´
ECOLE DES PONTS PARISTECH
SUPAERO (ISAE), ENSTA PARISTECH,
TELECOM PARISTECH, MINES PARISTECH,
MINES DE SAINT´
ETIENNE, MINES DE NANCY,
T´
EL´
ECOM BRETAGNE, ENSAE PARISTECH (FILI`
ERE MP)
´
ECOLE POLYTECHNIQUE (FILI`
ERE TSI)
CONCOURS D’ADMISSION 2010
SECONDE ´
EPREUVE DE PHYSIQUE
Fili`
ere PSI
(Dur´
ee de l’´
epreuve: 4 heures)
L’usage de la calculatrice est autoris´
e
Sujet mis `
a disposition des concours : Cycle international, ENSTIM, TELECOM INT, TPE–EIVP
Les candidats sont pri´
es de mentionner de fac¸on apparente sur la premi`
ere page de la copie :
PHYSIQUE II — PSI.
L´
enonc´
e de cette ´
epreuve comporte 7 pages.
Si, au cours de l’´
epreuve, un candidat rep`
ere ce qui lui semble ˆ
etre une erreur d’´
enonc´
e, il est invit´
e`
a le
signaler sur sa copie et `
a poursuivre sa composition en expliquant les raisons des initiatives qu’il aura ´
et´
e
amen´
e`
a prendre.
Il ne faudra pas h´
esiter `
a formuler les commentaires (incluant des consid´
erations num´
eriques) qui vous
sembleront pertinents, mˆ
eme lorsque l’´
enonc´
e ne le demande pas explicitement. La bar`
eme tiendra compte
de ces initiatives ainsi que des qualit´
es de r´
edaction de la copie.
PHYSIQUE D’UN BALLON DE FOOTBALL
On l’a observ´
e lors de r´
ecentes comp´
etitions internationales : le mouvement d’un ballon de football
est parfois si surprenant qu’il semble tenir d’un tour de magie. On a cherch´
e`
a mieux comprendre
les m´
ecanismes qui r´
egissent la dynamique du ballon de football, et, en particulier, `
a l’occasion de
l’introduction d’un nouveau mod`
ele, r´
eput´
e plus «rapide»mais aussi plus impr´
evisible, on a proc´
ed´
e
`
a des ´
etudes exp´
erimentales et `
a des simulations num´
eriques. Dans ce probl`
eme, on exploite quelques
mesures qui ont pour but d’´
evaluer le coefficient de traˆ
ın´
ee et on d´
eveloppe un mod`
ele th´
eorique qui
permet d’interpr´
eter certains r´
esultats. On se limite au cas dans lequel le ballon est simplement en
mouvement de translation dans l’air. Les donn´
ees num´
eriques utiles et les notations correspondantes
sont rassembl´
ees dans le tableau ci dessous. `
A l’exception de la question 4 pour lequel on conservera
les 4 chiffres significatifs de mesure pour remplir le tableau, on utilisera 2 chiffres significatifs dans
le reste des applications num´
eriques. Les vecteurs sont not´
es avec un chapeau s’ils sont unitaires b
ex,
avec une fl`
eche
vdans le cas g´
en´
eral.
Masse volumique de l’air
ρ
=1,2 kg.m3
Viscosit´
e cin´
ematique de l’air n=1,4·105m2.s1
Module de l’acc´
el´
eration de la pesanteur g=9,8 m.s2
Masse du ballon m=0,50 kg
Diam`
etre du ballon D=22 cm
`
A toutes fins utiles on rappelle certaines relations. Pour un fluide incompressible dans lequel le champ
de vitesse est
V(
r,t), le champ de pression P(
r,t)et la masse volumique
ρ
(
r,t), l’´
equation de
Navier-Stokes s’´
ecrit
V
t+
V·
grad
V=1
ρ
gradP+n
V
Physique d’un ballon de football
Pour toute fonction fde Rdans Rquatre fois d´
erivable, le d´
eveloppement de Taylor au quatri`
eme
ordre de fau voisinage de 0 s’´
ecrit
f(
θ
) = f(0) + f(0)
θ
+f′′(0)
θ
2
2+f(3)(0)
θ
3
3! +f(4)(0)
θ
4
4! +o
θ
4
Enfin pour une fonction hde deux variables r´
eelles xet y, on d´
emontre que
Si h(x,y) = g(
θ
,
ϕ
)alors
h
x=
g
θθ
x+
g
ϕϕ
x;
Si h(x,y) = f(
θ
)alors
h
x=f(
θ
)
θ
x.
