SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS Comprendre l’organisation en action • Qu’est-ce qu’une organisation ? • Cela s’applique-t-il a à l’Etat ? • Existe-t-il une spécificité de l’Etat par rapport aux organisations privés ? • Comment expliquer les comportements d’un acteur dans une organisation ? • Que signifie comprendre ? INTRODUCTION Quelques questions centrales • Comment « organiser » ? • Quelle division des tâches ? • Quelle coordination ? • Quelles hiérarchies ? « L’étonnement, point de départ de la pensée, n’est pas le fait d’être intrigué, surpris ou perplexe; il comprend de l’admiration ». Hannah Arendt, La vie de l’esprit, PUF, 1991 INTRODUCTION Quelques exemples classiques • L’opposition entre services / départements • L’opposition entre profession • L’opposition entre départements / Ministères • L’opposition entre administration et politique: Qui dirige ? GOUVERNEMENT : COUACS ET RECADRAGES À RÉPÉTITION LE MONDE.FR | 03.10.2013 À 18H28 Le recadrage et le message de "fermeté" adressé aux ministres, mercredi 2 octobre, pour tenter de clore la controverse sur les Roms entre Cécile Duflot et Manuel Valls, sera le dernier, a assuré le président de la République, qui "n'aime pas faire ce rappel". Si François Hollande délègue souvent cette tâche à Jean-Marc Ayrault, il est toutefois l'auteur d'une longue série de mises en garde destinées à mettre fin aux couacs au sein du gouvernement. • 9 septembre 2012. "Des couacs, il y en a toujours dans tous les gouvernements", mais "c'est fini« . Après des tensions sur le nucléaire ou la banque publique d'investissement et l'affaire Lazard, François Hollande affirme, sur TF1, qu'"il faut les réduire et pour les réduire, c'est très simple, il faut se référer à mes propres engagements. Ce que j'ai dit devant les Français, ça doit être la règle pour l'action gouvernementale." • 15 octobre 2012. M. Hollande demande à M. Ayrault de faire respecter l'ordre au sein du gouvernement. Vincent Peillon suscite un tollé à droite et met la majorité dans l'embarras en se déclarant, le 14 octobre, en faveur d'un débat sur la dépénalisation du cannabis pour lutter contre les trafics dans les cités. "C'est un sujet majeur", souligne le numéro 3 du gouvernement, lors de l'émission "Tous politiques" de France Inter-AFP-Le Monde. "Très en colère" après cette énième expression divergente de l'un de ses ministres, François Hollande demande à M. Ayrault, le lendemain, "de faire respecter l'ordre au sein du gouvernement et de faire en sorte que les ministres ne s'expriment que sur leurs sujets de compétence". "L'avertissement du premier ministre peut être entendu au-delà de Peillon", indique-t-on par ailleurs à Matignon. • 24 octobre 2012. M. Hollande rappelle à l'ordre M. Ayrault après une annonce anticipée. Jean-Marc Ayrault annonce l'annulation par le Conseil constitutionnel de la loi sur le logement social. Il a ainsi empiété sur les prérogatives des "sages",explique Le Journal du dimanche. L'incident aurait amené François Hollande à lancer au premier ministre : "Ce n'est pas à toi de le dire. Tu es premier ministre. Le Conseil constitutionnel est une autorité indépendante." Une version démentie par l'Elysée. • 13 novembre 2012. M. Hollande reprend Manuel Valls, qui accuse la droite d'être responsable du "retour du terrorisme"en France. Manuel Valls provoque un incident de séance en accusant, à l'Assemblée nationale, la droite d'être responsable du "retour du terrorisme" en France.François Hollande réagit quelques heures plus tard, lors d'une conférence de presse : "Si je puis donner ce conseil aux uns et aux autres, à ceux qui sont aujourd'hui au gouvernement, à ceux qui sont dans l'opposition : ne perdons pas notre temps, ne nous divisons pas, ne polémiquons pas, ne cherchons pas à utiliser je ne sais quelle phrase à des fins de politique intérieure. C'est trop grave." • 3 janvier 2013. François Hollande demande à son gouvernement d'"agir en équipe« . Lors du conseil des ministres de rentrée 2013, le président de la République déclare qu'"un gouvernement, ce