2011 - Journées de l`économie

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2011 Journées de l’Economie
Anna WYCZISK
Université Paris-Sud 11
09/11/2011 - 11/11/2011
Du mercredi 9 au vendredi 11 novembre 2011 se sont tenues les Journées de l’Economie
(JECO) de Lyon pour leur quatrième édition annuelle.
Ces Journées de l’Economie rassemblent des professionnels, des enseignants, des
chercheurs et des étudiants de tous horizons le temps de conférences sur les grands thèmes
économiques actuels.
Ces conférences sont animées par des intervenants pouvant être des économistes, des
hauts-dirigeants d’instances nationales ou internationales, des professionnels ou encore des
enseignants-chercheurs et des maitres de conférences d’universités. Le nombre de ces
conférenciers varie selon l’importance accordée la conférence dans le programme des
Journées de l’Economies (classée comme Grande Conférence ou comme Conférence
Débat).
Elles sont aussi modérées, le plus souvent par des journalistes, chargés de réguler le temps
de parole et de s’assurer du respect des horaires tout en ayant suffisamment de
connaissances sur le sujet.
Les conférences s’articulent en deux parties. La première s’organise autour des intervenants
au temps de parole égal s’exprimant librement sur le sujet, échangeant questions et
réponses avec le modérateur. La seconde partie, laisse place aux questions des personnes
présentes dans le public et leur laisse un temps de parole tout en permettant le dialogue
entre intervenants et auditeurs.
Le but de ces Journées de l’Economie est de créer un événement national, accessible au
grand public en impliquant l’ensemble des acteurs de l’économie, tout en laissant une place
au débat et en favorisant la visibilité de l’économie comme loisir ou profession.
Compte-rendu des Journées de l’Economie 2011
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1. Les Grandes Conférences
1.1.
Séance d’Ouverture
La séance d’ouverture a pour objectif de sensibiliser les participants à l’importance de l’économie au
sens domestique, que ce soit par des connaissances financières ou encore simplement économiques
(au sens basique du terme).
Le support de cette conférence est une étude réalisée en Juin 2011 par téléphone selon des numéros
choisis aléatoirement. Cette étude porte sur 10 questions en rapport avec l’économie et la finance.
Les résultats démontrent la faiblesse des connaissances en matière de finance des personnes
interrogées.
Quelques résultats de cette étude :
 Seules 24% des personnes interrogées ont pu définir le terme « obligation » (au sens valeur
mobilière),
 52% on réussi à définir un dividende,
 45% savent ce qu’est un fond commun de placement (FCP).
Plus inquiétant :
 En 2011, 25% des sondés croient encore au « placement miracle », soit peu de risques pour
un fort rendement,
 36% des personnes interrogées avouent ne pas comprendre totalement les enjeux des
placements qu’ils ont pris sur les conseils de leur conseiller financier.
Cependant, il est observé que les français connaissent les bases de la finance puisque 87% d’entre
eux classent les actions comme un produit financier risqué et 93% considèrent le livret d’épargne
comme « sûr ».
La conclusion de cette séance d’ouverture, sur la base de cette étude, est que les français sont peu
renseignés en matière de finance et des risques qui en dépendent.
1.2.
Comment domestiquer la mondialisation ?
Le premier intervenant de cette conférence est Pascal Lamy, Directeur Général de l’OMC. Il
considère la mondialisation comme la résultante des nouvelles facilités de transport des facteurs de
production (qu’il appelle la containérisation) et de la démocratisation d’internet.
Il voit celle-ci comme un choc Ricardo-Schumpetérien ; Ricardo pour l’intérêt de l’échange via les
avantages comparatifs et Schumpeter pour sa vision de la transformation de la société, comme une
suite de chocs économiques et sociaux post-croissance.
Il considère que les grands problèmes de la mondialisation actuelle sont l’asymétrie des conditions de
compétitions entre les pays et le sous-développement d’une majeure partie de l’Afrique.
Selon lui, les pays européens ont besoin de comprendre les mécanismes de l’économie actuelle,
d’améliorer leur compétitivité-qualité, d’améliorer la compétitivité des secteurs sédentaires, et
d’engager une négociation mondiale sur les politiques industrielles actuelles.
Un autre intervenant, François Bourguignon, Directeur de la Paris School of Economics et ancien
économiste de la Banque Mondiale, soutient que la nouvelle concurrence mondiale est la cause de la
baisse de la croissance et du pouvoir d’achat des pays du Nord. Il soutient que la mondialisation leur
a été bénéfique, mais qu’elle a entrainé des coûts non-négligeables pour les agents économiques.
