Intervention de Monsieur Michel PANET, Délégué général du

« L’EDUCATION ET LA FORMATION TOUT AU LONG DE LA VIE : UN ENJEU MONDIAL »
Pour traiter le thème de mon intervention, je vous propose de le développer en 4 points :
1) L’organisation que je représente : le CMA et le thème de mon intervention
2) Les premiers résultats de notre observation internationale
3) Les tendances lourdes dans les secteurs de l’éducation et de la formation
4) Les caractéristiques de la nouvelle architecture
JE SOUHAITE PAR MON PROPOS, REFLET d’une intelligence collégiale, VOUS FAIRE PRENDRE
CONSCIENCE QUE NOS DEBATS SUR L’EDUCATION ET LA FORMATION DOIVENT TENIR
COMPTE DE BOULEVERSEMENTS PROFONDS
L’ORGANISATION QUE JE REPRESENTE ET LE THEME QUE JE TRAITE
Le CMA est une ONG internationale créée en 2005, par une équipe professionnelle pluraliste
sur la base du Rapport Delors de 1996 à l’Unesco : « L’éducation : un trésor est caché
dedans ». Il déclarait : « Le concept d’éducation tout au long de la vie apparaît comme l’une
des clés d’entrée dans le XXIème siècle ». Il recommandait, entre autre, de « Lancer un projet
international visant à diffuser et à mettre en œuvre le concept d’éducation tout au long de la
vie, en partenariat avec les institutions internationales qui s’occupent d’éducation ».C’est,
donc, un peu notre acte de naissance. Nous sommes des « enfants du Rapport Delors ».
Nous développons un partenariat international avec, entre autres et tout au début de notre
création avec, l’Unesco et le Conseil internationale pour l’éducation des adultes et avec des
multinationales telles que Wfs, Sara Lee, Bongrain, Danone, Veolia, GdfSuez. Au plan
national, nous bénéficions du soutien de : Centre Inffo, Cnam, Afpa, Régions Ile de France et
Rhônes Alpes, Cnfpt, Cgpme, Opcalia, MACIF, Maif, Ecoles de la 2ème chance, Fédération
européenne des Ecoles, Agence Europe Education Formation, Afref, Garf, Réseau des cités
des métiers. Des rapprochements sont en cours avec les Compagnons du devoir, Olympiade
des métiers et l’Union nationale des Maisons familiales rurales.
Nous sommes représentés dans 75 pays et notre activité est centrée sur l’Observation, la
réflexion et les recherche-action sur les apprentissages tout au long de la vie.
Le thème de mon intervention porte sur les apprentissages tout au long de la vie. Cette idée
n’est pas nouvelle. Confucius avait déjà dit : « Revoyez sans arrêt ce que vous savez déjà.
Etudiez sans cesse du nouveau. Alors, vous deviendrez un maître ». Le Prophète préconisait
l’apprentissage « du berceau à la tombe ». D’autres personnages se sont illustrés en plaidant
dans le même sens : Condorcet, l’Abbé Grégoire, Coménius, Grundtvig, Delors.
Le diagnostic est maintenant largement partage autour d’une définition de l’apprentissage
tout au long de la vie qui regroupe 3 composantes :
1-Toutes activités d’apprentissage formelle, non formelle et informelle ;
2- Tout au long de la vie de la petite enfance à la fin de vie ;
3- Avec un objectif personnel, civique ou professionnel. C’est donc une approche globale de
l’éducation et de la formation. Cette démarche, dite holistique, est apparue en 1967 lors de
la Conférence internationale de l’éducation des adultes de Tokyo. Elle a ensuite été
confirmée et amplifiée dans tous les travaux des experts et des organisations internationales
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spécialisées. Mais, elle reste encore confuse car elle est souvent assimilée à la formation
professionnelle continue des adultes
LES PREMIERS RESULTATS DE NOTRE OBSERVATION INTERNATIONALE
Des changements importants sont en cours dans les secteurs de l’éducation et de la
formation. Pour qualifier cette évolution, nous avons hésité entre la métamorphose qui se
définit comme le changement d’un organisme en un autre, entre la mutation qui s’entend
comme l’évolution profonde d’un organisme ou enfin la révolution qui est un changement
radical qui installe un nouvel ordre irréversible.
