de
1999 à 2009. A dirigé les collections NIOK (éditions Al Dante) et « Signes » (ENS éditions), et créé la
revue NIOQUES qu’il anime depuis 1990.
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Bibliographie sélective : Poésie et figuration, Seuil, 1983, Simplification lyrique, Seghers, 1987, Francis Ponge,
Seuil, 1988, Léman, Seuil, 1990, A noir, Seuil, 1992, Le Principe de nudité intégrale, Seuil, 1995, Les Chiens
noirs de la prose, Seuil, 1999, Non, Al Dante 1999, Néon, Seuil, 2004, Film à venir, Seuil 2007, Sorties,
Questions Théoriques 2009, Tarnac, un acte préparatoire, Seuil 2011.
Nous remerçions très chaleureusement la Maison Française d’Oxford et Philippe Roussin, All Souls College,
Oxford, et Michael Sheringham, The Queen’s College, Oxford, et Emily McLaughlin, et Le Arts and Humanities
Research Council.
http://frenchpoetryand.wordpress.com
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