acquérir un téléphone mobile utilisé à faible coût par tous les villageois. La Grameen Bank
utilisant les mécanismes de marché pour réparer les failles du marché , est devenue légendaire.
Prêtant aux damnés de la terre pour qu'ils échappent à leur misère, aux femmes surtout qui
souvent dans les pays du Sud sont deux fois plus pauvres. Ces petits emprunteurs sont fiables et
leur taux de remboursement remarquable.
Le choix du comité Nobel n'allait pas de soi et l'attribution de ce prix a fait débat. Paix et
banquier ne vont pas de pair. Le comité justifie son choix en expliquant que la paix passe aussi
par le développement et que la misère est le terreau du ressentiment, de la colère et du terrorisme.
Mais le microcrédit a aussi ses limites. Il n'est pas une clef miraculeuse pour sortir du sous-
développement. Ce n'est pas le microcrédit qui peut bâtir des infrastructures lourdes, routes,
écoles, hôpitaux, sans lesquelles il n'y a pas de développement durable. Nombre de prêts sont
consacrés à l'achat de nourriture, à des dépenses de santé, qui peuvent sauver une famille de la
misère mais qui ne sont pas créateurs de développement. Son taux de défaut demeure élevé et
pour une partie des emprunteurs, le microcrédit est source de surendettement. La banque
Grameen reste une banque et elle prête plus à ceux qui ont déjà un peu d'argent. Le microcrédit
est, parce qu'il est sous ces conditions rentables, de plus en plus privatisé.
LES INTERVENANTS
Bernd Balkenhol est chef du programme Finances Solidaires du BIT (Bureau International du
Travail). Ce programme entreprend des analyses sur les dysfonctionnements du marché financier
entraînant des coûts sociaux importants : chômage, précarité, exclusion sociale. Il a entrepris des
recherches sur l'économie informelle, la servitude pour dette, le travail des enfants, le
financement des artisans et les transferts des travailleurs migrants. Ces recherches sont traduites
en projets de coopérations techniques et servent à orienter les politiques de développement
soutenues par le BIT. Bernd Balkenhol a travaillé pendant plusieurs années comme conseiller
auprès de banques centrales en Afrique. Il a un doctorat de l'Université de Freiburg et un MA de
la Fletcher School of Law and Diplomacy aux Etats-Unis.
Jean-Michel Servet a été professeur d'université en France de 1990 à 2002. Il est à la fois
historien de la pensée économique et financière, et spécialiste de l'économie et du financement du
développement. Il a été notamment co-éditeur des oeuvres économiques complètes de Léon
Walras et de Jean Baptiste Say. Ses recherches sur les pratiques populaires monétaires et le
micro-financement ont été réalisées en Europe, en Afrique et en Asie du sud. Il a fondé le
programme de recherche sur la microfinance du French Institute of Pondicherry en Inde. Il vient
de publier Banquiers aux pieds nus (Odile Jacob, 2006). Il est depuis 2003 professeur d'économie
à l'Institut universitaire d'études du développement de Genève et directeur de recherche associé à
l'Institut de recherche pour le développement (Paris) et au French Institute of Pondicherry (Inde).
Klaus Tischhauser, fondateur et directeur de responsAbility, société basée à Zurich, et
spécialisée dans les investissements sociaux dans les pays en voie de développement. Conseiller
du responsAbility Global Microfinance Fund, Klaus Tischhauser a plus de vingt ans d’expérience
professionnelle dans le secteur financier. Avant de fonder responsAbility en 2003, il a collaboré
dans l’expansion de SAM (Sustainable Asset Management), et a travaillé plusieurs années pour