Il ajoute, en revanche, que les bénéfices qu’elle a accordés aux pays en développement sont
énormes. Il cite les travailleurs chinois, dont le revenu annuel moyen a été multiplié par six entre 1990
et 2010.
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En conclusion, la mondialisation semble difficile à domestiquer puisque les intérêts des différents pays
et agents économiques sont extrêmement divergents.
Aujourd’hui, cependant, la question qui se pose mondialement est : « comment assurer le bien-être
des générations futures, tout en répondant à nos besoins », soit le dilemme du développement
durable.
1.3.
L’Europe en quête de politique industrielle
La France doit faire face à une baisse de sa croissance économique et au déclin de son activité
industrielle, ainsi qu’à un taux de chômage extrêmement élevé dans le secteur secondaire.
Il ressort de cette conférence que la France, ainsi que plusieurs pays européens, a un problème de
compétitivité (surtout dans le secteur industriel) face aux pays en développement.
L’Allemagne, par contre, échappe à ce problème en pratiquant à forte dose la coopération entre
grandes et petites entreprises, avec les secteurs de la recherche et du développement, idée à mettre
en place en France, en y intégrant les universités.
Philippe Aghion, de l’université d’Harvard, déclare que la politique industrielle doit faire son retour en
France, sans pour autant faire obstacle à la compétitivité ce dont elle avait été accusée. En effet,
certains pays, tels que la Chine, n’ont aucuns scrupules à pratiquer la politique industrielle. La France
doit soutenir son industrie sur le déclin, et la recentrer sur des sujets et des marchés actuels, à forte
valeur ajoutée comme le développement durable.
Des politiques sectorielles seraient, de même à envisager, de façon à mieux répartir les aides.
Augustin de Romanet, Directeur Général de la Caisse des Dépôts et Consignations, soutient, lui,
l’utilité du FSI (Fond Stratégique d’Investissement), créé en 2008 et géré conjointement par l’Etat et la
Caisse des Dépôts. Il se prononce pour la régionalisation de celui-ci de façon à se rapprocher des
besoins des entreprises (il sera approuvé par François Baroin lors de son intervention). Le FSI, à sa
création, a été doté d’un fond de 20 milliards d’euros à investir dans l’économie française.
De Romanet incite aux investissements de long terme dans l’économie, puisque les entreprise, selon
lui, ont besoin de fonds « propres et patients » de façon a pouvoir développer des projets sur le long
terme sans devoir se préoccuper d’actionnaires voulant de la rentabilité sur le court terme. Il a fait de
la CDC un actionnaire « patient » à son arrivée à sa tête, après de nombreuses sollicitations
d’industriels souhaitant son entrée dans leur capital.
La conclusion de cette conférence est le besoin de la France de soutenir son industrie déclinante, au
moment ou des scénarios catastrophes prédisent la fin de l’industrie française pour 2035. Elle doit
regagner en compétitivité, soutenir la recherche, qu’elle soit industrielle ou non, favoriser les
interactions entre entreprises et encourager les jeunes générations à poursuivre des études longues,
de façon à redynamiser le secteur scientifique.
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2. Les conférences-débats
2.1.
Les banques centrales de crise en crise
L’objectif de cette conférence est de montrer l’évolution progressive du rôle des banques centrales, en
particulier de la Banque de France, de leur création à leur situation actuelle.
Le terme « banque centrale » est relativement récent. Il date environ du milieu du 20e siècle.
Ces banques, comme d’autres institutions, apparaissent et se développent (ou se transforment) en
temps de crise. Leur rôle primaire est d’intervenir si certaines banques sont en faillite.
Pierre-Cyrille Hautcoeur, intervenant, cite l’exemple du Comptoir d’escompte de Paris.
En 1899, le Comptoir d’escomptes avait, suivant des banques d’investissement, investi massivement
dans la production mondiale de cuivre. En 1899, le cours du cuivre chute, et le directeur du Comptoir
se suicide, entrainant une course au dépôt des clients. La banque se retrouve dans une situation
délicate dont elle sera tirée par la Banque de France, qui, après lui avoir prêté sous certaines
conditions, organisera sa liquidation.
