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Cours du 07/10/2009
INTRODUCTION A L'ECONOMIE (Claude LANGLAIS)
A quoi sert l'économie dans une formation de travailleur social?
La place de l'économie n'est pas anodine puisque notre histoire de travailleurs sociaux renvoie à des
questions économiques:
La notion d'État providence prend naissance dans les théories de KEYNES (économiste anglais):
Les politiques sociales d'après guerre ont pris comme référence les théories de KEYNES, à savoir,
« Dans certaines situations, il est important que l'État prenne le relais. »
Cette théorie s'oppose au libéralisme.
Les théories néolibérales considèrent que l'individu est autonome et responsable dans ses actes.
Alors que KEYNES, autour de la crise de 1929, a mis en évidence que dans certaines circonstances,
il est important que l'État intervienne puisque le marché ne se régule pas tout seul.
2 idées coexistent sur notre territoire:
tout citoyen est autonome et responsable
ou
tout citoyen vit dans une collectivité qui doit l'aider dans les instants difficiles
Les travailleurs sociaux interviennent au nom de l'État selon les politiques publiques.
La Question Sociale:
Il s'agit de cerner et de questionner nos propres représentations: Que fait-on des bons et des mauvais
pauvres?
1ère définition du travail social:
Tirée de la revue « Esprit » en avril/mai 1972 :
« Pourquoi le travail social? »
« Par travail social, nous entendons d'abord toute action organisée qui vise à réduire une
inadaptation quelconque ou qui est (explicitement ou implicitement) préventive de l'inadaptation
d'un individu ou d'un groupe. »
Sous le termes de « personnes inadaptées », on fait ici référence aux personnes handicapées ou
ayant des difficultés d'insertion sociale et/ou professionnelle.
Il s'agit d'actions préventives en opposition à des actions curatives (prévenir plutôt que guérir).
Le travail social désigne effectivement des professions dont la définition est fortement soumise aux
conjonctures, qu'il s'agisse d'économie ou de politiques publiques.
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On considère qu'un environnement à taux de chômage quasi inexistant est un environnement à 2
ou 3% de chômage.
Or, aujourd'hui, nous en sommes officiellement à 10% (alors que la réalité est bien supérieure).
Les travailleurs sociaux remplissent des missions de service publique ordonnées par l'État.
Ces politiques sont inscrites dans le code civil et dans le code pénal.
2ème définition (Définition internationale du travail social proposée par l'association internationale
des écoles de travail social):
« Le travail social comme profession s'emploie à promouvoir le changement social et la solution de
problèmes dans les relations humaines de même qu'il aide les personnes à se donner du pouvoir et à
se libérer en vue d'un plus grand bien-être.
S'appuyant sur des théories des sciences humaines et des systèmes sociaux, le travail social
intervient dans le champ des interactions entre les personnes et leur environnement.
Les droits de la personne et de la justice sociale sont des principes fondamentaux de l'action en
travail social. »
Il s'agit de permettre à des personnes en difficultés de retrouver de la dignité, de se libérer du jout
politique, économique et social.
EDGARD MORIN:
« L'autonomie, c'est permettre à la personne de faire des choix dans un ensemble de contraintes. »
Un des objectif de l'autonomie est le bien-être de la personne (= bien-être individuel)
La question de l'interaction entre la personne et son environnement, c'est savoir comment on permet
à une personne de s'adapter à son environnement et comment on aide l'environnement à prendre en
compte les personnes.
Les valeurs du travail social sont des valeurs humanistes (droits de l'homme, justice sociale...).
Le travail social se situe au point de jonction et de rencontre de 2 mouvements:
la responsabilité individuelle
la fragilisation, la précarisation dans un contexte collectif
Son rôle est de permettre aux individus en situation de fragilité de ne pas être exclus ou, pour le
moins, d'atténuer les conséquences des risques de l'exclusion et de la marginalisation.
Le travail social a une fonction éminemment politique.
Il existe donc une tension entre ces 2 processus qui constitue la dynamique sur laquelle s'appuient
les travailleurs sociaux dans leurs pratiques quotidiennes (= tension entre l'individuel et le collectif).
Ces tensions placent fréquemment les travailleurs sociaux en situation d'échec:
Il ne s'agit pas seulement de « faire du bien aux autres » mais il est nécessaire d'accepter l'échec,
c'est à dire, de prendre conscience que nous ne sommes pas dans la toute puissance et sauver tout le
monde.
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I) LE SOCIAL
a) C'est quoi?
Représentation du social
Production de services financée par l'impôt
Pour une mission d'intérêt général
Le social est voulu et financé par la collectivité pour être au service de l'autre.
En disant cela, on caractérise le social comme un ensemble d'interventions spéciales, de pratiques
particulières qui prennent en charge des populations diverses en difficulté.
b) Existe-t-il depuis toujours?
Rappel historique:
Au moyen âge, la notion de « social » n'existait pas en tant que tel puisque l'idiot du village avait
une place à part entière dans la collectivité (idem pour le fou du roi).
La pauvreté était alors intégrée et représentait une majorité.
Il y avait donc une représentation positive du pauvre.
ROBERT CASTEL: « Les métamorphoses de la question sociale »
Cette vision positive du pauvre tenait à la comparaison faite avec le Christ.
