divine. Le Pauvre sans le Riche demeure démuni du tout. Le Riche sans le
Pauvre reste seul et ne peut se manifester.
Il semble donc que le Zohar veuille nous faire entendre que ces
deux aspects sont divins puisqu’il est dit : « nous ferons ». Ils ne sont pas deux,
car ils doivent être en un. Il s’agit du même, dans deux états différents, tant
qu’il n’est pas réuni en un.
Si, comme nous l’avons dit, ce monde constitue l’image obscurcie de
l’Autre Monde, les différents préceptes et commandements qui s’adressent à
l’homme, ne représentent que le seul et unique commandement, qui consiste
à faire l’œuvre de régénération. Et nous comprenons pourquoi le Zohar dit :
« Ainsi dans ce monde, les hommes doivent faire de même : que le riche et le
pauvre s’unissent en un… » Nous avons donc ici, il nous semble, le fondement
profond du précepte qui recommande la pratique de la charité envers le
pauvre. Le riche qui donne l’aliment, et le pauvre qui reçoit, imitent,
participent d’une certaine manière, symboliquement, à l’œuvre divine de
régénération de l’homme, et contribuent à hâter sa réalisation.
Quand aux mauvais riches et les mauvais pauvres, ils donnent ou
reçoivent sans bénédiction.
« Heureux celui qui s’intéresse au pauvre » (Psaumes XLII, 2). « Celui qui a pitié
du pauvre prête à Dieu » (Proverbes XIX, 17). « Heureux les pauvres en esprit,
car le Royaume des Cieux leur appartient » (Matthieu V, 3).
La racine hébraïque du mot ‘riche’ est ashor, verbe qui signifie avoir
l’abondance ; quant au mot ‘pauvre’, il procède du verbe qui signifie
répondre, exaucer une prière, annoncer.
Le riche est comme le ciel, sans lequel la terre du pauvre ne peut rien
produire ; mais sans la terre, le ciel ne peut se manifester. C’est l’abondance
du ciel qui fait fructifier la terre. C’est pourquoi il est dit dans le premier livre
de Samuel : « De la poussière Il retire le pauvre, et du fumier Il relève
l’indigent » (Samuel II, 8). Peut-être pouvons-nous comprendre, à la lumière
du Zohar, le sens profond de la Parabole du bon samaritain : « …un homme
descendait de Jérusalem à Jéricho ; il tomba entre les mains de brigands… »
(Luc X 25 à 37).
« Descendait de Jérusalem », qui signifie Fondation de paix, « à Jéricho »,
le mot procède d’une racine qui signifie Lune. Il s’agit donc du monde
sublunaire. L’homme qui descendait de Jérusalem est l’Adam tombé, qui
entraîna dans sa chute sa partie divine ; et « tomba entre les mains de
brigands », signifie : au pouvoir du Prince de ce monde, celui qui a dit :
« …car cette puissance et la gloire de ces royaumes m’ont été remises et je la
donne à qui je veux » (Luc IV, 6).
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