n'est pas une addition d'individualités, c'est un ensemble qui a son identité, son image, sa personnalité. Et aussi son chef. C'est ainsi que vous devez agir. En équipe." • 21 février 2013. François Hollande recadre Kader Arif. Le ministre délégué aux anciens combattants, Kader Arif, déclare devant les députés qu'il vient "d'avoir comme information, à confirmer, mais il semble qu'elle est confirmée, que nos otages au Cameroun ont été libérés". Il s'appuie sur une dépêche AFP erronée et dément son annonce lui-même, mais l'opposition profite sans tarder de l'occasion pour faire la leçon sur une question à la fois délicate et régalienne.A l'Elysée comme au ministère de la défense, c'est d'abord la stupéfaction qui prévaut. "Nous sommes en pleine coopération avec les autorités nigérianes et camerounaises pour localiser l'endroit où seraient retenus nos ressortissants", rectifie d'ailleurs M. Hollande. A l'Elysée, où l'on avance un "très malheureux concours de circonstances", on indique néanmoins que la proximité avec le chef de l'Etat de M. Arif, membre du cercle des hollandais historiques, n'avait pas empêché celui-ci de subir un sévère "recadrage". LE GRAND EMPRUNT Sarkozy écarte la rigueur et lance un emprunt public 22 juin 2009, Les Echos.fr Le chef de l'Etat s'est adressé pour la première fois devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles. Il a confirmé que "tout serait mis sur la table" lors de la réforme des retraites. Un remaniement ministériel sera annoncé mercredi. " Si j'ai voulu m'exprimer devant vous aujourd'hui, c'est pour montrer l'importance que j'attache au parlement et à son rôle ". Nicolas Sarkozy, qui s'est adressé solennellement, lundi 22 juin à 15 heures, aux parlementaires réunis en Congrès au château de Versailles, a ainsi répondu à la polémique sur cette " première ", l'intervention du président de la République devant députés et sénateurs, qui découle de la réforme de la Constitution adoptée l'été dernier. Voici les principaux points abordés par le chef de l'Etat, parmi lesquels le lancement d'un emprunt national, l'annonce d'un remaniement ministériel et la confirmation que le relèvement de l'âge de départ à la retraite sera bien étudié. (…) QUI DÉCIDE ? Administration vs Politique ? Partie I : Les « fondateurs » Partie II : Les travaux sur l’organisation des années 1930 Partie III : Merton et les dysfonctionnements dans les organisations Partie IV :Simon et la rationalité limitée Partie V : Crozier et la SO Partie VI : de nouvelles approches ? 1. BUREAUCRATIE ET ÉTAT, LES FONDEMENTS D’UNE APPROCHE SOCIOLOGIQUE 1. Montesquieu et Hegel, la philosophie de l’État en question 2. Marx : au-delà de la lutte des classes 3. Émile Durkheim : « observer les faits et non définir l’État dans l’absolu » 4. Max Weber : la bureaucratie à l’étude MONTESQUIEU (1689-1755) « [Les lois] doivent être tellement propres au peuple pour lequel elles sont faites que c’est un grand hasard si celles d’une nation peuvent convenir à une autre. (…) Elles doivent être relatives au physique du pays; au climat glacé, brûlant ou tempéré; à la qualité du terrain, à sa situation, à sa grandeur; au genre de vie des peuples, laboureurs, chasseurs ou pasteurs; ». Montesquieu, De l’esprit des lois, 1748 HEGEL (1770-1831) • 1807, la phénoménologie de l’esprit • 1821, principes de la philosophie du droit • 1822-1828,La raison dans l’histoire HEGEL (1770-1831) « Ce qui prévaut dans l’État, c’est l’habitude d’agir suivant la volonté générale et de s’assigner l’universel comme but. (…) Déjà dans les formes les plus rudimentaires, on renonce à la particularité de la volonté et c’est la volonté générale qui s’affirme comme essentielle. » Hegel, La raison dans l’histoire, 1822-1828, p. 138 [1965] HEGEL (1770-1831) « L’État vit dans les individus (…) L’Etat, ses lois, ses institutions appartiennent à ces individus ; (…) Si l’on demande à un Anglais ce qu’il est, il dira de lui-même et de ses concitoyens qu’ils sont ceux qui règnent sur l’Inde et sur les océans, qui contrôlent le commerce mondial, qui ont