particulièrement en terme de remplissage vasculaire ou d’initiation d’un traite-
ment par catécholamines inotropes ou vasopressives. Pourtant, sa réalisation
n’est pas des plus aisées.
Le choc septique est un choc mixte associant des composantes hypovolé-
mique (hypovolémie absolue par fuite capillaire, hypovolémie relative par
veinodilatation), cardiogénique (par diminution de la contractilité), obstruc-
tive (par augmentation des résistances artérielles pulmonaires), vasoplégique
(par vasodilatation artérielle), cytotoxique avec des troubles de l’extraction de
l’oxygène malgré un transport d'O2conservé (4, 5). S’y ajoute une composante
distributive (anomalies de la perfusion périphériques malgré un débit
cardiaque élevé) qui concerne à la fois la macro-circulation (territoire splanch-
nique, rénal) et la micro-circulation (shunt) (6).
Il faut donc un moyen d’évaluation qui puisse prendre en compte les
éléments suivants :
– la complexité des tableaux hémodynamiques liés au sepsis : classique-
ment, après un remplissage vasculaire adéquat, on retrouve une hypotension
par effondrement des résistances vasculaires périphériques avec un débit
cardiaque élevé, souvent suivie d’une défaillance ventriculaire gauche associant
dysfonctions diastolique et systolique (7). Le remplissage vasculaire peut ainsi
démasquer la dysfonction myocardique. L’évaluation de la dysfonction ventri-
culaire est rendue difficile par le fait que la diminution de la pression artérielle
est plus souvent la conséquence de la vasoplégie que celle d’une dysfonction
ventriculaire sévère (8). Cette vasodilatation artérielle peut contribuer à
masquer l'altération des paramètres de fonction ventriculaire. De plus, contrai-
rement aux données issues de l’expérimentation animale, il est inhabituel de
rencontrer des tableaux hémodynamiques purs dans les sepsis humains, surtout
après l’introduction de thérapeutiques correctrices ;
– dysfonction myocardique, qui concerne également le ventricule droit
dont les conditions de pré-charge (hypovolémie, ventilation en pression posi-
tive), de post-charge (vasoconstriction pulmonaire, hypertension artérielle
pulmonaire (HTAP), ventilation mécanique) et de contractibilité (ischémie,
médiateurs de l'inflammation…) contribuent à l'insuffisance circulatoire et à
la complexité des mécanismes physiopathologiques impliqués ;
– l’évolutivité importante de l’hémodynamique chez les patients septiques,
qui nécessitent une surveillance, si elle n’est continue, du moins pluri-quoti-
dienne ;
– les atteintes fréquemment associées d’autres organes vitaux qui peuvent
interférer avec les mesures réalisées, ou du moins les compliquer (interférences
cœur-poumon, détresse respiratoire, HTAP, cirrhose) ;
– les thérapeutiques déjà mises en place au moment de l’évaluation (amines
vasoconstrictrices, remplissage vasculaire) ;
– les contraintes inhérentes aux patients de réanimation (décubitus dorsal
strict ou ventral, cicatrices de laparotomie, chirurgie œsophagienne, troubles
de l’hémostase…) ;
142 Sepsis sévère et choc septique