
Parler de solidarité serait-il devenu ringard ? A l’heure
où nous sacrifions une à une les valeurs de la société
sur l’autel de la liberté individuelle, est-il encore permis
de parler du sentiment d’un devoir moral envers l’autre,
moins nanti, moins chanceux, moins capable ? Poser
la question, c’est y répondre. Et pourtant, tous les
signes d’étiolement sont là : sondages
défavorables à la notion de solidarité
chez les jeunes, repli sur soi ou sur sa
communauté, stigmatisation de l’autre.
La solidarité est une valeur trop fonda-
mentale pour qu’on la galvaude. Sans
doute sommes-nous fatigués de cette
solidarité paternaliste, voire racoleuse,
dont certains ont fait leur fond de
commerce. On aimerait aussi entendre
parler de son complément essentiel, la
responsabilité, car un droit ne peut se
concevoir qu’en regard d’un certain
devoir. Mais la responsabilité ne peut
jamais servir à nier la notion même de
solidarité, un jeu auquel certains sont passés maîtres.
Si on passait la 6e réforme de l’Etat au “stress test” de la
solidarité-responsabilité, quels en seraient les résultats ?
Nous savons déjà que cette réforme sonnera le glas de
la solidarité entre les régions, une fois que la période de
transition sera terminée. Mais nous sommes probable-
ment moins conscients du risque pris sur la solidarité
inter-personnelle. Au nom des particularités régionales
(on se demande toujours lesquelles), les soins de santé
évolueront de manière différente entre régions (prix,
remboursements, services…), tendance que l’autono-
mie fiscale ne fera que renforcer. Rien ne garantit non
plus que le principe fondamental qui veut que chacun
contribue au système en fonction de
ses revenus sera préservé, certains
caressant déjà l’idée qu’une cotisation
personnelle vienne compléter le
financement des matières transférées.
Quant à la responsabilisation, elle est
inexistante dans l’accord signé fin
2011. Pire, les compétences ayant été
réparties en dépit du bon sens, les
entités joueront à qui peut au mieux
transférer des coûts sur les autres.
Un exemple : si Monsieur Durant,
personne âgée dépendante, est soigné
à domicile ou dans un lit gériatrique
d’un hôpital général, il sera à charge
du Fédéral. Le même Monsieur
Durant soigné en maison de repos ou
dans un lit gériatrique isolé sera à charge
de la Communauté… cherchez l’erreur !
Nous ne pouvons pas nous empêcher
d’avoir une pensée émue pour
les fondateurs de notre système
solidaire, et pour le temps où
nous construisions l’avenir…
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6e réforme de l’Etat
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Xavier Brenez
Directeur Général
de l’Union Nationale des Mutualités Libres
Au nom
des particularités
régionales, les soins
de santé évolueront
différemment entre
régions, mettant à
mal la solidarité
inter-personnelle.