protocole ne sont jamais totalement respectées pour tous
les patients. Ilya:
•les patients qui n’ont pas été traités ou ceux qui ont
reçu le traitement A alors qu’ils auraient dû recevoir le
traitement B ;
•les patients qui, à un moment du suivi, ont arrêté
prématurément le traitement de l’essai ;
•les patients qui ont reçu la moitié de la dose prévue ;
•les patients qui ont pris un traitement concomitant
interdit par le protocole ;
•les patients qui n’auraient jamais dû être inclus dans
l’essai car ils ne faisaient pas partie de la population cible
de l’étude, etc.
En fait, il existe de multiples raisons expliquant que le
déroulement idéal n’existe pas. La question sous-jacente
est finalement la suivante : Que fait-on de ces patients au
moment de l’analyse de l’essai ? Doit-on tenir compte
d’un patient traité deux mois sur les six prévus ? Ne va-t-il
pas fausser les résultats du nouveau traitement ? Ou au
contraire, s’il a reçu deux fois la dose préconisée, ne va-t-il
pas surestimer l’effet du traitement ? La première idée
venant à l’esprit serait de ne pas tenir compte de ces
patients tous regroupés sous le terme de patients ayant au
moins une « violation de protocole ». Une autre idée
intéressante pourrait être de réaliser plusieurs analyses
distinctes, avec puis sans ces patients, ou sans les patients
ayant un type de violation précis et de comparer les
résultats obtenus. Mais, on pourrait ainsi définir un grand
nombre de populations d’analyse et, par conséquent, mul-
tiplier les résultats d’un même essai. Parmi toutes les
populations que l’on peut définir, trois sont couramment
utilisées. C’est ainsi que l’on différencie l’analyse en
« intention de traiter » (intention to treat) de l’analyse « per
protocole » (per protocol) ou de l’analyse en « traitement
reçu » (on treatment) :
•l’analyse en intention de traiter consiste à analyser
tous les patients dans le groupe où ils ont été randomisés ;
•l’analyse per protocole consiste à analyser un sous-
groupe de la population totale, c’est-à-dire de l’intention
de traiter, incluant uniquement les patients en parfaite
conformité avec le protocole ;
•l’analyse en traitement reçu consiste à analyser les
patients en fonction de la nature du traitement qu’ils ont
réellement reçu.
La figure 1 illustre la manière dont les patients sont pris
en compte dans ces trois types d’analyse en fonction de la
concordance ou non entre le traitement alloué par la
randomisation et le traitement réellement pris par le
patient. On voit bien que le nombre de patients dans
l’analyse varie en fonction du type d’analyse, et que, par
conséquent, les résultats seront différents d’une analyse à
l’autre. Par exemple, les patients alloués A mais ayant reçu
B sont considérés comme ayant reçu A dans l’analyse en
intention de traiter. Pourquoi une telle idée ?
Pourquoi analyser en ITT ?
Intention de traitement et conservation
de la comparabilité des groupes
L’analyse en intention de traiter comme nous l’avons
vu précédemment concerne tous les patients randomisés
dans le groupe où ils ont été randomisés :
•qu’ils aient ou non reçu le traitement,
•qu’ils aient ou non suivi le protocole,
•qu’ils soient ou non évaluables pour le critère étudié.
De par sa définition, il n’existe qu’une et qu’une seule
analyse en intention de traiter pour un essai contrôlé
donné et cette définition n’est en aucun cas subjective. La
première conséquence issue de cette définition est le
respect du tirage au sort. La randomisation dans un essai
comparatif est le seul moyen d’assurer, en moyenne, la
comparabilité des groupes à l’inclusion et par conséquent
d’attribuer uniquement au traitement la différence obser-
vée en fin d’essai [1]. Pourquoi randomiser tous les
patients et ainsi créer des groupes équitables en termes de
risque si ensuite on supprime certains patients ?
Le premier biais potentiel engendré par l’exclusion de
sujets comme dans l’analyse per protocole est l’éventuelle
destruction de cette comparabilité initiale des groupes de
traitement. Afin d’éviter ce biais, on conserve tous les
patients dans l’analyse : c’est la justification première de
l’analyse en intention de traiter.
Exclusion des écarts au protocole
et biais d’attrition
Dans la pratique courante, malgré certaines précau-
tions, il est fréquent d’observer au cours de l’essai des
patients présentant une ou plusieurs déviation(s) de proto-
cole. L’exclusion des patients qui, à un moment donné de
l’essai, n’ont pas été traités ou suivis en conformité avec le
protocole, est très souvent basée sur des informations
obtenues après la randomisation, voire même après l’ini-
tiation du traitement. Mais, dans ce cas particulièrement,
est-on sûr que ces informations sont indépendantes du
traitement reçu ? On peut par exemple envisager que les
arrêts prématurés de traitement soit dus à une mauvaise
Randomisation
Allocation au
traitement A
Intention de traiter
Per protocole
Traitement
A reçu
A
A
ATraitement reçu
A
-
B
Traitement
B reçu
B
-
A
Traitement
A reçu
B
B
B
Traitement
B reçu
Allocation au
traitement B
Figure 1. Les différentes populations d’analyse pour la même
étude.
mt, vol. 13, n° 4, juillet-août 2007 299
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