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Thème 4 : Les échelles de gouvernement du monde : L’échelle mondiale.
Une gouvernance économique mondiale depuis le sommet du G6 de
1975
Introduction :
La question de la gouvernance mondiale se pose dans le contexte de la mondialisation.
La mondialisation se définit comme la mise en relation et l’interdépendance croissante
entre les territoires à l’échelle mondiale. A cause de cette interdépendance, il devient de
plus en plus nécessaire de définir des réglementations à cette échelle. Cela ne signifie pas la
mise en place d’un gouvernement mondial sur le modèle traditionnel des Etats mais la
mise en place de réglementations communes.
Ce chapitre porte sur la gouvernance économique mondiale, et donc sur la mise en
places de règles internationales visant à encadrer l’économie mondiale.
La ‘gouvernance’ se distingue du ‘gouvernement’ car elle est régie pas seulement par des
acteurs publics, mais également par des acteurs privés :
Principaux acteurs publics : Etats, Organisations Internationales (FMI, OMC, G7,
G20, BRICS, toutes les organisations régionales…)
Principaux acteurs privés : ONGs, Firmes Transnationales, associations, forums
Contexte :
Entre 1944 et 1971, la gouvernance économique mondiale est régie par le système
de Bretton Woods. Pour procurer des débouchés à leurs entreprises, au sortir de la
Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis mettent en place un ordre économique
mondial basé sur la promotion du libéralisme économique.
En 1944, les Accords de Bretton Woods, mettent en place un Système Monétaire
International (SMI). Le dollar devient la monnaie de référence pour le commerce
international. Ces accords provoquent la création de deux Banques internationales,
le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale.
En 1947, on crée le
General Agreement on Tarifs and Trade
(GATT), signé à
Genève par 23 pays qui à eux seuls effectuent 50% des échanges mondiaux. Le but
du GATT est de promouvoir le libre-échange sur les produits industriels.
Les Etats-Unis sont les piliers du système économique international de Bretton
Woods car ils dominent les nouvelles institutions qui fonctionnent selon leurs
intérêts (SMI, FMI, BIRD, GATT, ONU). Ils connaissent un âge d’or : leurs FTN
exportent massivement, leur mode de vie est diffusé sur toute la planète.
Le système de Bretton Woods favorise les Etats du bloc de l’Ouest, mais il est
contesté par les pays du Tiers Monde, exportateurs de matières premières. Dans
les années 1950-1960, ces pays s’organisent pour peser un plus grand poids dans la
gouvernance économique mondiale. En 1955, à la conférence de Bandung, ils
créent le Mouvement des Non Alignés, puis en 1963, le G77 pour défendre leurs
intérêts au sein de l’ONU, alors dominée par les puissances occidentales.
Plan du cours :
I. Une nouvelle gouvernance économique après 1971 (1971-années 1990)
II. Les mutations et critiques de la gouvernance économique mondiale (1990-
aujourd’hui)
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I. Une nouvelle gouvernance économique après 1971 (1971-
années 1990)
a. La fin du système de Bretton Woods
A la fin des années 1960, la croissance économique occidentale ralentit.
Toutefois, la crise économique révèle son ampleur dans les années 1970. Les
Etats-Unis n’arrivent alors plus à financer la conquête spatiale, l’Etat-providence et
la guerre du Vietnam. Leur économie entre en déficit.
Pour payer ses importations, le pays fabrique de plus en plus de dollars, si bien
qu’en 1971, les dollars en circulation dans le monde représentent 5x la valeur de
l’or conservé aux Etats-Unis. Pour garder son or, le 15 août 1971, le président
Nixon annonce la fin de la convertibilité du dollar en or (du jour au lendemain
on ne peut plus changer les dollars en or !).
