un état de fait, qui ne peut être confondu
avec le concept de «crise».
La présente loi nous dit cependant qu’elle
doit être décrite dans le rapport médical cir-
constancié et que «L’inadaptation aux
valeurs morales, sociales, religieuses, poli-
tiques ou autres, ne peut être en soi considérée
comme une maladie mentale.» (Art. 2). La
marginalité et le vagabondage ne peuvent
donc être confondus avec la maladie mentale
et il convient d’être attentif pour que cette loi
ne serve pas à combler les lacunes d’un sys-
tème d’organisation sociale insuffisant (8).
En imposant l’obligation de fournir un rap-
port médical circonstancié, le législateur
impose aux médecins de préciser la maladie
dont est atteinte la personne concernée ou du
moins d’en faire la preuve en décrivant quels
sont les symptômes ou troubles mentaux
pouvant être objectivables et soumis à la
contradiction (8).
2) La dangerosité
Il faut que l’état du malade requière une
telle mesure:
–soit qu’il mette gravement en péril sa
santé et sa sécurité (conditions cumula-
tives),
–soit qu’il constitue une menace grave
pour la vie ou l’intégrité d’autrui (condi-
tions distinctes).
Après avoir décrit les symptômes tradi-
tionnels de la maladie mentale, il convient en
outre de repérer dans chaque cas particulier
s’il existe dans le comportement de l’individu
une dangerosité à ce point grave pour lui-
même ou pour autrui qu’elle nécessite une
mesure de contrainte (8).
La loi exige que la santé et la sécurité
soient gravement mises en péril. L’adjonction
de la notion de «sécurité» apparaît comme
une mesure de protection supplémentaire
voulue par le législateur, la notion de «santé»
étant un terme très vague, pouvant recouvrir
à la fois une santé physique, psychique et
sociale. La notion de «sécurité» entraîne un
effet restrictif car, si de celui qui met en péril
sa santé physique, on pourrait admettre qu’il
compromet nécessairement sa sécurité, l’in-
verse est moins évident (7). La jurisprudence
nous apprend également que le péril grave
consiste en un comportement psychopatho-
logique exerçant une influence négative pro-
fonde sur la santé et la sécurité de l’intéressé,
pour lesquelles il constitue une menace
sérieuse de conséquences potentiellement
irréparables ou, à tout le moins, graves. Telle
menace excède une situation de danger tem-
poraire principalement matérielle ou même
une série d’incidents occasionnels (7). Cette
notion de «péril grave» va donc bien au-delà
du simple bien-être du malade.
Le législateur a préféré la notion plus res-
trictive d’«intégrité» à celle de «sécurité» ou
d’«ordre public». Dans la jurisprudence,
cette menace pour la vie ou l’intégrité
d’autrui doit être entendue au sens d’une
menace d’agressivité physique, morale, phy-
siologique ou psychologique à l’égard d’un
tiers (9), ce qui malheureusement a pour effet
d’élargir l’acception donnée à cette condi-
tion.
Nombreux sont ceux qui se sont déjà
inquiétés du caractère incertain des concep-
tions de l’état dangereux qui varieraient au
gré des modes scientifiques et qui ne sont pas
neutres du point de vue sociopolitique (8, 12,
13). Il faut bien admettre que toutes les
méthodes de prévision de la dangerosité,
qu’elles soient médicales (les experts ont ten-
dance à surévaluer la dangerosité) ou légales
aboutissent à un échec (8, 13, 14).
Enfin, la dangerosité doit s’apprécier au
moment où le juge statue en fonction de tous
les éléments qui influencent le comporte-
ment du malade, notamment l’entourage
familial, et reste une condition tant pour la
mise en observation que pour le maintien.
Un danger potentiel n’est pas suffisant. C’est
LOUVAIN MED. 119: 209-225, 2000.
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