MAPAR 2012
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Dans ce chapitre, nous exposerons successivement les indications et les
modalités pratiques de mise en place du circuit, les complications qui lui sont
associées, et les résultats à court, moyen et long termes rapportés ces dernières
années.
1. ECMO VA EN CAS DE CHOC CARDIOGÉNIQUE RÉFRACTAIRE
La mise en place d’une ECMO VA peut être envisagée dans deux grands
types de situations:
• En postopératoire immédiat d’une chirurgie cardiaque conventionnelle ou d’une
transplantation cardiaque, lorsque le sevrage de la CEC est impossible[5].
Les canules sont mises en place le plus souvent en intrathoracique, avec une
décharge droite au niveau de l’oreillette droite et une canule de réinjection au
niveau de l’aorte thoracique ascendante. Une décharge des cavités gauches,
soit directe par canulation de l’apex du ventricule gauche, soit indirecte par
canulation du tronc de l’artère pulmonaire peut être associée au circuit. Si la
défaillance cardiaque est retardée après l’intervention, une ECMO périphérique
fémoro-fémorale est parfois préférée dans le cadre de l’urgence.
• En cas de choc cardiogénique réfractaire «d’étiologie médicale»: infarctus du
myocarde[6], myocardite fulminante[7,8], intoxications aiguës par drogues
cardiotoxiques à effet stabilisant de membrane [9-11], rejet aigu de greffe
cardiaque[12], insufsance cardiaque terminale sur cardiomyopathie dilatée
idiopathique ou ischémique, arrêt cardio-circulatoire[11,13-16] et plus excep-
tionnellement, embolie pulmonaire grave[17], hypothermies profondes[18],
et défaillance cardiaque sévère dans le cadre d’un choc septique. Dans ces
situations, les canules sont implantées par voie périphérique, au niveau des
vaisseaux fémoraux.
L’assistance cardio-respiratoire par ECMO est maintenant la technique de
première ligne pour la prise en charge des chocs cardiogéniques réfractaires
«d’étiologie médicale». Il est ainsi possible d’obtenir rapidement et de manière
peu agressive, si nécessaire au lit du malade et sous anesthésie locale, une
suppléance circulatoire et respiratoire particulièrement efcace. Dans ces
situations d’urgence, l’ECMO est implantée par voie périphérique avec canulation
par technique de Seldinger des vaisseaux fémoraux, soit par voie percutanée
exclusive, soit après abord chirurgical limité de la face antérieure des vaisseaux
fémoraux (Figure1). La canule veineuse de diamètre 19-25French est glissée
au travers de la veine fémorale puis de la veine cave inférieure jusque dans
l’oreillette droite, et la canule artérielle (15-19 French) est insérée jusqu’au
niveau de l’aorte thoracique descendante. An d’éviter une ischémie de membre
inférieur, un cathéter de perfusion de l’artère fémorale supercielle est le plus
souvent branché en dérivation sur le circuit artériel (Figure 1).
La décision d’implanter une ECMO repose sur un faisceau d’arguments
cliniques, paracliniques et souvent sur l’expérience personnelle et collective des
membres de l’équipe. De manière importante, cette technique lourde, grevée
de complications sévères, ne doit s’envisager que si les chances d’une récu-
pération de la fonction ventriculaire sont raisonnables ou, dans le cas contraire,
qu’il n’existe pas de contre-indication manifeste à une transplantation cardiaque
ou plus rarement à l’implantation d’une assistance ventriculaire dénitive. La
constatation de signes cliniques et hémodynamiques de choc cardiogénique
s’aggravant malgré un traitement inotrope positif maximal et parfois un ballon de