POUR NOUS C’EST UNE REVOLUTION EDUCATIVE. ELLE DONNE NAISSANCE A UN « RESEAU
MONDIAL DES APPRENTISSAGES TOUT AU LONG DE LA VIE »
Des visionnaires l’avaient prédit
Mac LUHAN : « Le monde devient une collectivité de l’apprentissage continu, un vaste
campus où tous, quel que soit leur âge, gagnent leur vie en apprenant » -“The Medium is the
Message” – 1967
Al GORE, Vice-président des Etats-Unis en 1994 : « Les autoroutes de l’information seront
capables de divertir, informer, éduquer, promouvoir la démocratie, sauver des vies, créer de
nouveaux emplois »– Conférence mondiale de l’UIT – Buenos-Aires
Koichiro MATSURAA, Ancien Directeur général de l’UNESCO,en 2008 :« Il nous faut
accomplir une révolution copernicienne : ce n’est plus le savoir qui tourne autour de la
société, mais la société qui tourne autour du savoir »
CETTE REVOLUTION EDUCATIVE RESULTE DE 4 TENDANCES LOURDES QUI INTERAGISSENT
ENTRE ELLES : MONDIALISATION, DEMATERIALISATION, EXTERNALISATION ET
UNIVERSALISATION.
Mondialisation : Elle se traduit par le développement d’une multitude d’offres
transnationales, des nouveaux entrants, des stratégies de réseaux, des classements et
aucune régulation. L’interaction entre le global et le local donne lieu à une « Glocalisation »
(concept d’origine japonaise : « Dochakuka », développé par le sociologue britannique
Roland PATERSON en 1990 ).
Des stratégies internationales de mises en réseaux sont à l’œuvre dans les milieux
académiques ainsi que de la part des gouvernements.
La mondialisation c’est aussi un développement rapide des offres transnationales
d’éducation et de formation. Elles s’adressent à toutes personnes de la planète, en tous
lieux, à tous âges, pour tous niveaux et à tous moments.
Dématerialisation : Les technologies informatiques se développent à un rythme exponentiel.
Les nouveaux apprenants sont nés dans l’ère numérique, alors que les parents et les
enseignants ne se sont souvent pas adaptés à cette mutation. L’équipement universel de
l’informatique dans les familles sera bientôt une réalité comme la télévision et le téléphone
portable, ce qui constitue une opportunité pour les apprentissages tout au long de la
vie.L’usage de l’ordinateur est plus développé en milieu familial qu’en milieu scolaire et
universitaire. Les technologies éducatives permettent d’adapter le rythme d’apprentissage
aux besoins de chaque apprenant et de le rendre plus interactif et personnalisé. Les
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systèmes d’éducation et de formation ne tirent pas parti de cette possibilité. Certains
apprenants savent plus que d’autres exploiter cette opportunité.
Internet offre la possibilité d’accéder en un clic à des banques de données gigantesques. Les
moteurs de recherche permettent des recherches par mots clés et liens hypertexte de surfer
dans d’immenses bibliothèques et encylopédies. Mais, l’absence de médiation pose la
question de l’analyse critique des apprenants. Par ailleurs, la logique collaborative qui prend
appui sur les contenus créés par les apprenants eux-mêmes bouleverse l’architecture
traditionnelle de l’enseignement et son organisation centralisée.
Les équipements portables ( téléphones mobiles, appareils portatifs, « smart phones »)
permettent d’accéder aisément à Internet en tous lieux et à toute heure. Cette nouvelle
pratique remet en cause le concept traditionnel de programme éducatif, d’évaluation et
d’examen. Mais, elle pose une question centrale pour les apprentissages tout au long de la
vie qu’est la forme présentielle pour la transmission des savoirs. Des experts prévoient un
développement rapide de la télé-éducation à partir du domicile ou en déplacement et en
complément de séquences présentielles moins nombreuses dans les établissements.
