soin ou s'en affranchit pour d'autres horizons. Au train où vont les choses, l'extension
psychologique de le neuropsychologie semble hésiter entre sa dissolution dans une nouvelle
psychophysique ou « naturalisation de l'esprit » (encore convient-il de bien entendre le mot
nature), une psychologie cognitive dont l'experimentum est l'observation des comportements
en lien avec un événement ou l'exécution d'une tâche et une psychologie pathologique en
rupture avec l'épiphénoménisme neuronal.
L'anthropologie clinique et la paléoanthropologie auraient leur mot à dire dans les modalités
de cette extension, car elles ne sont pas ignorantes, l'une et l'autre, du fait que la pensée,
comme le rappelle Alain Prochiantz, n'a pas de siège, « qu’elle est le rapport adaptatif entre le
vivant (individus et espèces) et son milieu. »
Si la pensée, phénomène de la nature commun aux organismes, est bien ce rapport, elle n'a
plus à s'incarner dans une structure ou une machine et donc tombe le postulat
(substantialiste) d'une neuropsychologie cognitiviste. La théorie de l'implémentation ou de
l'incarnation de processus, d'algorithmes dans le cerveau peut confiner à la « déification » d'un
organe.
Ces courants d'une neuropsychologie « émancipée » de la neurologie se positionnent « au
chevet du malade » cérébrolésé mais dans une autre intention que celle du clinicien : ils sont
investigateurs des processus de cognition à la faveur d'un dommage cérébral. Autrement dit,
ils ne sont pas, là, présents au lit du malade, dans une position thérapeutique. Un neurologue
peut faire cette investigation avec les outils de la neuropyschologie, mais il reste médecin en
référence à une réalité organique et sociale (un accident du travail par exemple, une
agression). Un psychologue clinicien peut faire une observation, travailler une plainte
cognitive en référence à une réalité psychique et familiale. On sort donc, de fait, de la
médecine et de la psychologie pathologique avec les discours neuropsychologiques qui
empruntent leurs modèles à des théories physiques comme celle (ancienne) de la
cybernétique, celle de l'information ou des neurones formels en réseau. On parle beaucoup,
en ces matières, d'information sans toujours bien définir de quoi il est question. Comme
l'écrivent Georges Chapouthier et Frédéric Kaplan : « La métaphore file si bien qu'on finit par
oublier que c'en est une. »
La neurologie, la gériatrie, la psychiatrie et la psychologie clinique ont intérêt pour les patients
et leur famille à renforcer leur colloque dans un esprit interdisciplinaire et laïque. Les cliniciens
ne peuvent non plus ignorer l'existence de « tensions budgétaires » considérables qui
précipitent la recomposition des qualifications, des métiers et de l'organisation des soins
dans l'objectif de réduire les coûts et la « visibilité budgétaire » de certaines dépenses.
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