« Absurde » : vient du mot latin « absurdus » : ce qui est dissonant, discordant, qui est
contraire aux lois de la logique et de la raison.
Le théâtre de l’absurde apparaît au XXe siècle, à l’époque de la seconde guerre mondiale.
Ce mouvement représente une rupture dans l’histoire du genre théâtral. Les pièces
traitent généralement de l’absurdité de la vie (aspect dérisoire de la vie, face à
l’échéance inéluctable que constitue la mort).
Contexte historique :
Les deux guerres mondiales de la première moitié du XXe siècle, et notamment la
2nde guerre mondiale :
Traumatismes d’Auschwitz et d’Hiroshima > disparition de la conviction selon laquelle
le monde a un sens ; prise de conscience de l’abîme entre les actes humains et les
principes nobles
Changement des mentalités, ébranlées par le contexte de guerre > pessimisme
ambiant
Questionnement : la guerre a remis en question les idées et conceptions existantes >
incompréhension
Sentiment d’insécurité, de la fragilité de la vie et de l’homme.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la forme dramatique, comme la majorité des
formes artistiques, traverse une période de remise en question. Les auteurs ressentent la
nécessité de modifier profondément la forme théâtrale, tant au plan de l'écriture qu'au plan de la
mise en scène. Sur la rive gauche de la Seine se créent de nombreux théâtres de poche, qui
révèlent bientôt une nouvelle génération d'écrivains, au premier rang desquels Eugène Ionesco
et Samuel Beckett
Dans les années quarante se développe en France la philosophie existentialiste, dont le
représentant le plus connu est sans conteste Jean-Paul Sartre. Selon lui, en l'absence
d'un Dieu, l'homme détermine lui-même son existence. Mais cette absence de Dieu, de
croyance et de prédétermination, qui sous-entend à l'homme une totale liberté, peut
également faire naître le sentiment de l'absurdité de l'existence. Albert Camus développe
une réflexion sur cette notion dans Le Mythe de Sisyphe [1] : dans un univers privé de ses
illusions et de ses lumières, explique-t-il, l'homme ressent une séparation entre son être et
son existence, d'où naît le sentiment de l'absurde. Il observe trois attitudes de l'homme
face à l'absurdité de la vie. L'homme croyant se réfugie dans la religion pour combattre
l'absurdité. L'homme incroyant qui refuse d'accepter l'absurdité de la vie se suicide. Reste
une troisième voie, que Camus explore à travers Sisyphe, celle de la révolte : pour lui,
l'absurde ne prend sens que si l'on n'y consent pas. Pour mener sa réflexion, Camus
s'appuie sur le mythe de Sisyphe, héros antique condamné par les dieux à pousser un
rocher en haut d'une montagne. A chaque fois que Sisyphe est sur le point d'atteindre le
sommet, le rocher tombe, et tout est à recommencer. Camus y voit à la fois un bonheur,
parce que Sisyphe est totalement maître de son destin, et une tragédie, parce qu'il a
pleinement conscience de l'absurdité de sa tâche.