Comme ils ne peuvent plus convertir les dollars qu’ils ont gagnés en or, les
principaux pays exportateurs de pétrole décident d’augmenter fortement les prix
des barils à deux reprises. Lors du choc pétrolier de 1973, le prix double, et en
1979, le prix triple. Ces deux chocs pétroliers aggravent la crise.
b. L’émergence du néolibéralisme
La crise favorise le triomphe d’une version radicale du libéralisme, le néolibéralisme. Ce
courant naît dans les pays anglo-saxons. Il est promu par Ronald Reagan (EUA, 1981-
1989) et Margaret Thatcher (Royaume-Uni, 1979-1990) au début des années 1980.
Cette théorie affirme que les marchés s’autorégulent naturellement. Ils
fonctionneraient parfaitement sans les règles fixées par les Etats ou les
organisations internationales. Le néolibéralisme promeut la déréglementation des
échanges pour encourager la compétitivité des entreprises.
Ces politiciens attribuent la crise économique aux interventions des Etats-
Providence dans l’économie. Pour combattre la crise, ils mettent donc en place des
politiques de rigueur : ils augmentent les impôts et diminuent les dépenses
publiques dans le social, la culture ou encore l’environnement.
Pour attirer des IDE, les Etats-Unis et le Royaume-Uni augmentent les impôts de
la population, mais ils baissent ceux des entreprises. Ils réduisent les avantages
sociaux des salariés: c’est la fin de l’Etat-Providence.
Dans les années 1980, le néolibéralisme s’impose dans les institutions de la gouvernance
économique mondiale :
Le GATT organise deux cycles de négociations pour réduire toutes les formes,
de protectionnisme (quotas, taxes douanières, normes): le Tokyo Round (1973-1979)
et l’Uruguay Round (1986-1994).
Le FMI et la Banque Mondiale mettent de nouvelles conditions à leurs prêts.
Pour en obtenir un, les pays doivent adopter des mesures néolibérales
(abaissement des barrières douanières, réduction des dépenses publiques,
privatisations, etc.)
La généralisation des politiques néolibérales permet une augmentation des échanges
de biens, services et capitaux entre les pays. Les Etats contrôlent de moins en
moins l’économie, les flux sont de plus en plus nombreux, la mondialisation
s’intensifie. Profitant des dérèglementations, les FTN multiplient les délocalisations.
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a. Les déséquilibres de la gouvernance mondiale
Les pays du Nord :
Le néolibéralisme est un système qui reproduit les inégalités entre les pays. Dans les
années 1980, les inégalités Nord-Sud sont croissantes. Les grands bénéficiaires du
néolibéralisme sont les pays du Nord, en particulier ceux de la Triade. Pour assurer la
persistance de leur domination, les pays riches s’allient pour renforcer leur coopération
économique :
En 1975, la France, la RFA, l’Italie, le Royaume-Uni, le Japon et les Etats-Unis
fondent le G6, transforen G7 en 1976 avec l’arrivée du Canada, puis en G8 en
1998 avec l’adhésion de la Russie.
o Il s’agit d’un groupe de discussion et de partenariat économique qui se
réunit chaque année. Il cherche à promouvoir le libéralisme et à lutter
contre l’instabilité financière provoquée par la fin des Accords de Bretton
Woods.
o Ce groupe très critiqué. Les grandes puissances y orientent la gouvernance
économique mondiale, sans se soucier des intérêts des autres pays. C’est
une sorte de club de riches qui travaillent ensemble à rester les plus riches.
Les principales puissances économiques mondiales dominent également le GATT.
Elles y créent des règles contre le protectionnisme, qu’elles imposent aux pays plus
pauvres, mais n’appliquent pas dans leurs propres Etats... Par exemple, elles
pratiquent les quotas d’importations, c’est-à-dire qu’elles limitent l’importation de
certains biens et services dans leurs pays pour protéger leurs industries ou
agricultures nationales de la concurrence internationale, et leur assurer des
débouchés internes. Ces quotas sont interdits par le GATT mais cette organisation
ne dispose d’aucun moyen de sanction…
En 1957, les pays d’Europe de l’Ouest créent la Communauté Economique
Européenne (CEE) pour défendre leurs intérêts économiques dans le monde.
