LA CRPE ET LE DEVELOPPEMENT DURABLE C’est peut-être navrant, mais il existe encore des personnes qui pensent que développement durable rime avec mode passagère et que cette valeur est antagoniste avec celles de rendement et de rigueur financière. La notion de développement durable s’impose pourtant depuis longtemps comme une orientation incontournable dans le choix des politiques économique et financière globales. La notion de développement durable moderne/contemporaine a été définie en 1987 par le rapport de la commission mondiale des Nations Unies sur l’environnement et le développement. En voici la définition : « Un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Défendre et pratiquer le développement durable, c’est donc à la fois se placer dans une durée mais également dans un contexte systémique d’écosystèmes et de partage organisé des richesses. Les managers de demain sont ceux qui seront, dès aujourd’hui, capables de traiter les aspects économiques, sociaux et écologiques comme un tout cohérent. Il s’agira également de rendre les énergies sociales, écologiques et humaines renouvelables pour les générations futures : nos enfants et petits enfants… Cette approche se marie parfaitement bien avec l’orientation et la stratégie financière d’une caisse de retraite, dont le but est de gérer des capitaux sur un horizon-temps à long terme tout en soignant simultanément les prestations de ses assurés et de ses descendants. Depuis 2003 la CRPE s’est globalement engagée dans cette voie et entend poursuivre cette réflexion et cette pratique : faire fructifier notre fortune pour payer des rentes selon des critères de qualité. Aujourd’hui, sur l’ensemble de sa fortune mobilière, 10,1% sont investis dans des produits respectant les critères définis et retenus pour le développement durable, soit l’équivalent d’environ CHF 55,8 millions. Un exemple : Le microcrédit : un investissement responsable qui rapporte Il y a quelques mois, la CRPE décidait d’investir dans le microcrédit par le biais d’un fonds de placement spécialisé, le fonds Finethic, géré par la société Fundo SA, dont le siège est à Morges. L’argent collecté sert a octroyer des prêts à des organismes de microfinance dans plus de 20 pays de zones géographiques aussi variées que l’Europe de l’Est, l’Asie, l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud. Au bénéfice d’une parfaite connaissance du tissu économique local, ces organismes de microfinance prêtent à leur tour l’argent obtenu à des petits investisseurs locaux qui peuvent ainsi créer leur propre entreprise. Le microcrédit procure des ressources financières à des particuliers qui ne disposent pas des garanties suffisantes pour obtenir un prêt par les canaux bancaires traditionnels. A la différence d’un crédit à la consommation, ce genre de crédit finance un investissement en vue de produire des biens ou des services. Souvent les emprunteurs sont regroupés en un cercle de débiteurs solidaires les uns des autres. Ce modèle, qui induit une saine pression sociale, conduit à des taux de non-remboursement très bas, inférieurs à ceux que connaissent d’autres secteurs de l’activité de crédit. Les résultats Après bientôt deux ans de suivi, les résultats obtenus sur le plan financier sont très satisfaisants. La valeur nette d’inventaire de la part a progressé de près de 13%. En 2007, la performance du fonds a été de 6,20% et en 2008, de 6,17%. A titre de comparaison, les taux américains de référence (LIBOR) ont évolué entre 4,75% et 3,20% durant la même période. Avantages de ces investissements Les avantages d’un investissement en microfinance sont nombreux : 1) Décorrélation avec les marchés financiers : Cette économie évolue de manière indépendante du reste de l’économie mondiale. 2) Quasi-absence de volatilité : Pas de spéculation possible. 3) Insensibilité aux variations de taux d’intérêt : S’agissant de prêts et non d’obligations, les rendements sont fixes et déterminés à l’avance par les parties. 4) Rendement élevé : Performance annuelle de 6,5% en USD. 5) Prêts à des institutions auditées : Collaboration qu’avec des instituts de premier plan. 6) Frais de gestion minimaux : Les honoraires de gestion du fonds s’élèvent à 0,5%/ p.a.. Il n’y a ni frais d’entrée, ni frais de sortie. De plus, ces honoraires sont intégralement versés à la Fondation Finethic, dont le but est d’investir dans la santé et l’éducation des enfants dans le monde et de contribuer à l’éradication de leur exploitation. 7) Un des moyens pour endiguer la pauvreté : La microfinance soutient la croissance économique locale dans les pays en voie de développement, croissance qui est un des remèdes aux maux endémiques que sont l’immigration clandestine, le terrorisme, la prostitution, l’exploitation des enfants, etc. Conclusion La CRPE poursuit sa volonté d’investir de manière socialement responsable par son engagement dans un secteur dont l’impact positif a été souligné par l’octroi du Prix Nobel de la Paix en 2006 à l’un de ses pionniers, Mohammed Younous, fondateur de la Banque Grameen au Bangladesh. La prévoyance professionnelle suisse s’intègre dans le système d’assurances sociales offert aux travailleurs. Les actifs des institutions de prévoyance proviennent du revenu du travail déployé par les assurés. Les investir dans un fonds de microfinance, destiné aux travailleurs et microentrepreneurs, revêt ainsi un sens particulier. Rendre sa dignité à une personne, en lui permettant de travailler, laisse entrevoir la possibilité d’un monde plus harmonieux et plus équitable, dans lequel tout être humain, qu’il provienne d’un pays développé ou en voie de développement, aspire à vivre, lui et sa famille.