Le traitement, symptomatique, est celui de la prééclampsie et il associe antihypertenseurs et
correction volémique. Différentes études ont fait état de l'intérêt de l'administration de corticoïdes
afin de diminuer le délai de retour à la normale des plaquettes et des tests hépatiques, mais aussi
afin de permettre la poursuite de la grossesse. Magann et al. avaient montré dans deux études
prospectives randomisées que l'administration de dexaméthasone (10 mg intraveineux direct deux
fois par 24 h) en anté-partum permettait une remontée significativement plus rapide des
plaquettes qui devenaient supérieures à 100 000 à la 35e h dans le groupe traité, ainsi qu'une
normalisation plus rapide des tests hépatiques que lorsqu'il n'y avait pas d'administration de
corticoïdes [23]. De même, l'administration de corticoïdes en post-partum permettait une
remontée significative des plaquettes et une diminution des LDH et des ALAT dans le groupe traité,
alors que l'évolution est inverse dans le groupe non traité [24]. Dans une étude rétrospective
portant sur 433 patientes, les mêmes auteurs observaient que l'administration prolongée de
corticoïdes permettait un meilleur contrôle des plaquettes et des tests hépatiques dans le post-
partum, ainsi qu'une diminution de la morbidité maternelle [25]. Dans une étude rétrospective, il
avait été montré que l'administration en anté-partum de corticoïdes permettait une augmentation
significative du taux d'anesthésies locorégionales (ALR) [0 versus 57 %] pour le travail ou la
césarienne, chez les patientes qui accouchaient plus de 24 h après leur admission [26]. Toutefois,
une méta-analyse réunissant cinq études conclut qu'il n'y a pas de bénéfice à l'utilisation des
corticoïdes en termes de morbidité et de mortalité maternelle ou périnatale, bien que les
corticoïdes entraînent un taux de plaquettes significativement plus élevé à la 48e h, un délai entre
l'admission et la naissance significativement plus long et une durée d'hospitalisation
significativement plus courte [27].
Quelques cas d'utilisation d'échange plasmatique ont été rapportés, la lecture de ces observations
fait planer le doute sur le diagnostic de Hellp syndrome chez des patientes en défaillance
multiorgane chez qui d'autres diagnostics ne peuvent être écartés [28] [29].
La récurrence du Hellp syndrome serait de l'ordre de 6 %. Toutefois, plus d'une femme sur deux
voit ses grossesses suivant un Hellp syndrome compliquées de prééclampsie ou d'hématome
rétroplacentaire. Il n'est pas spécifié dans ce travail rétrospectif si les grossesses suivant le Hellp
syndrome étaient menées ou pas sous aspirine [30].
Hématome sous-capsulaire du foie
La survenue d'un hématome sous-capsulaire du foie est une complication redoutable de la
grossesse. Son incidence est évaluée de 1/40 000 à 1/250 000 grossesses [31]. Il survient, dans la
majorité des cas, au décours d'un Hellp syndrome qu'il compliquerait dans 1,5 % des cas.
Toutefois, quelques cas de survenue en dehors de tout contexte prééclamptique ont été
rapportés [32] [33]. L'hématome se situe le plus souvent au niveau du foie droit mais n'est pas
systématisé.
Les manifestations cliniques associent une douleur de l'hypochondre droit, scapulaire droite ou
dorsale et un état de choc hypovolémique lié à l'importance de l'hémorragie intrahépatique, ou
intra-abdominale en cas de rupture. Le diagnostic est affirmé par l'échographie et la
tomodensitométrie.
Des épanchements pleuraux et une ascite sanglante peuvent se rencontrer en dehors de tout
syndrome de rupture. Une insuffisance rénale aiguë, un œdème pulmonaire et des troubles de
coagulation à type de coagulopathie de consommation ont été décrits en accompagnement d'un
hématome sous-capsulaire du foie, une comorbidité est présente chez ces patientes dans 90 % des
cas [34]. La complication la plus grave est la rupture de l'hématome.
Dans une série de cinq cas recueillis dans un seul centre, deux des hématomes surviennent en
anté-partum, deux autres dans les heures qui suivent l'accouchement et le dernier au deuxième
jour après l'accouchement [35].
La mortalité maternelle est difficile à évaluer : des séries anciennes, citées par Carlson et Bader,
font état d'une diminution de la mortalité de 35 à 18 % entre 1976 et 1991 [34].
En dehors des cas de rupture, le traitement est conservateur, la patiente étant surveillée en unité
de soins intensifs [35] [36]. Le traitement consiste à compenser les pertes sanguines par
l'administration de concentrés érythrocytaires, et éventuellement de plaquettes en fonction de la
numération plaquettaire. L'utilisation du facteur VII recombinant a été rapportée dans ces
circonstances [37]. Une ponction pleurale peut s'avérer nécessaire ainsi qu'une ponction d'ascite
échoguidée afin de minimiser ou de prévenir l'apparition d'un syndrome du compartiment
abdominal. La surveillance de l'hématome se fait par examens tomodensitométriques répétés, en
sachant que la disparition de l'hématome peut prendre plusieurs mois.
Un traitement chirurgical peut s'avérer nécessaire en cas de rupture de l'hématome, il est toujours
difficile et conduit à des laparotomies répétées. L'association à une hémorragie d'origine utérine
peut conduire à une hystérectomie d'hémostase associée. Il a été décrit des procédures