Les acteurs des Etats du Nord qui bénéficient le plus du néolibéralisme ne sont
toutefois pas les Etats mais les FTN. Elles délocalisent leur production,
notamment vers les pays du Sud le coût de la main-d’œuvre est faible. Elles
constituent des groupes de pression qui agissent auprès des gouvernements et des
institutions internationales. Grâce à leur puissance économique, elles ont parfois
plus de pouvoir et de moyens de pression que les Etats !
Les pays du Sud
Les pays du Sud sont globalement moins favorisés par le néolibéralisme :
Le G77 prend de l’importance dans les années 1970. La première rencontre
importante entre ces pays est la conférence d’Alger en 1973. Ces pays qualifient le
système économique international de néocolonialisme. En effet, l’ordre
économique néolibéral les maintient dans une situation de dépendance aux grandes
FTN du Nord qui exploitent leurs matières premières.
Pour peser un poids plus important dans la gouvernance économique mondiale,
certains pays du sud créent des organisations régionales, comme l’ASEAN en 1967.
Dans les années 1980 et 1990, la situation des Pays En voie de Développement
(PED) est critique.
o Dans les années 1960-1970, ils se sont endettés auprès du FMI pour créer
des programmes de développement qui se sont souvent avérés être des
échecs (corruption, projets trop ambitieux, pas adaptés au contexte).
Incapables de rembourser leurs emprunts, ils affrontent des crises
économiques importantes dès les années 1980.
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o Le FMI leur prête alors de nouveaux fonds en échange de réformes
brutales, les Plans d’Ajustement Structurel (PAS), des politiques
d’austérité favorisant la déréglementation, la privatisation et la
libéralisation du commerce extérieur. Le FMI oblige ces pays à adopter une
économique néolibérale, et à abandonner leurs politiques sociales. Les PAS
aggravent la pauvreté et provoquent des révoltes dans de nombreux pays.
Il ne faut toutefois pas schématiser la division Nord riche/Sud pauvre. Portés par le
dynamisme du Japon, les Quatre Dragons d’Asie (Hong-Kong, Singapour, Corée
du Sud, Taïwan) jouent un rôle croissant dans l’économie mondiale. La Chine
s’ouvre aux investissements étrangers en 1979 et initie une période de grande
croissance économique.
Les années 1970-début 1990 marquent la victoire du néolibéralisme : la
gouvernance économique mondiale se concentre sur les règles de la concurrence
et le libre accès aux marchés plus que sur la stabilité économique.
De plus en plus d’acteurs interviennent dans la gouvernance économique
mondiale (Etats, organisations internationales, FTN, organisations régionales), ce
qui concurrence la domination américaine.
I. Mutations et critiques de la gouvernance économique
mondiale (1990-aujourd’hui)
a. Le modèle libéral gagne la Guerre Froide
La fin de la guerre froide marque le triomphe du libéralisme économique :
o La mondialisation et la gouvernance économique peuvent désormais ritablement
opérer à l’échelle mondiale (avec la Russie, l’Europe de l’Est et la Chine).
o Les échanges internationaux augmentent une nouvelle fois, et presque tous les pays
du monde adoptent le libéralisme.
o Les grands bénéficiaires de cette nouvelle phase sont à nouveau les Etats-Unis. Ils
renforcent encore leur poids dans les organisations internationales.
Du coup, le néolibéralisme connaît un nouvel essor dans les années 1990 :
Le FMI continue à mettre en place des PAS pour forcer les autres pays à se
libéraliser : Mexique (1994), Asie (1997), Russie (1998).
