CURRICULUM Forum Med Suisse 2008;8(43):812–817 815
cyclines s’utilisent de plus en plus en seconde in-
tention.
Les premières études randomisées et contrôlées
contre placebo avec le bosentan, antagoniste du
récepteur de l’endothéline, ont été publiées en
2001/2002 [4]. L’endothéline-1 est produite es-
sentiellement par les cellules endothéliales et agit
sur les cellules musculaires lisses des vaisseaux
via ses récepteurs A et B. Elle a un effet vaso-
constricteur et prolifératif et est supposée jouer
un rôle important dans la physiopathologie de
plusieurs formes d’hypertension pulmonaire.
Depuis les premières importantes études cli-
niques avec le bosentan, qui a démontré des amé-
liorations de la distance parcourue en 6 minutes,
du stade NYHA et de l’hémodynamique après
12 et 16 semaines, cette substance est régulière-
ment utilisée pour le traitement de patients ayant
une hypertension pulmonaire (coûts de traite-
ment 60000 francs par an, situation janvier
2008). Mais il n’est admis pour le moment que
chez les patients aux stades NYHA III et IV et
ayant une hypertension artérielle pulmonaire.
Les dernières études avec le bosentan montrent
d’une part un bénéfice à long terme (6–12 mois)
sur la distance parcourue en 6 minutes et le stade
NYHA, et de l’autre son efficacité a pu être dé-
montré sur d’autres formes d’hypertension pul-
monaire. Le traitement par bosentan de la
CTEPH est ainsi une alternative à la thromben-
dartérectomie pulmonaire, surtout si celle-ci est
irréalisable en raison de la localisation des
thrombi, grevée d’un haut risque ou refusée par
le patient [5]. Avec ses bons résultats, la plupart
des caisses maladie prennent en charge les coûts
de ce traitement. Les résultats du bosentan dans
l’hypertension pulmonaire secondaire à une
insuffisance cardiaque gauche sont contradic-
toires, il faut attendre encore d’autres études à ce
sujet.
Le sildénafil, inhibiteur sélectif de la phospho-
diestérase 5, est également une alternative au
bosentan sous forme de comprimés dans le trai-
tement de l’hypertension pulmonaire. Les inhibi-
teurs de la phosphodiestérase 5 diminuent le
métabolisme du cGMP, ce qui prolonge l’activité
du NO endogène, puissant vasodilatateur. Trois
études randomisées et contrôlées chez des patients
ayant une PAH idiopathique, une PAH secondaire
à des connectivites et à des cardiopathies congé-
nitales, publiées entre 2004 et 2006, ont pu dé-
montrer l’efficacité du sildénafil sur la distance
parcourue en 6 minutes, l’hémodynamique et le
stade NYHA [6]. Depuis 2007, le sildénafil (Revatio®)
est pris en charge par les caisses dans les indi -
cations ci-dessus avec dyspnée NYHA III (coûts
12000 à 36000 francs par an en fonction de la
posologie).
Tout comme pour le bosentan, des études mon-
trent maintenant un effet positif du sildénafil sur
la distance parcourue en 6 minutes et la résis-
tance vasculaire pulmonaire chez des patients
bations, qui s’accompagnent souvent d’une as-
cension marquée de la pression artérielle pulmo-
naire, le traitement doit comporter bronchodila-
tateurs, antibiotiques et stéroïdes. Les patients
BPCO ayant des signes de surcharge cardiaque
droite ou une polycythémie et une PaO2<60 mm
Hg se qualifient pour une oxygénothérapie à
domicile. Chez les patients ayant une cirrhose/
hypertension portale, la transplantation hépa-
tique est souvent la seule option thérapeutique.
Une hypertension portopulmonaire, qui se mani-
feste chez 3–4% des candidats à une greffe de foie,
est un facteur de risque non négligeable pour
l’évolution postopératoire. En présence d’une
hypertension pulmonaire modérée à grave non
traitée, la transplantation hépatique est contre-
indiquée. Si la pression artérielle pulmonaire
moyenne peut être abaissée à des valeurs
proches de 35 mm Hg par un traitement spéci-
fique, une transplantation est alors possible et
normalisera l’hémodynamique dans la plupart
des cas.
Le traitement spécifique de l’hypertension pul-
monaire par antagonistes du calcium coûte près
de 2000 francs par an à dose maximale. Il est in-
diqué chez les patients ayant une hypertension
artérielle pulmonaire idiopathique (IPAH) et un
test de vasoréactivité positif (répondeurs) [2]. Ce
sont environ 10–20% des patients IPAH. Tous les
patients ne tolèrent pas les très hautes doses
d’antagonistes du calcium nécessaires – jusqu’à
240 mg de nifédipine par jour – dont les effets
indésirables sont notamment œdèmes jambiers
ou hypotension. Un traitement par antagonistes
du calcium n’est pas recommandé dans les autres
formes d’hypertension pulmonaire ni chez les
non-répondeurs au test de vasoréactivité.
Nouveaux traitements médicamenteux
Au milieu des années 1990 ont été publiées les
premières grandes études sur le traitement
spécifique de certaines formes d’hypertension
pulmonaire par prostacycline ou analogues de la
prostacycline. La prostacycline est produite dans
l’endothélium vasculaire et a des effets vasodila-
tateurs et antiprolifératifs, elle inhibe en outre
l’adhésivité plaquettaire. La substance la plus
souvent utilisée en Suisse actuellement est l’ilo-
prost, qui peut être inhalé [3]. Les formes admi-
nistrables par voie intraveineuse (époprosténol)
et sous-cutanée (tréprostinil) ne s’utilisent que
dans de rares situations, surtout en cas d’aggra-
vation sous traitement médicamenteux maximal.
L’iloprost inhalé améliore la qualité de vie, la dis-
tance parcourue en 6 minutes, le stade NYHA de
patients PAH et CTEPH. Le traitement se fait par
nébuliseur à ultrasons spéciaux à raison de 6–9
fois par jour et coûte 58000–116000 francs par
an. Avec cette forme d’administration et les al-
ternatives actuellement à disposition, les prosta-
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