comprendre ce qu’est la mémoire – ou les différentes mémoires – afin d’obtenir un
rappel sans faille des connaissances, une acquisition aisée des nouveautés, et
surtout une gestion efficace de l’activité mémorielle.
Ce questionnement, qui – comme nous le verrons – doit être personnalisé,
devrait permettre à chaque interprète de trouver son style, un comportement
adéquat, et aussi un moyen d’améliorer et d’entretenir son potentiel dans une
perspective évolutive.
Partant du fait que l’acte mnémonique se fait en trois temps: enregistrement,
fixation-rétention, puis rappel, on ne peut concevoir la mémoire comme une simple
mécanique du cerveau; bien au contraire, ce fonctionnement fabuleux recèle des
secrets que bien de philosophes, humanistes et scientifiques, ont essayé de
comprendre. Cet acte magique, qui est à la fois loyal et traître (Bergson affirmait
que « la mémoire est aussi l’acte d’oubli »), qui permet de se rappeler mais aussi
d’oublier, a intrigué plus d’un chercheur.
Au Moyen Âge, mémoire et magie allaient de pair. Saint Augustin dans ses
Confessions sera l’un des premiers à évoquer la mémoire des sens et des mots, ce
que nous appelons aujourd’hui la mémoire sémantique. Mais il faudra attendre
réellement le XIXe siècle pour que ce phénomène soit soumis à l’étude et à des
démarches scientifiques.
C’est avec Hermann Ebbinghaus (1850-1909) que les premières procédures
d’examen de l’acte mnémonique sont élaborées, et elles sont toujours d’actualité,
même si les méthodes d’investigation vont bien sûr évoluer, se diversifier et se
complexifier.
Parallèlement, les études sur les mécanismes cérébraux se développent et
l’espace crânien s’organise schématiquement en trois niveaux, comme dans les
travaux de Paul D. Maclean:
A/ Le reptilien ou la partie la plus ancienne du cerveau, la gardienne des
instincts primitifs, qui agit selon des schémas rigides et stéréotypés (routine, gestes
automatiques).
B/ Le limbique, fruit d’une évolution plus tardive que le reptilien, est le
siège de l’affectivité et des émotions et joue un rôle essentiel dans la mémoire à
long terme, car il stocke tous les souvenirs (en leur donnant une tonalité affective).
C/ Le cortical (ou cortex) est la partie la plus récente du cerveau, le siège
de la pensée et de la parole.
Les informations qui arrivent par les cinq sens transitent par le reptilien,
puis sont filtrées par le limbique. Toutes n’arrivent pas au cortex.
On découvrira, par la suite, avec Rupert Sheldrake, l’origine biochimique
de la mémoire, cependant que d’autres approches mettent l’accent sur les liens
indéfectibles entre perception et mémoire, mémoire et intelligence, puis grâce aux
progrès en imagerie cérébrale: scanner, RMN (Résonance Magnétique Nucléaire)
tomographie par émission de positrons ou scintigraphie cérébrale, on peut enfin
pénétrer en partie le mystère du cerveau, en l’étudiant de près en pleine activité.