Le GATT est remplacé par une organisation plus puissante, l’Organisation
Mondiale du Commerce (OMC) en 1995 :
o Comme le GATT, l’OMC fixe les règles du commerce international. Elle ne
concerne plus que le secteur industriel, mais aussi les domaines agricoles et
des services.
o Elle promeut la réduction des tarifs douaniers, la libéralisation et la libre-
concurrence.
o Contrairement au GATT, l’OMC peut infliger des sanctions
économiques aux pays qui ne respectent pas les règles.
o Officiellement, l’OMC œuvre entre autre pour que le commerce
international bénéficie d’avantage aux pays en développement. Tout
Etat membre de l’OMC compte donc pour une voix, ce qui permet à des
pays pauvres de porter plainte contre des pays industrialisés. Mais les
procédures sont longues, complexes et coûteuses, ce qui maintient le
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déséquilibre. En plus, les pays riches préfèrent souvent payer une amende
qu’appliquer une règle qui ne les arrange pas…
Dans les années 1990, les organisations régionales sont de plus en plus
nombreuses : MERCOSUR (1991), UE (1992) ALENA (1994), projet
d’ASEAN+3. Elles promeuvent une gouvernance économique à l’échelle régionale,
et non mondiale.
En 2001, à Doha (Qatar), 145 pays se mettent d’accord pour engager des
discussions sur la suppression des subventions aux exportations agricoles.
o Le cycle de Doha se solde par un échec car l’UE et les Etats-Unis veulent
continuer à subventionner leurs agriculteurs, ce qui va à l’encontre de la
libre concurrence. En effet, les agriculteurs européens et américains
reçoivent des subventions de l’Etat. Du coup, ils peuvent produire, vendre
et exporter leurs produits à des prix plus bas que les agriculteurs des pays en
développement.
o De leur côté les pays en développement ne peuvent subventionner leurs
agriculteurs, à cause des PAS que le FMI leur a imposé. Du coup, les pays
riches imposent aux pays pauvres des règles qu’ils ne suivent pas !
o Le renforcement du libéralisme des années 1990 ne réduit donc pas les
déséquilibres de la gouvernance économique mondiale.
b. Les crises des années 2000
La crise des
subprimes
:
En 2007 commence la crise des
subprimes
aux Etats-Unis :
Les banques américaines ont accordé des prêts à des ménages américains aux
revenus modestes pour qu’ils s’achètent des biens immobiliers. Ces crédits
s’appellent les subprimes. Ils sont à taux variables, ça veut dire que les intérêts ne
sont pas fixes, mais dépendent de l’évolution du marché de l’immobilier.
Comme les banques accordent trop de subprimes, la demande de logements devient
supérieure à l’offre (tous les ménages veulent une maison et peuvent en avoir une
donc il n’y a plus assez de maisons). Du coup, le marché de l’immobilier augmente
et les intérêts des subprimes sont en hausse.
Comme ces intérêts ont un rendement élevé, les banques les transforment en titres
financiers (actions en Bourse) et les vendent à des investisseurs du monde entier.
Comme les intérêts ont trop augmenté, les ménages ne peuvent plus rembourser
leurs emprunts et cessent de payer leurs échéances. Ils sont donc contraints de
revendre leurs biens immobiliers.
Du coup, de nombreuses maisons sont en vente simultanément et la valeur du
marché de l’immobilier baisse. Les subprimes, désormais transformées en titres
financiers qui circulent sur le marché des capitaux mondial, perdent de leur valeur.
En 2008, la chute de la valeur boursière des subprimes entraine une crise financière
mondiale.
Les pays développés entrent en récession (diminution de la croissance
économique), le chômage augmente et la consommation doit être réduite.
Cette crise est attribuée à la financiarisation de l’économie: de plus en plus de
transferts de capitaux ne se font plus avec de l’argent mais à travers la finance
(actions boursières qui ont des taux changeants, pays en faillite qui impriment des
nouveaux billets, banques qui prêtent de l’argent qu’elles n’ont pas…)
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