impôts. Un indice témoigne à lui seul de l'ampleur du phénomène : l'indice de
compétition, qui mesure le degré d'ouverture d'un pays à la compétition
extérieure, a bondi à l'échelle mondiale de 0,25 à 0,6 - sur une échelle de 0 à 1 -
entre 1982 et 2002; soit une progression spectaculaire 140% en seulement deux
décennies. À ce niveau-là, on peut parler d'épidémie...
Le hic ? C'est que le néolibéralisme n'a pas apporté la croissance économique
promise. Loin s'en faut. MM. Ostry, Loungani et Furceri ont ainsi regardé ce
qu'avait réellement apporté la libéralisation des capitaux à ceux qui s'en étaient
prévalus :
> Crises financières. Plus les capitaux peuvent circuler facilement dans un
pays, plus les risques sont élevés que ce pays-là soit frappé par une crise
financière. «Depuis 1980, il y a eu plus de 150 crises financières dans 50
pays aux économies émergentes. Et dans 20% des cas, cela s'est traduit
par un net déclin économique», indiquent-ils dans leur article.
> Inégalités. Plus les capitaux peuvent circuler librement dans un pays, plus
les inégalités s'accroissent au sein de la population. «En période de crise
économique, les inégalités, mesurées par l'indice de Gini, progressent alors
d'en moyenne 2,5 points de pourcentage en l'espace de deux ans et d'en
moyenne 3,5 points de pourcentage en l'espace de cinq ans», poursuivent-
ils.
Ils ont également regardé ce qu'avait réellement entraîné la réduction du rôle de
l'État, et en particulier l'impact des politiques d'austérité :
> Des coûts supérieurs aux bénéfices. «Les coûts consécutifs à une
politique d'austérité sont en général nettement supérieurs aux bénéfices que
celle-ci peut présenter. La raison est fort simple : lorsqu'on entreprend de
diminuer la dette d'un pays, on crée des taxes directes et indirectes qui
perturbent le comportement économique des différents acteurs (entreprises,
consommateurs, etc.) ou qui freinent les investissements - voire les deux; et
tout cela entraîne des coûts qui se révèlent supérieurs aux coûts de la dette,
ce qu'on appelle souvent, à tort, le "fardeau de la dette"», expliquent-ils.
Et de préciser : « Une politique d'austérité a, par suite, un impact à la fois négatif
sur l'emploi et positif sur le chômage, comme en attestent notre analyse chiffrée.
C'est bien simple, pour toute progression de 1% du produit intérieur brut (PIB) on
assiste dès lors à une hausse d'en moyenne 0,6 point de pourcentage du taux de
chômage de longue durée, et à cela s'ajoute une augmentation d'en moyenne 1,5
point de pourcentage de l'indice de Gini des inégalités de revenus sur cinq ans»,
notent-ils, pour conclure que «les épisodes de consolidation fiscale auxquels on
assiste ici et là, où un gouvernement cherche à réduire ses déficits et
l'endettement du pays, se sont traduits en général par des reculs économiques, et
non pas par des avancées».