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leur  teneur  mythique  éparpillée.  Dans  le  contexte  d’une  exploration  des  liens  poésie-
philosophie-politique,  ce  travail  subversif  de  Beck  replace,  au  centre  de  la  poésie 
contemporaine, la poésie didactique en la liant à la forme et renoue, de façon originale, avec le 
projet des Grimm, réaffirmant la volonté de s’inscrire dans une récriture, celle d’un poème où la 
pensée elle-même serait et demeurerait poétique : « on appelle pensée l’espace où de la prose 
trouve  une  exactitude  baptisée  poème »,  celle  d’un  poème  à  portée  didactique,  politique, 
éthique et communautaire. 
 
Béatrice Bonhomme, écrivain, professeur à l’Université de Nice-Sophia Antipolis, a créé en 2003 un axe 
de recherche dédié à la poésie, POIEMA, au sein du CTEL, centre qu’elle a dirigé de 2007 à 2012. Elle a 
fondé, en 1994, la Revue Nu(e) qui a consacré à ce jour 53 dossiers à l’œuvre des poètes contemporains 
et  elle  dirige  La  Société  des  lecteurs  de  Pierre  Jean  Jouve.  Elle  a  publié  de  nombreux  articles  et  ouvrages 
critiques sur la poésie moderne et contemporaine. Citons parmi ses derniers ouvrages : Mémoire et chemins 
vers le monde (une étude qui s’inscrit comme un hommage à de nombreux poètes contemporains) (Melis, 
2008),  Pierre  Jean  Jouve  ou  la  quête  intérieure  (Aden,  2009)  et  des  livres  de  poèmes :  Mutilation  d’arbre 
(Collodion, 2008), Passant de la lumière (L’Arrière-Pays, 2008), Précarité de la Lumière (La Rivière échappée, 
la Canopée, 2009). La pièce La Fin de l’éternité a été créée à Grenade en 2009. Un ouvrage collectif sur 
l’œuvre poétique de Béatrice Bonhomme est paru en 2013 chez Peter Lang, sous la direction de Peter 
Collier et Ilda Tomas. Dix entretiens de la Revue Nu(e) ont été repris aux éditions de La lettre volée en 
2013. 
 
 
Clément Layet 
 
‘‘La question du soleil’. André du Bouchet et la question politique’ 
 
Si les conflits de pouvoir, la lutte entre les classes, les événements historiques, les aspirations 
collectives  et  même  les  rapports  entre  les  hommes  sont  textuellement  absents  de  l’œuvre 
d’André du Bouchet, y a-t-il encore une raison de la qualifier de politique? 
   
Clément Layet enseigne la philosophie. Il a consacré sa thèse à la notion d’image dans l’œuvre poétique 
et théorique de Friedrich Hölderlin. Il a publié André du Bouchet (Seghers, 2002) et deux éditions d'articles 
et de manuscrits d’André du Bouchet (Aveuglante ou banale, essais sur la poésie 1949-1959, et Une lampe 
dans la lumière aride, carnets 1949-1955, Le Bruit du temps, 2011). 
 
 
Hugues Azérad 
 
‘Poétique de la césure’ 
 
Lorsque le voyageur utopique de 
News from Nowhere
 (W. Morris), William Guest, se réveille 
de  son  périple  le  long  d’une  Tamise  en  pays  de  Nulle  Part,  il  s’attendait  à  succomber  au 
désespoir  absolu  d’être  revenu  au  réel  intenable,  et  d’être  exclu  d’un  amour  enfin  vécu, 
celui d’Ellen, et celui de son socialisme jusqu’alors pensé impossible, mais enfin entr’aperçu, 
l’espace  d’une  dérive sur l’eau.  Au contraire,  notre  Guillaume,  invité  d’un  festin utopique,  se 
sent  non  serein  peut-être,  mais  non  désespéré  à  coup  sûr.  Espérant  presqu’encore, même  si 
revenu en son réel gris et atroce. Espérant, car son périple lui laisse un arrière-goût doux-amer 
d’un autre réel, bien plus beau, bien plus empreint de vie enfin vécue, et qu’il entend comme 
une  voix  d’outre-temps,  qui  lui  dit  de  continuer,  et  ce,  même  si  ce  rêve  n’était  autre  qu’une 
césure, une pause d’entre les soucis du monde, de ses lois arbitraires, et de ses errances sans fin 
et sans joies. Rêve? Non, William Morris ne peut pas trahir les mots d’Ellen : si d'autres que lui 
voient  et  verront  un  jour  ce  rêve,  ce  n’est donc  pas  un  rêve,  mais  une  vision.  Une  venue  au