I. — Nombre de Reynolds et coefficient de traˆ
ın´
ee
Lorqu’un fluide, ici l’air, de vitesse
U, de module U, s’´
ecoule autour d’une sph`
ere de diam`
etre D,
on d´
efinit le nombre de Reynolds Re =UD
n. Lorsque Re prend des valeurs inf´
erieures `
a l’unit´
e on
parle d’un ´
ecoulement `
a petit nombre de Reynolds. La force de frottement visqueux
Fqui agit sur
la sph`
ere est proportionnelle `
a la vitesse de l’´
ecoulement. Elle est donn´
ee par la formule de Stokes :
F=3
π
n
ρ
D
U.
Dans le cas des ´
ecoulements `
a grand nombre de Reynolds, la force de traˆ
ın´
ee
Tqui agit sur la
sph`
ere est proportionnelle au coefficient de traˆ
ın´
ee C, sans dimension, et au carr´
e de la vitesse selon
la relation
T=1
2C
ρ
π
D2
4U
U
1 — ´
Evaluer la valeur num´
erique du nombre de Reynolds dans le cas d’un ballon de football se
d´
eplac¸ant dans l’air avec une vitesse de 100 km.h1. Que peut-on en d´
eduire?
L’axe Oz qui oriente les grandeurs vectorielles est dirig´
e selon la verticale descendante, son vecteur
unitaire est not´
eb
ez. On cherche `
a valider exp´
erimentalement la loi donnant la force de traˆ
ın´
ee en me-
surant la vitesse d’un ballon soumis au seul champ de pesanteur. Ce dernier est lˆ
ach´
e d’une hauteur
de 27 m dans une enceinte contenant de l’air au repos, avec une vitesse initiale
vo=vob
eztelle que
vo>0. On proc`
ede `
a des s´
eries de mesures du module de la vitesse instantan´
ee au cours du mouve-
ment par v´
elocim´
etrie laser. L’intervalle
τ
=30 ms s´
eparant deux mesures successives est constant.
On donne dans le tableau ci-dessousun extrait des valeurs vidu module de la vitesse, mesur´
ees aux
dates ti=i×
τ
.
i1234567891011
vim.s15,220 5,480 5,736 5,988 6,237 6,482 6,726 6,986 7,253 7,522 7,789
2 — ´
Evaluer le module de l’acc´
el´
eration instantan´
ee ai`
a la date tien fonction de vi+1,viet
τ
.
3 — En utilisant le th´
eor`
eme de la r´
esultante cin´
etique, ´
etablir la relation scalaire entre les gran-
deurs m,ai,get la norme Tide la force de traˆ
ın´
ee `
a la date ti.
4 — Reproduire et compl´
eter le ta-
bleau ci-contre. `
A partir de ces donn´
ees et
en utilisant le document joint avec le su-
jet, repr´
esenter les points de coordonn´
ee
v2
i;Tiet [log10(Re);C]. Commenter les
diagrammes obtenus.
i1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
v2
im2.s2
Ti[N]
C
log10(Re)
Page 2/7
Physique II, ann´
ee 2010 — fili`
ere PSI
Les ´
etudes exp´
erimentales ´
etablissent l’existence d’un nombre de Reynolds critique Rec, voisin de
105, au-del`
a duquel le coefficient de traˆ
ın´
ee chute brutalement. Les m´
ecanismes responsables de cette
chute sont li´
es `
a la nature de l’´
ecoulement de l’air autour du ballon. On se propose de mod´
eliser ce
r´
egime d’´
ecoulement dans les questions suivantes.