un parlement, des jurys, etc. Ce sont ces actes qui forment le sentiment de soi d’un peuple. » Hegel, La raison dans l’histoire, 1822-1828, p. 147 [1965] HEGEL (1770-1831) « L’Etat est la sphère de conciliation de l’universel et du particulier. » 1.2. KARL MARX (1818-1883): AUDELÀ DE LA LUTTE DES CLASSES • 1844, contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel • 1848, Manifeste du Parti communiste • 1850, la lutte des classes en France • 1852, Le 18 brumaire de Louis Napoléon Bonaparte • 1867, Le Capital 1.2. KARL MARX (1818-1883): AUDELÀ DE LA LUTTE DES CLASSES « immense organisation bureaucratique et militaire, avec ses mécanismes étatiques et complexes, son armée de fonctionnaires d’un demi-million d’hommes et son autre armée de cinq cent mille soldats, effroyables corps parasites qui recouvrent comme une membrane le corps de la société française et en bouche tous les pores ». 1.2. KARL MARX (18181883): AU-DELÀ DE LA LUTTE DES CLASSES « la bureaucratie ne peut que protéger la généralité imaginaire de l’intérêt particulier pour protéger la particularité imaginaire de l’intérêt général ». (Critique de la philosophie de l’Etat de Hegel) 1.2. KARL MARX (1818-1883): AUDELÀ DE LA LUTTE DES CLASSES « Les privilèges seigneuriaux des grands propriétaires fonciers et des villes se transformèrent en autant d’attributs du pouvoir d’Etat, les dignitaires féodaux en fonctionnaires appointés et la carte bigarrée des droits souverains médiévaux contradictoires devint le plan bien réglé d’un pouvoir d’Etat dont le travail est divisé et centralisé comme dans une usine. » EMILE DURKHEIM (1858-1917) • 1893, De la division sociale du travail • 1895, Les règles de la méthode sociologique • 1897, Le suicide, Etude de sociologie • Leçons de sociologie EMILE DURKHEIM (1858-1917) 1. L’Etat est un organe complexe composé de gouvernants et qui a un fonctionnement autonome et spécifique. 2. Pour comprendre l’Etat, il faut observer les faits (sociologie) et non définir dans l’absolue l’Etat et, observant les faits différents, indiquer que ce sont les faits qui ne sont pas conformes. EMILE DURKHEIM (1858-1917) Qu’est-ce d’ailleurs que l’État ? Où commence et où finit-il ? On sait combien la question est controversée ; il n’est pas scientifique de faire reposer une classification fondamentale sur une notion aussi obscur et mal analysée ». 1.4 MAX WEBER (1864-1920) • 1904-1905, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme • 1913, Essai sur quelques catégories de la sociologie compréhensive • 1917, La sociologie de la religion • 1922, Economie et Société (publication posthume) 1.4 MAX WEBER (1864-1920) a) La méthode compréhensive «Nous appelons sociologie (…) une science qui se propose de comprendre par interprétation l’activité sociale et par là d’expliquer causalement son déroulement et ses effets. (…) Nous entendons par « activité » un comportement humain (…) quant et pour autant que l’agent ou les agents lui communiquent un sens subjectif. Et par « activité sociale », l’activité qui, d’après son sens visé par l’agent ou les agents se rapporte au comportement d’autrui, par rapport auquel s’oriente son déroulement. » 1.4 MAX WEBER (1864-1920) • comprendre c'est-à-dire saisir les significations • Interpréter, c'est-à-dire organiser les concepts • Expliquer, c'est-à-dire mettre à jour les régularités 1.4 MAX WEBER (1864-1920) a) La méthode compréhensive b) Les 4 idéaux-types de l’action • L’action rationnelle en finalité • L’action rationnelle en valeur • L’action affective • L’action traditionnelle 1.1 MAX WEBER (1864-1920) a) La méthode compréhensive b) Les 4 idéaux-types de l’action c) Relation sociale et domination W distingue pouvoir et domination. Si le pouvoir est imposé (par la force physique par exemple), la domination est une relation sociale déséquilibré mais accepté par les deux parties • Domination et légitimité charismatiques (soumission au caractère sacré ou héroïque d’une personne) • Domination et légitimité traditionnelles (croyance en la sainteté des traditions valables de tout temps • Domination et légitimité légale ou rationnelle (croyance en la légalité des règlements arrêtés. L’ordre est impersonnel) 1.4 MAX WEBER (1864-1920) a) La méthode compréhensive b) Les 4 idéaux-types de l’action c) Relation sociale et domination d) L’Etat « Il convient de définir le concept d’État à son type moderne (…) mais en faisant également abstraction du contenu des fins Finsvariables variables que nous vivons précisément de nos jours. Ce qui est formellement caractéristique de l’État contemporain, c’est une réglementation administrative et juridique, modifiable par des lois, d’après laquelle s’oriente l’entreprise de l’activité de groupement de la direction administrative (…) et qui revendique une validité non Qui revendique une validité seulement pour les membres du groupement (…)(…) mais aussi dans les limites du territoire dans une large mesure, pour toute l’activité qui se déroule dans les limites du territoire qu’il domine. (…) qu’il domine Il se caractérise en outre qu’il n’existe de nos jours de violence « légitime » que dans la mesure où l’ordre étatique Violence ou légitime la permet la prescrit ([droit de châtier du père de famille]) Cet aspect du monopole de la violence réservé à la domination étatique est une caractéristique aussi essentielle de sa condition présente que son caractère « d’institution rationnelle » ou « d’entreprise » continue. »» Institution rationnelle Entreprise continue et Société Max Weber, Economie 1.4 MAX WEBER (1864-1920) a) La méthode compréhensive b) Les 4 idéaux-types de l’action c) Relation sociale et domination d) L’Etat e) La bureaucratie 1.4 MAX WEBER (1864-1920) • Les fonctionnaires sont libres et n’obéissent qu’au devoir objectif de leur fonction • La hiérarchie de la fonction est solidement établie • Les compétences de la fonction sont également solidement établies • Les attributions sont liées à la fonction occupée et sont définies par contrat et sur le principe d’une sélection ouverte • Cette sélection ouverte repose sur la qualification professionnelle révélée par un examen et attestée par un diplôme • Les rétributions sont des appointements fixes gradués selon le rang hiérarchique et corresponde aux responsabilités assumées • La fonction est l’unique et la principale occupation • L’avancement résulte de l’ancienneté et du jugement des supérieurs • Les fonctionnaires ne peuvent s’approprier leur emploi •Les fonctionnaires son soumis à une discipline et à un contrôle. 1.4 MAX WEBER (1864-1920) • La continuité • L’existence d’une hiérarchie des fonctions • Une séparation complète entre vie privée et fonction • La spécialisation des agents 1.4 MAX WEBER (1864-1920) « La domination bureaucratique a donc fatalement à sa tête un élément au moins qui n’est pas purement bureaucratique ». 1.4 MAX WEBER (1864-1920) a) La méthode compréhensive b) Les 4 idéaux-types de l’action c) Relation sociale et domination d) L’Etat e) La bureaucratie f) La légitimité des fonctionnaires 1,1 MAX WEBER • la légitimité des fonctionnaires repose sur la spécialisation du savoir. • « L’administration bureaucratique signifie la domination en vertu du savoir ». C’est justement parce qu’elle maîtrise le savoir que la bureaucratie peu dominer rationnellement. • , le savoir spécialisé est une « énorme position de puissance ». • « Le conseiller privé spécialisé finit le plus souvent par l’emporter sur le ministre non spécialiste dans l’exécution de sa volonté. » 1.4 MAX WEBER (1864-1920) a) La méthode compréhensive b) Les 4 idéaux-types de l’action c) Relation sociale et domination d) L’Etat e) La bureaucratie f) La légitimité des fonctionnaires g) La croissance de la bureaucratie 1,1 MAX WEBER • Weber considère que la tendance de la bureaucratie « moderne » est de croître • ce développement de la bureaucratie se développe dans tous les domaines (Etat, église, armée, parti, entreprise, etc.). • « la naissance de celle-ci est pour ainsi dire, la spore de l’Etat occidental moderne ». • la bureaucratisation est rendue nécessaire par l’accroissement régulier de l’administration de masse