Contexte littéraire et culturel :
Influence d’Alfred Jarry : Ubu roi, 1896
Influence du mouvement surréaliste
Influence du courant existentialiste (Sartre : chef de file en France) : doctrine selon
laquelle l’essence de l’homme est illusoire, alors que l’existence humaine est à construire,
à réaliser. Remise en question de Dieu ; l’homme se construit uniquement par ses actes
Influence de la doctrine de l’absurde : doctrine qui s’apparente à l’existentialisme, mais
s’en détache. La doctrine de l’absurde [1] s’interroge sur le non-sens de la vie : la vie
vaut-elle la peine d’être vécue si l’on considère que pour la plupart des hommes, elle ne
consiste qu’à « faire les gestes que l’habitude commande » ? Dès lors se pose la question
du suicide : « Mourir volontairement suppose que l’on a reconnu, même instinctivement,
le caractère dérisoire de cette habitude, de l’absence de toute raison profonde de vivre,
le caractère insensé de cette agitation quotidienne et l’inutilité de la souffrance ». Camus
définit ainsi l’attitude de l’homme absurde : « Je tire de l’absurde trois conséquences qui
sont ma révolte, ma liberté, ma passion. Par le seul jeu de ma conscience, je transforme
en règle de vie ce qui était invitation à la mort et je refuse le suicide ». Il faut donc
relever le défi de cette absurdité et se révolter, continuer à vivre. Cette révolte seule
donne de la grandeur et de l’intérêt à la vie. Dès lors qu’il a conscience de cette lutte
contre l’absurde, l’homme conquiert sa liberté : il connaît sa condition et son issue, il
peut donc s’affranchir des règles communes et vivre « sans appel ». Dès lors, à lui de
multiplier les expériences lucides « pour être face au monde le plus souvent possible ».
Principes :
Mettre en évidence l’absurdité de la condition humaine. Eugène Ionesco dit qu’il met en
scène : « l’homme comme perdu dans le monde, toutes ses actions devenant insensées,
absurdes, inutiles »
Rupture totale vis-à-vis de toutes les traditions théâtrales
Refus du réalisme des personnages et de l’intrigue : théâtre contraire à la raison et au
sens commun
L’absurdité n’est pas démontrée : elle est seulement mise en scène ; c’est au
spectateur qu’il revient de comprendre, grâce aux gestes
Combattre les illusions, littéraires et philosophiques, qui donnent une image idéalisée
de l’homme.
Montrer les limites du langage dans la communication : souligner l’absurdité de la vie
et du monde par des discours absurdes ou vides
Refus du didactisme, de l’engagement, de l’idéologie.
Caractéristiques :
Définition du théâtre de l'absurde
Le théâtre de l'absurde est un terme formulé pour la première fois par l'écrivain et critique Martin
Esslin pour désigner une direction théâtrale importante du XXe siècle, aussi pour classer les œuvres
de certains auteurs dramatiques des années 1950, principalement en France, qui rompaient avec les
concepts traditionnels du théâtre occidental. Il désigne essentiellement le théâtre de Beckett,
Ionesco, Arrabal, les premières pièces d'Adamov et de Genet.
L'absurdité des situations mais également la destructuration du langage lui-même ont fait de ce style
théâtral un mouvement dramatique à part entière. Ce type de théâtre montre une existence dénuée
de signification et met en scène la déraison du monde dans laquelle l'humanité se perd.
C’est dans les années 1960 qu’est apparu ce terme. Certaines œuvres dramatiques, de Ionesco par
exemple ne pouvaient être qualifiées de tragiques, ce même si les sujets traités avaient bien des airs
de tragique .
Le théâtre de l’absurde désigne essentiellement le théâtre de Beckett, Ionesco. L'apparente
absurdité de la vie, un thème existentialiste que l'on trouvait chez différents auteurs tels Sartre et
Camus. Le théâtre de l'absurde n’est ni un mouvement ni une école. Les auteurs du théâtre absurde,
peu nombreux, n’appartiennent pas à la bourgeoisie. Ils ont en commun cette volonté de rejeter les
règles du théâtre, à savoir unité de temps, unité de lieu et unité d’action. C’est une approche plus
psychologique de la société et de l’homme ( nature humaine ) qu’ils tentent de faire partager par le
biais d’une intrigue et d’une communication par un dialogue souvent difficile ( Dans « En attendant
Godot » de beckett, les deux personnages parlent mais on a l’impression que chacun d’eux a un
discours différent…c’est vouloir montrer la difficulté de la communication…et c’est bien vrai… ! ) .