FIN DE LA PARTIE I
II. — ´
Ecoulement d’un fluide visqueux le long d’une paroi solide
Dans un premier temps, afin de simplifier le
probl`
eme, on assimile la surface du ballon
`
a une plaque plane semi-infinie d’´
equation
(y=0, x>0)repr´
esent´
ee sur la figure 1.
L´
ecoulement du fluide, au-dessus de la
plaque, est suppos´
e stationnaire, incompres-
sible et bidimensionnel. Le champ de vi-
tesse est pris sous la forme
V=u(x,y)b
ex+
v(x,y)b
ey. Les fonctions uet vsont respec-
tivement appel´
ees composante longitudinale
et verticale du champ de vitesse. Loin de la
plaque, la vitesse se stabilise `
a la valeur U,
ainsi :
FIG. 1 – ´
Ecoulement d’un fluide au dessus d’une
plaque semi-infinie.
lim
y+
V=Ub
ex=
V
On n´
eglige l’action de la pesanteur. Le nombre de Reynolds est maintenant d´
efini comme une fonc-
tion de la variable xpar la relation : Re(x) = Ux/n. Dans la suite du probl`
eme, on consid´
erera
syst´
ematiquement que Re(x)1, ce qui suppose que le domaine d’´
etude exclut la singularit´
ex0.
On appelle couche limite la r´
egion dans laquelle la vitesse du fluide diff`
ere sensiblement de sa valeur
loin de la plaque.
Pour ´
evaluer l’´
epaisseur
δ
(x)de cette couche limite, on adopte le point de vue Lagrangien. Une parti-
cule de fluide ´
emise au voisinage de l’origine Ose d´
eplace d’une distance approximative x(t)Ut le
long de l’axe Ox entre l’instant initial et la date t. Par ailleurs, au cours de la mˆ
eme dur´
ee, l’influence
de la viscosit´
e est perceptible sur une ´
epaisseur
δ
(t) = nt.
5 — D´
eduire de cette ´
evaluation la loi
δ
(x)donnant l’´
epaisseur de la couche limite `
a une distance
xde l’arˆ
ete de la plaque. `
A quelle condition la g´
eom´
etrie plane permet-elle de d´
ecrire correctement la
surface du ballon?
6 — Former le rapport
δ
(x)/xet l’exprimer en fonction de Re(x).
On d´
eduit de la question pr´
ec´
edente que
δ
(x)x. Il apparaˆ
ıt que l’´
ecoulement est caract´
eris´
e par
deux ´
echelles de longueur, l’une (´
epaisseur de la couche limite) ´
etant tr`
es faible devant l’autre (dis-
tance longitudinale le long de la plaque). On cherche `
a prendre en compte cette caract´
eristique de
fac¸on `
a simplifier les ´
equations de la dynamique du fluide en ´
ecoulement. On proc`
ede de la fac¸on
suivante : pour toute grandeur g(x,y)relative `
a l’´
ecoulement on ´
evalue les ordres de grandeur des
d´
eriv´
ees partielles en ´
ecrivant que :
g
xg
xet
g
yg
δ
7 — En ´
ecrivant l’hypoth`
ese d’´
ecoulement incompressible, montrer que l’un des ´
el´
ements du
couple (u,v)est n´
egligeable devant l’autre.
Page 3/7 Tournez la page S.V.P.
Physique d’un ballon de football
8 — Montrer que
V
2u
y2b
ex+
2v
y2b
ey
et en d´
eduire que la composante selon b
exde l’´
equation de Navier-Stokes se simplifie en
u
u
x+v
u
y=1
ρ
P
x+n
2u
y2(1)
FIN DE LA PARTIE II
III. — Couche limite laminaire sans gradient de pression
On suppose dans un premier temps que l’´
ecoulement a lieu en l’absence de gradient longitudinal de
pression, soit
P
x0. On cherche, dans ce r´
egime, `
a obtenir la solution de l’´
equation (1)v´
erifiant les
conditions aux limites suivantes :
le champ de vitesse s’annule au contact de la plaque;
– l’´
ecoulement est uniforme loin de la couche limite, soit lim
y
V(x,y) = Ub
exavec U=cste.
