mise en place par la Banque de France dans le sillage
des recommandations faites par un groupe de travail du
Conseil national de l’information statistique (CNIS) sur le
microcrédit. Cettecollecte est réalisée avec le concours
des associations, des banques et du Fonds de cohésion
social. Ellevise à recenser tous les semestres les flux de
crédits nouveaux et les taux d’intérêt et, une fois par an,
les encours de crédits ainsi que plusieurs autres variables,
parmi lesquelles les performances relatives à ces
financements en termes de défaut et de qualité du risque.
Les premiers résultats montrent que l’encours
des microcrédits, environ 700 millions d’euros
au31décembre2012, apparaît très faible comparé
au total des crédits aux entreprises (810milliards) et
aux ménages (1083milliards). Selon les comparaisons
internationales disponibles, la France est toutefois
leader, avec une proportion d’environ30 % des
encours de microcrédit en Europe.
Les microcrédits professionnels financent surtout
la création et, dans une moindre mesure, la
reprise d’entreprises ou leur développement. Ils
sont constitués pour l’essentiel de microcrédits à
caractère de fonds propres (pour près des deux‑tiers
de l’encours). Les microcrédits personnels,
destinés à faciliter la reprise d’un emploi et la
mobilité, sont pour leur part peu représentés.
Lesmontants unitaires moyens de ces crédits sont
de l’ordre de6600euros pour les microcrédits à
caractère professionnel et d’environ 2200euros
pour les microcrédits à caractère personnel.
Les taux des microcrédits professionnels sont
sensiblement supérieurs à ceux des prêts bancaires
classiques alors qu’en revanche ceux des microcrédits
personnels leur sont nettement inférieurs.
Les prochaines améliorations apportées à la collecte
auront pour objectif d’approfondir la connaissance de
la performance de ces crédits, d’élargir le champ des
remettants et d’assurer un meilleur suivi des crédits
complémentaires consentis par les banques.
Bertrand Corbeau, directeur général de la Fédération
nationale du Crédit agricole, a illustré ensuite la notion
d’accompagnement en prenant l’exemple des points
passerelle mis en place par le Crédit agricole. Destinés
aux personnes en difficulté, ils ont été installés dans le
cadre d’approches partenariales avec l’ensemble des
parties prenantes, les associations et des personnes
bénévoles qui encadrent le processus.
10000dossiers sont traités annuellement par des
conseillers spécialisés, environ cent vingt personnes,
accompagnées par près de500opérateurs bénévoles.
Sur un échantillon de50000personnes, le taux de
succès est très important puisqu’il représente80%
des dossiers traités. Un diagnostic global est établi en
liaison avec les assistantes sociales et les organismes
sociaux. Lessolutions ne résident pas obligatoirement
dans l’octroi d’un crédit. Des financements n’ont été
mis en place que pour20% des dossiers.
Plus largement, le Crédit agricole est actif dans le
domaine du microcrédit. Lemicrocrédit personnel,
destiné à financer la recherche d’emploi, la formation
professionnelle ou la mobilité géographique,
représente la moitié des dossiers traités. Lemicrocrédit
professionnel finance quant à lui principalement la
création d’entreprises, avec l’appui de structures telles
que l’ADIE, France Initiative, et France Active.
Luc Mayaux, président de l’association Entrepreneurs de
la Cité, a présenté ensuite l’activité de microassurance.
Celle‑ci couvre500millions de personnes dans le
monde, dont3500en France. C’est un secteur en
fort développement dont le potentiel est important
au regard de la population des personnes bénéficiant
d’un microcrédit (130000) mais aussi des risques
encourus:15% des microentrepreneurs cessent
leur activité à cause d’un évènement accidentel.
La microassurance s’adresse à la même population que
le microcrédit, mais elle n’intervient pas uniquement
dans ce cadre. Cetteassurance doit être peu chère,
facturée à prix coûtant, et couvrir des montants
limités.
Les difficultés auxquelles est confronté le secteur sont
liées au type de clientèle: il s’agit d’une population
fragile qui fait courir aux prêteurs des risques
financiers élevés. L’équilibre et la performance de ces
opérations nécessitent d’élargir les portefeuilles pour
mieux mutualiser les risques. Or, la sensibilisation des
assurés potentiels est encore insuffisante alors que la
sinistralité est élevée.
Favoriser le développement de la microassurance
suppose d’améliorer l’information et la sensibilisation
aux risques des personnes pouvant être concernées.
Ilest nécessaire également d’établir un partenariat
avec les professionnels du microcrédit, d’élaborer
des produits ciblés et d’assurer un accompagnement
des assurés.
70 Bulletin de la Banque de France • N° 191 • 1er trimestre 2013
Études
Le microcrédit accompagné