Ils introduisent de ce fait l'absurde au sein même du langage. Ce n’est pas innocent. En s’exprimant
ainsi, ils souhaitent mettre en évidence la difficulté de l’homme à communiquer, à clarifier ( trouver)
le sens des mots. De plus, en cherchant le sens des mots, l’homme s'angoisse et a peur de ne pas y
parvenir. C’est ainsi que, Ionesco comme Beckett faisaient le portraits de antihéros face à eux-
mêmes et à leur misère existentielle. Les personnages errent souvent dans ce monde sans le moindre
repère, prisonniers d’eux mêmes et, parfois ( même souvent) de leur ignorance.
Par des procédés tels que le décalage entre personnage et l’image qu’il peut avoir de lui part et
rapport à lui-me, et par rapport à l’autre, enfin par rapport au monde, il en perd son identité. Ces
pièces, appartenant au théâtre de l’absurde, travaillent finalement sur des sujets qui restent
récurrents : la conscience et l’inconscience, la logique et l’absurde, le langage compris ou non.
Pour Ionesco, le théâtre de l'absurde est le théâtre qui pose le problème de la condition humaine.
Disparition de l’intrigue : les situations n’évoluent pas, pas d’intrigue dans le sens
« narratif » du terme
Crise du personnage (présenté comme un pantin qui perd parfois son identité).
Souvent on ne trouve pas de personnalités marquées
Lieu et temps imprécis ou incohérents
Absence de communication entre les personnages : le langage mis en scène n’est plus
un moyen de communication mais exprime le vide, l’incohérence : déconstruction du
langage, qui ôte toute cohérence à l’intrigue et toute logique aux propos tenus sur scène.
Le langage représente la vie, laquelle est elle-même ridicule
Mise en scène différente : la majorité de ces pièces de théâtre ne possèdent ni acte ni
scène ; importance accordée aux gestes et attitudes des personnages ; souci du détail
à la volonté de créer un spectacle total (utilisation de mime, de clown, d’un maximum
d’éléments visuels, soucis du détail dans la mise en scène, jeux de lumières, de sons)
Importance des didascalies dans le texte écrit : nombreux moments où le théâtre n’est
plus parole, mais gestes et attitudes
Aspect tragique : solitude, souffrance, absurdité de la condition humaine. La scène se
déroule souvent dans un climat de catastrophe mais le comique s’y mêle—> caractère
absurde. L’absurde n’aboutit toutefois pas à un engagement (comme chez Sartre) ou à
une révolte (comme chez Camus). Personnages et situations du théâtre de l’absurde
semblent plutôt s’immobiliser dans un tragique total, un nihilisme sans fin.
Précurseurs :
Guillaume Apollinaire (1880-1918)
Antonin Artaud (1896-1948)
Albert Camus (1913-1960)
Thmes :
La solitude de l’homme, qui se sent étranger dans le monde
L’écoulement infini du temps, dans un univers sans passé et sans avenir
Le vide d’un espace sans repères
La vanité des actions humaines
L’absurdité de la condition humaine
La mort
Formes et procds :
Jeux sur le langage : jeux de mots, clichés, répétitions, humour noir, dérision
Mélange des registres tragique et comique
Effets de rupture dans les dialogues, à travers les phrases brèves, souvent réduites à
un mot
Auteurs et œuvres reprsentatifs du mouvement :
Samuel Beckett : En attendant Godot, 1952
Eugène Ionesco : La Cantatrice chauve, 1951
Jean Genet : Les Bonnes, 1947
Qui sont les auteurs de l'absurde ?
Martin Esslin évoque, parmi les auteurs majeurs de l'absurde, Arthur Adamov. Cet auteur, qui s'est d'abord
consacré à l'écriture de l'absurde, a ensuite rejeté cette part de son œuvre pour se consacrer à une écriture
didactique fortement inspirée des drames de Bertolt Brecht. Esslin revendique Le Ping-Pong, comme une
pièce absurde, parce qu'elle « montre l'homme engagé dans des entreprises vaines, dans une activité
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