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LA SEMAINE JURIDIQUE - ÉDITION GÉNÉRALE - SUPPLÉMENT AU N° 9 - 27 FÉVRIER 2017
LA JURISPRUDENCE DANS LE MOUVEMENT DE L’OPEN DATA
justifie, notamment de celles retenues pour une publication au
recueil Lebon (décisions A) ou seulement une mention dans ses
tables (décisions B). Ces analyses dépassent 43 000 fichiers pour
le Conseil d’État, 5 000 pour les cours administratives d’appel,
6 700 pour les tribunaux administratifs et 1 100 pour le Tribunal
des conflits. Ces fonds de décisions et d’analyses ont été com-
plétés d’un fonds recueillant les conclusions de commissaires
du gouvernement puis de rapporteurs publics près la section du
contentieux du Conseil d’État, déposées par ceux-ci auprès du
Centre de documentation (devenu Centre de recherches et de
diffusion juridiques) : plus de 63 000 depuis sa création en 1953.
Des fonds parallèles de conclusions prononcées devant les cours
administratives d’appel, devant les tribunaux administratifs ou
devant le Tribunal des conflits ont été moins largement alimen-
tés puisqu’ils ne contiennent respectivement qu’un peu plus de
3 400 textes, un peu plus de 60 et un peu moins de 700. Enfin,
il a été créé un fonds de références de doctrine, alimenté par le
dépouillement des principales revues juridiques.
6 - Ariane est dotée de fonctionna-
lités de recherche perfectionnées,
recourant largement à l’exploita-
tion des métadonnées associées
aux textes de décisions et qui per-
mettent, par exemple, de limiter
l’interrogation aux décisions ren-
dues par une formation détermi-
née, ou instruites par l’une des
sous-sections (désormais désignées
sous le nom de « chambres ») de la
section du contentieux. Elle pos-
sède en outre une fonctionnalité
dénommée « jurisprudence classée », qui produit à la demande,
sur n’importe quelle période, des compilations d’analyses de ju-
risprudence reclassées selon l’arborescence détaillée du Plan de
classement de la jurisprudence administrative, équivalent édité
ainsi « à la volée » des anciennes tables décennales ou vicennales
du recueil Lebon.
7 - Parallèlement, une autre base avait été placée, sous le nom
d’« Ariane archives », à la disposition des tribunaux adminis-
tratifs et des cours administratives d’appel pour leur permettre
l’archivage électronique de tous les documents qu’ils produi-
saient. Progressivement, cette base, qui compte aujourd’hui plus
de 3 000 000 de fichiers, est devenue une source complémen-
taire de références, ce qui va conduire à agréger ses fonds de
décisions définitives à ceux d’Ariane.
8 - Chronologiquement, la création des bases externes de ju-
risprudence administrative avait précédé celle de ces bases in-
ternes, la première ayant été proposée aux praticiens du droit
dans le cadre du service payant « Jurifrance », dont les bases de
jurisprudence ont migré, en 2002, vers le site gratuit Légifrance.
9 - La base de jurisprudence administrative (et du Tribunal des
conflits) « Jade » sur ce site reste, à ce jour, la plus complète des
bases publiques de décisions du juge administratif, avec un peu
moins de 400 000 documents. Si le versement des jugements
de tribunal administratif n’y a jamais revêtu un caractère sys-
tématique ni même massif et a été suspendu en 2009, les fonds
de décisions représentant le Conseil d’État sont d’un volume
équivalent à ceux d’Ariane (un peu moins de 150 000) et ceux
provenant des cours administratives d’appel du même ordre de
grandeur (un peu plus de 240 000). Ces fonds incluent les ana-
lyses, lorsque celles-ci existent, qui sont insérées dans le même
fichier.
10 - Il est apparu, lors de la création en 2010 du site internet du
Conseil d’État et de la juridiction administrative, qu’un tel site
se devait d’offrir un accès à sa jurisprudence, alors même qu’elle
était présentée sur le site gouvernemental Légifrance. Cet accès
a été ouvert à travers la base Ariane Web. Celle-ci reste une base
sélective, correspondant à l’objectif de répondre de manière
adaptée aux interrogations des internautes sur l’état de la juris-
prudence du Conseil d’État et des cours administratives d’appel.
Les tribunaux administratifs n’y figurent pas pour le moment,
non plus que les juridictions administratives spécialisées.
11 - Compte tenu de cet objet, Ariane
Web est aussi riche qu’Ariane pour
ce qui est des décisions et analyses
du Conseil d’État, mais nettement
moins – et nettement moins que
Jade – pour les décisions de cours
administratives d’appel, qui n’y
figurent encore que par leurs arrêts
dont l’intérêt jurisprudentiel est
considéré comme « majeur » (caté-
gorie R) ou justifiant un signale-
ment particulier (catégorie C+).
Ces arrêts ne représentent qu’un peu plus de 5 200 fichiers. Bien
que leur mise en ligne sur internet implique une anonymisation
préalable, plusieurs centaines de conclusions de commissaires
du gouvernement ou de rapporteurs publics près la section du
contentieux ont pu être placées sur cette base à la disposition
des internautes. Ariane Web possède une grande partie des
fonctionnalités de recherche perfectionnées d’Ariane, mais pas
encore de « jurisprudence classée ». Il est néanmoins envisagé
de l’y créer.
3. Du service public de la diffusion du
droit sur l’internet (SPDDI) à l’open
data
12 - Le décret n° 2002-1064 du 7 août 20022 encadrant la diffu-
sion sur le site Légifrance avait érigé ce dernier en Service public
de la diffusion du droit sur l’internet (SPDDI). S’agissant des
juridictions administratives, il disposait que ce service mettrait
gratuitement à la disposition du public les décisions du Conseil
d’État et du Tribunal des conflits ainsi que ceux des arrêts et
jugements rendus par les autres juridictions administratives qui
auraient été sélectionnés selon les modalités propres à l’ordre de
juridiction. Dans l’immédiat, ces prescriptions se traduisirent
2 D. n° 2002-1064, 7 août 2002 : JO 9 août 2002.
« Il est apparu, lors de la créa-
tion en 2010 du site internet du
Conseil d’État et de la juridiction
administrative, qu’un tel site se
devait d’offrir un accès à sa juris-
prudence, alors même qu’elle
était présentée sur le site gou-
vernemental Légifrance. »