Externalisation : L’intervention publique de l’état central est globalement en recul au plan
mondial, même si elle reste encore dominante au niveau de l’école primaire.
Des missions de service public sont confiés de plus en plus à des collectivités locales
publiques : régions, territoires, communes, à des organismes privés de la société civile :
associations, ONG, syndicats, groupes religieux et à des organismes à but commercial :
entreprises. Cette externalisation s’explique par le fait que les gouvernements doivent faire
face à une forte augmentation de la demande d’éducation et de formation tout au long de la
vie. Ils sont conduits à faire des arbitrages entre dépenses militaires, de santé et éducatives.
Par ailleurs, le secteur de l’éducation et de la formation représente un marché gigantesque.
Traditionnellement piloté par les autorités académiques, il doit compter maintenant avec
l’arrivée de nouveaux entrants tels que les opérateurs de l’informatique, de la
communication et des télécommunications. Enfin, les grandes entreprises multinationales
créent en leur sein des « Universités d’entreprise » ou « corporate college » qui ont vocation
à former leur propres collaborateurs, se déjouant des formations universitaires.
Universalisation des contenants et des contenus : La convergence de l’audiovisuel, des
télécommunications et des réseaux numériques s’accompagne d’une tendance qui tend vers
un équipements universel dans la plupart des foyers. Cette évolution a des conséquences
importantes dans le domaine de l’éducation et de la formation. Ainsi, se développent à
domicile des Environnements numériques de travail (ENT) ou Espaces personnels
d’apprentissage (EPA) qui connectent toutes les personnes aux réseaux éducatifs sociaux,
locaux et mondiaux. Par ailleurs, l’arrivée du très haut débit permet de communiquer
confortablement avec un professeur à l’autre bout du monde.
La convergence des contenus est un enjeu dans la mesure où l’obstacle de la langues sera
bientôt surmonté par l’émergence de logiciel de traduction performants.
CARACTERISTIQUES DE CE RESEAU MONDIAL DES APRENTISSAGES TOUT AU LONG DE LA VIE
Si toute révolution instaure de manière irréversible un ordre nouveau, la question se pose de
savoir quelle forme prendra ce nouvel ordre éducatif. Nous n’en connaissons pas encore
l’architecture exacte, mais nous pouvons déjà entrevoir quelques éléments de cette nouvelle
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configuration : Le « village planète » aura son école du village. Ce sera le « Réseau mondial
des apprentissages tout au long de la vie », dont Internet sera une des salles de classe. Les
nouveaux systèmes d’apprentissages seront hybrides et seront constitués de séquences en
présence d’un professeur, de moments de « e-learning », de tutorat électronique,
d’évaluation en ligne. L’autoformation et l’alternance prendra une place importance dans
cet ensemble. Les apprenants seront les futurs dix milliards d’habitants de la « Planète
apprenante ». La plupart seront connectés par leur environnement numérique à domicile ou
dans des locaux collectifs. Les bibliothèques numériques sont déjà ouvertes 24h sur 24h. Les
cours des professeurs seront disponibles en téléchargement. Comme l’a affirmé Bill Gates,
Ancien PDG de Microsoft : « Dans cinq ans, le Net sera la nouvelle méthode d'apprentissage.
Vous serez en mesure de trouver le meilleur des conférences mondiales gratuitement sur
Internet. Ce sera mieux que dans n'importe quelle université ».
EN CONCLUSION : La nouvelle architecture des apprentissages tout au long de la vie
reconfigure les systèmes traditionnels d’éducation initiale et de formation continue des
adultes. Elle est locale et transnationale et se construit en dehors de toute régulation. Aussi,
le défi à relever est de ne pas subir la révolution éducative en cours mais d’en être les
acteurs.
C’est un immense chantier pour les prochaines décennies. Nos seules petites mains et nos
seuls petits bras n’y suffiront pas. Cela demande un rassemblement de toutes les forces.
Aussi, nous développons des partenariats nationaux et internationaux.
Michel PANET
Délégué général CMA
[email protected]
www.wcfel.org
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