LE FILM
The Rasheda Trust
De Jürg Neuenschwander, Suisse, 2006, 52’
The Rasheda Trust montre les hauts et les bas de la vie de Rasheda Begum. Dans les années 80,
la famille de Rasheda vivait dans une extrême pauvreté jusquà quelle saisisse sa chance quand
des fonctionnaires de lEtat sont venus présenter le microcrédit au village. Lhistoire d’une
réussite filmée au Bangladesh entre 1993 et 2005.
LE SUJET
LA MICROFINANCE: UNE SOLUTION
FACE A LA PAUVRETE?
Co-présenté par le Réseau universitaire international de Genève (RUIG)
LE DEBAT
Bernd Balkenhol, chef du programme Finances Solidaires du Bureau international du Travail
(BIT)
Jean-Michel Servet, enseignant à l'Institut universitaire d'études du développement de Genève
(IUED) et directeur de recherche associé à l'Institut de recherche pour le développement (Paris) et
au French Institute of Pondicherry (Inde)
Klaus Tischhauser, fondateur et directeur de responsAbility, Conseiller du responsAbility
Global Microfinance Fund
Modérateur: Fréderic Lelièvre, Le Temps
En info: Les greniers de l’argent
De Jean-Michel Rodrigo, France, 2000, 52’
Soucieux d’être plus indépendants de la puissante Compagnie malienne du textile, des paysans
producteurs de coton de la région de Koutiala ont fondé leur propre banque de solidarité
mutuelle. Ils sont aujourd’hui 160 000 sociétaires. Une sorte de grenier collectif où on engrange
les billets, comme autrefois on le faisait avec le mil et le sorgho, pour affronter ensemble les
moments de crise.
LA MICROFINANCE: UNE SOLUTION FACE A LA PAUVRETE?
Le prix Nobel de la Paix - inattendu - décerné au Bangladais Muhammad Yunus a consacré le
microcrédit. Banquier des pauvres comme les journaux l'ont surnommé, construisant un mythe
autour de l'homme et de la banque qu'il a créée, la Grameen. Son idée simple de prêter des
sommes minimes aux exclus des systèmes bancaires a donné une chance à des millions de
pauvres. Acheter une vache, trouver un stock de départ pour une épicerie dans un village,
acquérir un téléphone mobile utilisé à faible coût par tous les villageois. La Grameen Bank
utilisant les mécanismes de marché pour réparer les failles du marché , est devenue légendaire.
Prêtant aux damnés de la terre pour qu'ils échappent à leur misère, aux femmes surtout qui
souvent dans les pays du Sud sont deux fois plus pauvres. Ces petits emprunteurs sont fiables et
leur taux de remboursement remarquable.
Le choix du comité Nobel n'allait pas de soi et l'attribution de ce prix a fait débat. Paix et
banquier ne vont pas de pair. Le comité justifie son choix en expliquant que la paix passe aussi
par le développement et que la misère est le terreau du ressentiment, de la colère et du terrorisme.
Mais le microcrédit a aussi ses limites. Il n'est pas une clef miraculeuse pour sortir du sous-
développement. Ce n'est pas le microcrédit qui peut bâtir des infrastructures lourdes, routes,
écoles, hôpitaux, sans lesquelles il n'y a pas de développement durable. Nombre de prêts sont
consacrés à l'achat de nourriture, à des dépenses de santé, qui peuvent sauver une famille de la
misère mais qui ne sont pas créateurs de développement. Son taux de défaut demeure élevé et
pour une partie des emprunteurs, le microcrédit est source de surendettement. La banque
Grameen reste une banque et elle prête plus à ceux qui ont déjà un peu d'argent. Le microcrédit
est, parce qu'il est sous ces conditions rentables, de plus en plus privatisé.
