
la morphine
2
. Le tramadol commercialisé est en fait un mélange racémique
de 2 stéréoisomères, le (+)- et le (-)-tramadol, qui génèrent différents
métabolites après métabolisation hépatique. Un effet agoniste au niveau du
récepteur µ n’est observé qu’avec un seul isomère, le (+)-O-deméthyl –
tramadol
3
.
La formation du métabolite M
1
, est assurée par le cytochrome P450 2D6
4
,
dont il existe un polymorphisme génétique de son expression dans la
population. Environ 8 % de la population caucasienne présente un déficit
d’expression de ce cytochrome, ce qui se traduit par un taux plus bas du
métabolite M
1
et une plus faible réponse à l’effet antalgique du tramadol
5
,
tout au moins lorsque cet analgésique est administré per os. L’effet
analgésique de la codéine, qui est dépendant de sa transformation en
morphine, est lui totalement absent chez les métaboliseurs lents
6
.
Chez l’animal de laboratoire, l’effet analgésique du tramadol est
essentiellement dû à un effet agoniste au niveau des récepteurs aux opiacés,
car il est aboli par des antagonistes tels que la naloxone
7
, alors que chez
l’humain, l’effet de 100 mg de tramadol n’est que partiellement réduit par cet
antagoniste
8
. Un mécanisme additionnel, non opioïde, dépendant des
monoamines a très tôt été évoqué
9
.
Le tramadol inhibe le recaptage de la noradrénaline et de la sérotonine
9
. Il
possède donc un mécanisme d’action similaire à celui des antidépresseurs
tricycliques ou de la venlafaxine (Efexor®), plus récemment mis sur le
marché. Des propriétés antidépressives du tramadol ont d’ailleurs été mises
en évidence chez l’animal de laboratoire
10
. Cette propriété particulière semble
participer à l’effet antalgique, puisque des antagonistes des récepteurs α
2
-
adrénergiques, tels que la yohimbine, réduisent l’effet analgésique du
tramadol dans un modèle expérimental de douleur chez l’homme
11
. L’effet du
tramadol sur le recaptage de la sérotonine est essentiellement dû à l'un des
isomères de la molécule mère, le (+)-tramadol, et marginalement au
métabolite M
112
. Le (-)-tramadol inhibe pour sa part le recaptage de la
noradrénaline
13
.
En complément de l’effet du tramadol sur le recaptage des monoamines, cette
substance stimule la libération de la noradrénaline et de sérotonine
12,13
.
D’autres propriétés pharmacologiques ont été mises en évidence, comme par
exemple un effet anti-inflammatoire
14
, mais il n’est pas établi que cet effet
soit important chez l’humain.
Pharmacocinétique
La biodisponibilité orale du tramadol est de 70 % lorsqu'il est présenté en
gouttes
15
ou en comprimés
16
. Le pic plasmatique n’est atteint qu’après
environ 70 min
15
, ce qui suggère que le tramadol oral n’est certainement pas
le médicament de choix lorsqu’il s’agit de combattre rapidement un état
douloureux. Le pic plasmatique est retardé chez les patients âgée de plus de
75 ans
17
. La demi-vie d’élimination du tramadol est de l’ordre de 6 h, alors
que celle du métabolite M
1
est d’environ 7.5 h; elle est prolongée chez les
patients présentant une insuffisance hépatique, chez qui la demi-vie peut
atteindre 13 h pour le tramadol, et 19 h pour le métabolite M
1
. La littérature à
notre disposition ne relève que toutefois que peu d’expérience clinique avec
le tramadol lors d’insuffisance hépatique. Chez les patient âgés, l’élimination
du tramadol est retardée et sa biodisponibilité est accrue
17
. L’élimination des
métabolites et du tramadol inchangé (30 % de la dose) est principalement
effectuée par voie rénale. Un cas de dépression respiratoire a été décrit chez