Le Point sur Perchlorate de potassium
Dossier 2001, XXII, 3
Introduction
Le perchlorate de potassium a été utilisé dans les années
1950 pour traiter les hyperthyroïdies (62), l’ion perchlorate
ayant la même distribution dans les tissus que l’iode.
Ensuite, il a été délaissé au profit des antithyroïdiens de
synthèse (ATS) mieux tolérés. À partir des années 1980, le
perchlorate de potassium a été utilisé dans le traitement et
la prévention des dysthyroïdies induites par l'iode et en par-
ticulier par l'amiodarone du fait de son mécanisme d’action.
Depuis 1988, la Pharmacie Centrale des Hôpitaux (PCH) de
l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP)
fabrique des gélules de perchlorate de potassium dosées à
100 mg et 200 mg (préparation hospitalière).
Le perchlorate de potassium est utilisé dans le :
-traitement et prévention des dysthyroïdies induites par l’iode,
-exploration des troubles de l’organification de l’iode.
La consommation hospitalière en France est de l’ordre de
28 800 unités par an pour les gélules de 100 mg et de 42 000
unités pour celles de 200 mg, avec une importante rétroces-
sion aux patients ambulatoires.
Physiologie de la thyroïde
(28, 32, 63, 93, 116, 135)
Les hormones thyroïdiennes actives, toujours sous forme L,
ouiodothyronines, sont au nombre de deux :
-la 3,5,3’5’-tétraiodothyronine ou thyroxine ou T4,
-la 3,5,3’-triiodothyronine ou T3 qui est l’hormone active.
La thyroïde élabore ces deux hormones à partir d’iode
endogène et exogène et des résidus L tyrosine de la thyro-
globuline ou TGB. La thyroglobuline est une glycoprotéine
iodée, d’un poids moléculaire très élevé (660 000 KD), pré-
sente dans la sunstance colloïde des follicules du corps thy-
roïde et sécrétée au pôle basal ou apical des follicules. Elle
contient 95 % de l’iode thyroïdien. Elle constitue la colloï-
de amorphe tapissant la face interne des vésicules thyroï-
diennes, en contact avec les thyréocytes.
Les hormones thyroïdiennes sont partie intégrante des
chaînes peptidiques de la thyroglobuline à l’intérieur des
vésicules thyroïdiennes.
En France, l’alimentation assure des apports quotidiens
d’iode de l’ordre de 60 à 150 µg (68). Cet apport s’effec-
tue sous forme d’iode organique, transformé en iodures
dans l’estomac et l’intestin grêle (cf Figure 1).
Synthèse des hormones thyroïdiennes
La synthèse des hormones thyroïdiennes comporte 5 étapes :
captation de l’iodure, oxydation de l’iodure et iodation de la
tyrosine, incorporation de l’iode moléculaire dans la thyro-
globuline (organification), stockage et sécrétion des hor-
mones.
1. Captation
La captation de l’iodure par la glande thyroïde se fait essen-
tiellement à l’aide d’un transporteurs protéique ou sympor-
teur situé dans la membrane basale des cellules follicu-
laires, le NIS (Natrium Iodide Symporter), selon un méca-
nisme de transport actif ATPase dépendant qui fait passer
l’iodure des capillaires sanguins aux thyréocytes à travers la
membrane basolatérale du thyréocyte. Ce mécanisme de
transport est réversible et saturable. Il est stimulé par la thy-
réostimuline hypophysaire ou TSH.
Certains anions tels le perchlorate, le pertechnétate, le per-
rhénate et le thiocyanate, utilisent le même système de
transport et peuvent entrer en compétition à ce niveau avec
l’iodure.
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En bref
La thyroïde élabore les hormones thyroïdiennes - T4 et T3
-àpartir d’iode endogène et exogène et des résidus L tyro-
sine de la thyroglobuline ou TGB.
La synthèse comporte 5 étapes : captation de l’iodure (à l’ai-
de d’un transporteurs protéique ou symporteur), oxydation
de l’iodure(sous la dépendance de la TSH, et l’iodation des
résidus tyrosine de la thyroglobuline, incorporation de l’io-
de moléculaire dans la thyroglobuline (organification fai-
sant intervenir la thyroperoxydase, stimulée par la TSH et
est inhibée par un excès d’iodure), stockage et sécrétion
(lyse de la thyroglobuline). Les concentrations de T3 et de
T4 sont sous le contrôle de la TSH, elle-même sous le
contrôle de la TRH sécrétée par l’hypothalamus. Les varia-
tions de concentration de T3 et T4 modifient la sécrétion de
TSH par un rétrocontrôle négatif. Plusieurs mécanismes per-
mettent de maintenir l’euthyroïdie en cas de surcharge iodée :
diminution du transport actif de l’iodure, freinage de la lyse
de la thyroglobuline), effet Wolff-Chaikoff (freinage de l’hor-
monogenèse par inhibition de la thyroperoxydase, mettant à
l’abri d’une hyperthyroïdie, puis reprise de la synthèse
avant 48 heures protégeant ainsi d’une hypothyroïdie).
Les hormones thyroïdiennes interviennent dans la croissan-
ce et le développement d’une part et dans l'homéostasie
métabolique d’autre part.