Évangile selon Mathieu:
« Heureux les pauvres en esprit, heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, heureux ceux qui
sont miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de la paix, car le royaume des cieux leur
appartient. »
(Pauvres: ceux qui font la charité)
Avec l'évolution économique et industrielle (années 1800), ceux qui étaient pauvres étaient ceux qui
cultivaient la terre car ils dépendaient d'un seigneur et des aléas climatiques.
Ils vont être obligés de se déplacer vers des grandes exploitations.
D'où un changement de représentation.
Il y a une sorte de noyau dur de l'assistance constitué autour de cette incapacité à travailler et qui ne
pose pas un problème de principe.
Se pose néanmoins le problème de l'assistance entre les bons et les mauvais pauvres.
La distinction entre les 2 tient à la capacité ou non de travailler (cette ligne de fracture est encore
vraie aujourd'hui).
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Les historiens de l'assistance relèvent, dès le XIV ème siècle, dans l'occident chrétien des formes
relativement élaborées d'institutionnalisation de ces secours: accès aux hôpitaux, distributions
d'aumônes, prise en charge de certains mendiants.
Ici sont concernés des populations également démunies qui ne peuvent s'autosuffire.
Les bons pauvres sont ceux à qui la société reconnaît le droit de ne pas travailler.
Exemple: La société reconnaît à une personne déficiente le droit de ne pas travailler en lui allouant
une allocation (AAH).
Les personnes âgées, les jeunes sont aussi considérés comme des bons pauvres.
Les mauvais pauvres sont ceux qui ont la possibilité de travailler mais qui ne travaillent pas.
Ici sont concernées des populations également démunies, qui ne peuvent donc s'autosuffire mais qui
ne peuvent pas non plus entrer dans cette zone de l'assistance qui n'a pas été construite pour eux car
ils sont capables et devraient travailler.
Ils sont appelés « surnuméraires » par KARL MARX ou « désaffiliés » par ROBERT CASTEL
(1995).
La notion de répression est la réponse exclusive des autorités au dilemme de l'indigence valide.
JEAN LE BON (1319-1364)
Il pose la question de la répression: « Ne donnez pas de l'aumône à ceux qui peuvent travailler mais
aux aveugles, impotents ou autres misérables personnes. »
En 1535, une amende punit toute personne qui accorderait aux mendiants une aumône dans la rue.
Il y a eu cependant une volonté de certains philanthropes d'introduire un peu d'humanité en amenant
l'idée que la collectivité devait leur venir en aide.
Exemple: TURGOT en 1775 crée des « ateliers de charité ».
C'est l'État qui crée ces ateliers pour les personnes n'ayant pas de travail (= ancêtre des emplois
aidés).
En 1789 (révolution), on voit une laïcisation des dispositifs d'assistance et les « ateliers de charité »
sont appelés « ateliers de secours ».
En 1790 : « Là où il existe une classe d'homme sans subsistance, là il existe une violation des droits
de l'humanité. »
On voit ici le regard humaniste porté par les politiques.
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ASSISTANCE ET CONTREPARTIE
Pour éviter une certaine dépendance et une certaine oisiveté (ALEXIE DE TOCQUEVILLE 1805-
1859):
« Toute mesure qui fonde la charité légale sur une base permanente et qui lui donne une forme
administrative, crée donc une classe oisive et paresseuse, vivant aux dépens de la classe industrielle
et travaillante. »
Aujourd'hui, le travail représente le cadre de l'identité sociale.
Principe de « less eligibility » : la condition du pauvre assisté doit être moins désirable que celle du
travailleur.
RMI : politique passive
RSA (depuis juin 2009) : demande d'un minimum de travail en contrepartie
Passage de la pauvreté collective à la pauvreté individuelle.
On a tendance, aujourd'hui, à rendre responsable la personne qui n'a pas de travail de sa pauvreté.
Loi 2002-2: l'individualisation des projets peut être extrêmement dangereuse puisqu'elle renvoie à la
responsabilité des personnes sorties de leur contexte.
« Ceux qui ont délibérément choisi de vivre du travail des autres, ceux qui pensent que tout leur est
dû, sans qu'eux mêmes ne doivent rien à personne. La France qui travaille dur et se lève tôt. »
NICOLAS SARKOZY (27 mars 2006)
La nouvelle question sociale, à laquelle ni l'assistance, ni l'assurance ne suffisent à répondre est
celle de la pauvreté (nouvelle pauvreté) visibilité - , celle de l'exclusion enracinée dans l'exclusion
économique et source de désaffiliation ( référence à la définition de CASTEL).
Il y a donc demande d'intervention sur ce qui ne marche pas apparemment et sur les effets pervers
supposés.
Certaines politiques sociales sont nées sous la pression de groupes de personnes (ADAPEI,
APF,APAJH...).
L'ASSISTANCE: UNE POLITIQUE PUBLIQUE
« L'assistance, quelle qu'elle soit, si soucieuse qu'elle soit de l'équité et de la dignité des hommes,
c'est toujours le pauvre incliné pour recevoir. C'est souvent l'arbitraire, c'est l'indétermination. »
JEAN JAURES (1859-1914)
Précaire: celui qui est à genou
Pauvre: celui qui est incliné
Le social existerait donc à partir du moment où une société donnée ne peut plus réguler de manière
relativement formelle certains de ses problèmes et que cela exige des interventions spéciales qui
sont souvent des interventions politiques par l'intermédiaire de l'État
ou des collectivités territoriales.
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