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Eric Monnet, enseignant à l’EHESS, continue dans la lignée historique en exposant les crises du 20
siècle et les enseignements qu’en ont tiré les banques centrales. La crise de 1929, suivie de la
Grande Dépression, se propagera mondialement en 1931. Il en a été retenu qu’en cas de crise, il faut
d’abord sauver les banques (soit l’économie) avant de les punir.
La crise des années 1970, due à la hausse soudaine des prix du baril de pétrole, aura pour
conséquence un changement complet des objectifs de la Banque de France.
La dernière intervenante, Laurence Scialom de l’université Paris X, aborde la réaction des banques
centrales à la crise de 2008. En effet, celles-ci ont fait preuve d’innovation en matière de nouveaux
instruments de mesure des risques et de politiques financières.
2.2.
Quel avenir pour la zone euro ?
Cette conférence a pour objectif de définir précisément les défauts de fonctionnement et les
problèmes actuels de la zone euro.
Le premier intervenant, Christian Deubner, politologue et économiste, insiste sur l’importance d’un
fédéralisme européen. Il distingue, en soi, deux sortes de fédéralismes : le fédéralisme allemand (les
Land sont intégrés dans un système d’impôts partagés, ont de grandes libertés budgétaires) et le
fédéralisme américain.
Cependant, Deubner considère que le modèle européen, au lieu de se rapprocher du fédéralisme
allemand, devrait plutôt s’inspirer du modèle américain.
Un autre intervenant, Jacques Mistral, économiste français, accorde, lui, une importance bien plus
grande aux dettes souveraines, dont, dit-il, dépend l’avenir de la zone euro. J. Mistral considère l’idée
d’une sortie de la zone euro (concernant la Grèce) comme une solution négative, mais il souligne que
la crise aura enseigné aux européens l’importance d’une intégration monétaire basée sur des
politiques budgétaires et financières communes.
Jean Pisani-Ferry, économiste, tend à penser que l’importance de la dette d’un Etat dépend du poids
de celle-ci sur l’Etat, mais aussi de son poids sur le groupe d’Etat sur lequel elle pèse : il utilise la
comparaison.
Prenons deux pays européens, la Grèce et l’Italie. L’Italie est financièrement 8 fois plus grande que la
Grèce. Mais sa dette n’est « que » 3.8 fois plus élevée. En effet, la dette italienne représente 18% de
la dette de la zone euro la où la dette grecque en représente 5%.
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La conclusion de cette conférence est que le système de contrôle de l’endettement est obsolète. Ce
système fonctionne « a posteriori » : on punit un Etat pour s’être trop endetté. Le système le plus
viable serait un système « a priori », dans lequel les Etats demanderaient le droit de s’endetter.
2.3.
Le microcrédit (vraie ou fausse solution à la pauvreté ?)
De nos jours, on observe que le nombre d’ « exclus de la croissance » augmente autant dans les pays
du Nord que dans les pays du Sud. On estime le nombre de pauvres (personnes vivant avec moins de
2$ par jour) à 8 millions en France et à 800 millions dans le monde.
La première intervenante, Maria Novak, estime que si le microcrédit a connu des dérives et a pu être
instrumentalisé par des politiques et des financiers, il conserve son objectif vertueux.
M. Novak a rencontré Muhammad Yunus dans les années 1980, peu après la création de la Grameen
Bank. Yunus avait observé que les pauvres remboursaient aussi bien que les autres catégories de
population s’ils bénéficiaient du microcrédit, puisque celui-ci leur est nécessaire pour se développer.
Marc Roesch, ingénieur agronome au CIRAD, est, lui, plus réservé quand aux bienfaits du microcrédit.
Il considère, contrairement à Maria Novak, que les pauvres ne possèdent pas l’esprit d’entreprise mais
qu’ils deviennent entrepreneurs par nécessité.
Il observe que le microcrédit est souvent mal utilisé par la population : en Inde, 80% des crédits sont
utilisés pour des dépenses non-productives : vie courante, santé, mariages …
Il pense que l’accompagnement du crédit est trop peu développé pour aider les individus de leur
cadre. De plus, souligne que le microcrédit n’aide à sortir de la pauvreté que 15% de ses clients.
La conclusion de cette conférence est que si le microcrédit est un outil pouvant aider les individus de
pays en développement à sortir de la pauvreté, il doit être suivi et accompagner, pour pallier à ses
risques.
2.4.
Eco-quartier, éco-activité, éco-technologie : de quoi parle-t-on ?