LES INTERVENANTS
Bernd Balkenhol est chef du programme Finances Solidaires du BIT (Bureau International du
Travail). Ce programme entreprend des analyses sur les dysfonctionnements du marché financier
entraînant des coûts sociaux importants : chômage, précarité, exclusion sociale. Il a entrepris des
recherches sur l'économie informelle, la servitude pour dette, le travail des enfants, le
financement des artisans et les transferts des travailleurs migrants. Ces recherches sont traduites
en projets de coopérations techniques et servent à orienter les politiques de développement
soutenues par le BIT. Bernd Balkenhol a travaillé pendant plusieurs années comme conseiller
auprès de banques centrales en Afrique. Il a un doctorat de l'Université de Freiburg et un MA de
la Fletcher School of Law and Diplomacy aux Etats-Unis.
Jean-Michel Servet a été professeur d'université en France de 1990 à 2002. Il est à la fois
historien de la pensée économique et financière, et spécialiste de l'économie et du financement du
développement. Il a été notamment co-éditeur des oeuvres économiques complètes de Léon
Walras et de Jean Baptiste Say. Ses recherches sur les pratiques populaires monétaires et le
micro-financement ont été réalisées en Europe, en Afrique et en Asie du sud. Il a fondé le
programme de recherche sur la microfinance du French Institute of Pondicherry en Inde. Il vient
de publier Banquiers aux pieds nus (Odile Jacob, 2006). Il est depuis 2003 professeur d'économie
à l'Institut universitaire d'études du développement de Genève et directeur de recherche associé à
l'Institut de recherche pour le développement (Paris) et au French Institute of Pondicherry (Inde).
Klaus Tischhauser, fondateur et directeur de responsAbility, société basée à Zurich, et
spécialisée dans les investissements sociaux dans les pays en voie de développement. Conseiller
du responsAbility Global Microfinance Fund, Klaus Tischhauser a plus de vingt ans d’expérience
professionnelle dans le secteur financier. Avant de fonder responsAbility en 2003, il a collaboré
dans lexpansion de SAM (Sustainable Asset Management), et a travaillé plusieurs années pour
le Credit Suisse Asset Management. Il a aussi beaucoup voyagé en Afrique rurale. Il est
économiste.
POUR EN SAVOIR PLUS
Planet Finance: www.planetfinance.org
Grameen Foundation: www.grameenfoundation.org
Blue Orchard: www.blueorchard.ch
responsAbility: www.responsability.ch
Sommet Global du Microcrédit: www.microcreditsummit.org
Pôle Microfinances: http://microfinancement.cirad.fr
Association pour le droit à l'initiative économique: www.adie.org
Fonds d’Equipement des Nations Unies: www.uncdf.org
Banquier aux pieds nus de Jean-Michel Servet (Odile Jacob, 2006)
LES REALISATEURS
Jürg Neuenschwander
Né en 1953 en Emmental, Suisse, Jürg Neuenschwander fonde Container TV en 1978. Il a été
profésseur et consultant média à lUniversité des Arts Appliqués à Berne, au Centre Suisse
dEtudes des Médias à Lucerne, et au Centre Didactique, à Soleure et Fribourg. Il est créateur de
plusieurs installations multi-médias en Suisse et en Allemagne, et réalisateur de plusieurs court et
long-métrages, dont The Rasheda Trust (2006), Les Amis d’Amadou (2005) et Tôt ou Tard
(2003).
Jean-Michel Rodrigo
Né à Paris en 1956, il effectue des études d'histoire puis de géographie avant de partir au Pérou
où il exerce les métiers de photographe, journaliste, puis réalisateur de documentaires. Passionné
par les cultures indiennes et métisses, il effectue de nombreux reportages et documentaires dans
les Andes, les bidonvilles, les mines. Plus tard, il se tourne vers l'Afrique, y rencontre des
paysans bien décidés à prendre leur sort en main… et filme Les greniers de l'argent. Dans la
foulée, il réalise La guerre des cotons qui met en évidence l'injustice des règles économiques
internationales favorisant une poignée de "farmers" américains au détriment de la survie de vingt
millions de cotonniers africains.
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