De plus en plus la notion de compétitivité des organisations productives est
appréhendée comme la résultante de facteurs prix et hors prix ; parmi ces derniers
les exigences de qualité (totale), d'innovation et de délai de mise sur le marché, de
réactivité et de flexibilité sont les plus fréquemment citées par les directions
d'entreprises.
Les sciences de gestion sont dès lors sollicitées pour concevoir, à l'usage des
cadres dirigeants, des leviers d'action qui assurent la cohérence et l'intégration des
divers programmes mis en œuvre pour améliorer la qualité, réduire les délais,
maîtriser les coûts…
La recherche de satisfaction conjointe d'attentes, a priori contradictoires, s'inscrit
dans le projet du management stratégique qui est de "concevoir, piloter, activer les
processus de finalisation, d'organisation et d'animation susceptibles d'assurer, dans
la durée, une congruence suffisante entre les buts et projets, les exigences perçues
de l'environnement et les capacités attribuées à l'entreprise." (Martinet, 1997)
Depuis quelques années, des recherches ingénieriques s'efforcent de produire des
connaissances scientifiques nouvelles qui puissent s'avérer utiles aux dirigeants, en
particulier pour leurs activités de délibération stratégique collective.
Dans le même temps, les praticiens se sont dotés de modèles heuristiques de
représentation des formes et des leviers de compétitivité. Parmi ceux-ci, le plus
diffusé ou, en tout cas, le plus mentionné est certainement celui de la qualité totale
qui articule qualité (de conformité, mais aussi d'usage), coûts et délais, d'une part,
orientations stratégiques, leadership, management des ressources et des processus,
d'autre part (Wissler, 1999).
Cette approche s'appuie sur le principe de satisfaction voire de fidélisation des
différentes parties prenantes de l'entreprise et sur celui de déploiement des
objectifs dans les principales activités de l'organisation. La formalisation de ce
cadre de diagnostic et de management a été assurée par les prix de la qualité et en
particulier celui de l'EFQM, qui est de plus en plus souvent utilisé ou présenté
comme un cadre pour le diagnostic stratégique (Weill, 1997 ; Conti, 1997).
En revanche la composante "leviers d'action" est plus limitée, même si commencent
à se multiplier les recueils de bonnes pratiques de management, ces dernières étant
identifiées soit par des "experts" qui évaluent les candidats à un prix "Qualité" soit à
l'intérieur de clubs de benchmarking.
Plus récemment, la notion de production au plus juste et celle de Lean management
ont été associées à l'exploitation optimale du potentiel de l'entreprise, dans une
perspective d'amélioration conjointe de la productivité, de la qualité et de la
flexibilité de la production (Womack, 1994). A l'instar de ce qui a été fait dans les
entreprises les plus performantes de l'industrie automobile mondiale, il s'agit
d'éliminer les activités qui ne contribuent en aucune façon à la création de valeur
pour les parties prenantes, et plus spécialement les clients, de façon à concentrer
les ressources sur les processus critiques.
Depuis plus d'un an, dans le cadre d'un programme européen PIC ADAPT, une
action expérimentale a été mise en œuvre dans les activités tertiaires, qualifiée de