Le développement durable est l’une des grandes préoccupations du 20e siècle : il existe une
sensibilité de plus en plus forte aux contraintes environnementales et à la nécessité de laisser une
planète habitable et riche en ressources pour les générations futures.
Au débat croissance / décroissance actuel se substitue un débat sur les changements nécessaires
dans l’activité productive.
Dans le cas des éco-quartiers urbains dont l’emprunte écologique est réduite, Mireille Choiseux,
professeur de Science Economique à l’université Paris I note la nécessité de l’implication des acteurs
locaux (élus communaux, départementaux) mais aussi des entreprises.
M. Choiseux définit les éco-activités comme ayant pour but de réduire la pression sur les stocks de
ressources mondiaux et les éco-technologies comme des techniques réduisant l’impact négatif des
activités sur l’environnement.
Un autre intervenant, Emmanuel Raoul, souligne que la France ne s’est engagée que très récemment
dans les éco-quartiers. En effet, les financements ne sont que très récents et ne peuvent pas pallier
au coût total des éco-quartiers (bien plus élevé que le coût de construction d’un quartier « normal »).
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2.5.
Quel avenir pour les étudiants en économie ?
Philippe Aghion, professeur d’Economie à Harvard, voit un lien direct entre l’éducation et la
croissance sur le long terme qui permet le rattrapage technologie ainsi que l’innovation.
Cependant, il note des contre-exemples : le Portugal investit beaucoup pour l’éducation tout en
obtenant des tests très inférieurs à la moyenne.
Il déclare qu’il faut donc investir dans l’éducation tout en regardant la qualité.
De part ses conditions de travail aux Etats-Unis, il considère que les moyens et l’autonomie accordé à
l’enseignement supérieur vont de pair. En effet, les conditions de travail des chercheurs lui semblent
bien plus propices à la recherche aux Etats-Unis qu’en France.
De plus, il souligne l’importance des classements internationaux, qui, mêmes imparfaits, donnent une
vision de la production de chaque université en termes de publications de leurs chercheurs et de
l’insertion professionnelle de leurs étudiants après l’obtention de leur diplôme.
François Bourguignon, de la Paris School of Economics, considère le gouvernement des universités
comme en lien direct avec l’insertion professionnelle post-diplôme des étudiants.
Mohamed Harfi, chargé de mission au Centre d’Analyse stratégique remarque que l’éducation, soit les
moyens qui lui sont donnés, sa qualité ou encore son orientation, définissent la compétitivité d’un
pays.
Cette conférence, dont le discours portait plus sur l’insertion des doctorants (en économie ou autres),
conclut à la nécessité, pour la France, d’investir plus qu’elle ne le fait aujourd’hui dans la recherche et
le développement (en effet, le taux de chômage des post-doctorants dans des domaines tels que la
chimie peut atteindre 16%).
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3. Synthèse personnelle
Les Journées de l’Economie représentaient, pour moi, l’opportunité de pouvoir assister à des
conférences portant sur des sujets actuels, et présentées par des intervenants de haut niveau.
Malgré l’impossibilité d’assister à toutes les conférences qui m’intéressaient (au vu de leur nombre et
du fait que plusieurs conférences se déroulaient au même moment), j’ai le sentiment d’avoir
réellement enrichi ma culture économique.
J’ai préféré diversifier les sujets de mes conférences plutôt que choisir celles se rapprochant
systématiquement du programme de licence 1, de façon à élargir le champ de mes connaissances, et
à me faire une idée globale des thèmes actuels de l’économie.
Certaines conférences m’ont plus marqué que d’autres, par la qualité de leurs intervenants ou par leur
sujet. L’intervention d’Augustin de Romanet dans « L’Europe en quête de politique industrielle », par
exemple, ou encore celle de Maria Novak dans «Le microcrédit (vrai ou fausse solution à la
pauvreté)»m’ont donné envie de m’intéresser à la particularité du groupe Caisse des Dépôts dans le
paysage des investisseurs français et aux bienfaits/méfaits du microcrédit dans les pays en
développement.
A noter que l’un des points forts des JECO est leur accessibilité au grand public. En effet, en n’étant
qu’en première année de licence économie-gestion, je n’ai pas rencontré de problème particulier pour
saisir certains concepts évoqués lors des conférences.
Ces Journées de l’Economie ont donc été un évènement important auquel j’ai porté une réelle
attention, et auquel j’espère pouvoir assister lors des prochaines éditions.
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