Pollution de l'air intérieur : Etat des connaissances concernant les effets sanitaires
ENVIRONNEMENT ET SANTÉ
fibreux (flocages et calorifugeages). Aujourd'hui,
ce sont les fibres minérales artificielles telles que
les laines de verre, de roche et de laitier qui sont
utilisées pour l'isolation. Ces fibres sont moins
persistantes dans le tissu pulmonaire, ainsi le
Centre international de recherche contre le cancer
(Circ) les classe dans le groupe 3 (inclassable) en
terme de potentiel cancérigène.
Les composés organiques volatils (COV)
Plus de 500 COV ont été décelés à l'intérieur des
bâtiments. Ces substances comprennent
notamment le benzène, le tétrachloroéthylène, le
chloroforme, le toluène, les xylènes, les terpènes.
Parmi les substances semi-volatiles, les pesticides,
dont divers composés organochlorés, les
biphényles polychlorés et certains HAP sont les
plus fréquemment rencontrés.
Les COV sont émis par diverses sources :
matériaux de construction, colles, nettoyants,
peintures, produits domestiques, désodorisants et
photocopieurs… Les émissions primaires sont
surtout importantes après la fabrication des
matériaux et disparaissent après environ un an de
mise en œuvre. En revanche, les émissions
secondaires dues à l'action sur le matériau de divers
facteurs tels que de hautes températures, l'humidité,
les traitements chimiques d'entretien, etc., peuvent
durer, voire augmenter dans le temps (Grimaldi et
Déoux, 2003). Plusieurs COV sont cancérogènes
et, à des concentrations élevées, ils peuvent être
neurotoxiques ou tératogènes. Les effets à court
terme d'expositions à de faibles concentrations sont
moins bien connus.
Le formaldéhyde
Il existe de nombreuses sources de formaldéhyde à
l'intérieur des bâtiments car il est contenu dans
plusieurs produits de consommation courante
(papier, cosmétiques, détergents, meubles, tapis,
bois aggloméré…) et également dans la fumée de
tabac (de loin la source la plus importante).
Le formaldéhyde est un irritant puissant des
muqueuses provoquant sécheresse et douleur au
niveau des yeux, du nez et de la bouche. Cette
irritation apparaît à des concentrations supérieures
à 0,1 ppm. A des concentrations plus élevées, il
provoque œdème et inflammation des muqueuses
et de la peau. Il a été classé cancérigène certain par
le Circ en juin 2004. Par ailleurs, certaines études
suggèrent une association entre exposition au
formaldéhyde et asthme chez les jeunes enfants
(Rumchev et al., 2002). Ces composés auraient en
effet une potentialité allergisante.
Les principaux biocontaminants
Les allergènes respiratoires
Les sources majeures d'allergènes sont par ordre
d'importance : les acariens, les animaux
domestiques, les moisissures avec la libération de
spores dans l'atmosphère, et les blattes. Les
acariens sont retrouvés dans les matelas, les
oreillers et les tapis. La literie est la niche
écologique préférentielle des acariens, un taux
d’hygrométrie élevé favorisant leur
développement.
Ces quatre catégories d'allergènes peuvent
provoquer chez des individus atopiques une
hypersensibilité spécifique ou allergie. L'atopie se
définit comme une caractéristique génétique d'un
sujet à développer des immunoglobulines E (IgE)
spécifiques qui sont les anticorps de l'allergie vis-
à-vis d'un allergène. Les facteurs génétiques jouent
donc un rôle très important dans le déclenchement
de l'asthme et autres maladies respiratoires. Par
ailleurs, selon certains auteurs, une exposition en
bas âge aux allergènes respiratoires augmente le
risque de souffrir plus tard de problèmes de santé,
notamment d'asthme. La réduction des allergènes
dans l'air intérieur serait donc souhaitable pour
réduire la morbidité, particulièrement chez les
enfants.
Les endotoxines
Les endotoxines, ou lipopolysaccharide (LPS),
sont des composants de la paroi des bactéries
Gram- et ont un pouvoir inflammatoire. Elles
pourraient avoir un rôle vis-à-vis de l'asthme.
Cependant de nombreuses interrogations
demeurent sur leur rôle potentiel dans la
modulation de la sensibilisation aux allergènes et
dans l'apparition et l'aggravation de l'asthme
allergique. Par ailleurs l'exposition domestique aux
endotoxines est mal connue. De même, les facteurs