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La dépression : des pratiques aux théories 9
- une association de symptômes
dépressifs suffisamment nom-
breux, durables, à l’origine d’une
souffrance cliniquement signi -
cative et d’une incapacité fonc-
tionnelle ;
- la présence pendant au moins
15 jours d’une humeur dépres-
sive et / ou d’une diminution
marquée de l’intérêt et du plai-
sir pour toutes ou presque tou-
tes les activités ;
- la présence d’au moins 5 des
symptômes associés suivants :
• baisse de l’estime de soi, déva-
lorisation, sentiment de culpabi-
lité,
• attitude morose, pessimiste,
péjorative face à l’avenir,
• idées ou actes auto-agressifs ou
suicidaires,
• diminution de l’attention, la
concentration,
• trouble de l’appétit,
• trouble du sommeil,
• baisse de la libido.
A n de déterminer les modalités
de prise en charge, il est néces-
saire de préciser :
- le caractère isolé ou récurrent
de l’épisode dépressif majeur,
- la sévérité de l’épisode : légère,
modérée ou sévère,
- la présence ou non de caracté-
ristiques psychotiques,
- les antécédents personnels
d’hypomanie,
-si l’épisode s’inscrit dans un
trouble unipolaire, dysthymi-
que, cyclothymique ou bipolaire
de l’humeur.
Cas particulier de l’adolescent
La dépression de l’adolescent peut
se manifester par des troubles du
comportement et une irritabilité
importante. Il existe toujours des
dif cultés relationnelles et sco-
laires. Le taux de comorbidité
anxieuse est de 50%.
Les garçons sont plus à risque de
conduites excessives déviantes
comme une consommation de
toxiques (alcool, drogues), une
marginalité, des prises de risque
(conduite automobile, sexualité).
Les lles présentent plutôt des
troubles du comportement ali-
mentaire (anorexie ou de bouli-
mie) et un retrait. Les tableaux
dépressifs sont souvent atypi-
ques (hypersomnie / hyperpha-
gie), dans plus de 60 % des cas.
Cas particulier du sujet âgé
Chez le sujet âgé, la dépression
est une pathologie fréquente dif-
cile à évaluer, sous diagnosti-
quée et sous traitée.
Selon les études, sa prévalence
est estimée entre 10 à 87%
(médiane à 41%).
Le retentissement de la dépres-
sion est majeur :
- qualité de vie moindre,
- pathologies somatiques plus
fréquentes et morbidité plus
grande,
- nombreuses tentatives de sui-
cide et suicides aboutis,
- accélération de l’évolution de la
maladie d’Alzheimer dans 50%
des cas,
- espérance de vie diminuée.
Le poids économique de la
dépression du sujet âgé est lourd.
En effet, la dépression induit plus
d’hospitalisations et une surcon-
sommation médicale
L’épisode dépressif mineur (pré-
sence de moins de 5 symptômes
caractérisant l’épisode dépres-
sif majeur) serait la forme la plus
fréquente chez le sujet âgé. Cela
concernerait 2/3 des sujets âgés
déprimés.
Par ailleurs, la forme délirante est
fréquente chez le sujet âgé. Le
délire peut être le seul symptôme
dépressif. Cependant l’existence
d’une symptomatologie délirante
chez le sujet âgé n’est pas asso-
ciée à la gravité de l’épisode ou
au risque suicidaire contraire-
ment au sujet jeune.
Les caractéristiques mélanco-
liques seraient fréquentes chez
le sujet âgé (DSM-IV), mais non
reconnues dans 40% des cas.
Apprécier le risque suicidaire
Repérer les facteurs de risque
Le fait de poser des questions
sur les intentions suicidaires du
patient n’augmente pas le risque
suicidaire.
L’interrogatoire permet de
rechercher des idées suicidaires,
exprimées par message direct ou
indirect et d’évaluer si ces idées
sont passagères ou non, actives
ou prévalentes et d’avoir éven-
tuellement connaissance de l’éla-
boration d’un projet suicidaire.
A noter que les personnes âgées
restent très secrètes quant à
leurs intentions.
Le contexte de vulnérabilité est
à prendre en compte. Les infor-
mations médicalement utiles
ne pourront être fournies par le
patient s’il n’est pas interrogé
par le médecin. En effet, le ris-
que suicidaire est plus élevé s’il
existe :
- des antécédents personnels de
tentative de suicide (30 à 40%
des suicidants récidivent dans
L’Encéphale, 2007 ; 33 : 641-649, Cahier 2V. Dassonville