On se propose d’utiliser pour cela la variable r´
eduite
θ
(x,y) = yrU
nx introduite par Prandtl dans sa
th´
eorie des ´
ecoulements visqueux bidimensionnels.
9 — Exprimer
θ
(x,y)en fonction de x,yet Re(x), puis en fonction de yet
δ
(x). En d´
eduire la
dimension de la variable
θ
.
On recherche une solution du probl`
eme dans laquelle la composante longitudinale r´
eduite f=u/Ude
la vitesse ne d´
epend que de
θ
. Cette hypoth`
ese sera discut´
ee `
a la question 14. On introduit donc deux
nouvelles fonctions fet gv´
erifiant u(x,y) = U f(
θ
)et v(x,y) = Ug(x,
θ
)
10 — Traduire les conditions aux limites y0 et ypar des ´
equations portant sur les fonctions
fet g.
11 — Exprimer
u
x,
v
y,
u
yet
2u
y2en fonction de U,x,
θ
,Re(x)et des d´
eriv´
ees de fet g.
12 — En ´
ecrivant la condition d’´
ecoulement incompressible montrer que
g(x,
θ
) =
α
pRe(x)
θ
f(
θ
)Z
θ
0f(
ξ
)d
ξ
o`
u
α
est une constante que l’on d´
eterminera.
13 — En utilisant les r´
esultats pr´
ec´
edents, v´
erifier que la dynamique de l’´
ecoulement dans la
couche limite est r´
egie par l’´
equation de Blasius
f′′(
θ
) +
α
f(
θ
)Z
θ
0f(
ξ
)d
ξ
=0
que l’on ne cherchera pas `
a r´
esoudre directement.
14 — Expliquer pourquoi l’´
equation de Blasius confirme l’hypoth`
ese pr´
eliminaire concernant la
d´
ependance de la vitesse longitudinale par rapport aux variables spatiales.
15 — On consid`
ere les points Met Mde coordonn´
ees respectives (x,y)et (x,y). Quelle relation
existe-t-il entre u(M)et u(M)si y
x=y
x
Cette propri´
et´
e est appel´
ee invariance d’´
echelle, commenter cette d´
enomination.
Page 4/7
Physique II, ann´
ee 2010 — fili`
ere PSI
La r´
esolution num´
erique de l’´
equation de
Blasius permet d’obtenir la repr´
esentation
graphique de la fonction f(
θ
), celle-ci fait
l’objet de la figure 2. On constate qu’au voi-
sinage de l’origine, la courbe repr´
esentative
de f(
θ
)poss`
ede un domaine lin´
eaire qui
s’interrompt brusquement. Apr`
es le do-
maine lin´
eaire, la courbe se rapproche tr`
es
rapidement de son asymptote. Une lec-
ture graphique permet d’obtenir la valeur
num´
erique :
a=f(0) = 3
10
.
FIG. 2 – Repr´
esentation graphique de la solution de
l’´
equation de Blasius.
16 — `
A partir de la solution num´
erique, d´
eterminer une expression approximative de u(x,y)en
fonction de x,y,Uet Re(x)dans la couche limite. Montrer que la transition entre la couche limite et
le domaine de l’´
ecoulement uniforme est situ´
ee approximativement `
a une distance Y(x)de la plaque
que l’on exprimera en fonction de
δ
(x).
On suppose que la fonction f(
θ
)poss`
ede un d´
eveloppement de Taylor `
a tout ordre au voisinage de
z´
ero.
17 — D´
emontrer que d2f
d
θ
2
θ
=0=d3f
d
θ
3
θ
=0=0 et que par cons´
equent, il existe une constante
btelle que f(
θ
) = a
θ
+b
θ
4+o
θ
4. Exprimer ben fonction de a.
FIN DE LA PARTIE III
IV. — D´
ecollement de la couche limite laminaire
L´
equation de Blasius a ´
et´
e´
etablie sous l’hypoth`
ese U=cste, ce qui revient `
a supposer que, le long
de la fronti`
ere entre le solide et le fluide, le gradient de pression est nul. On ´
etudie maintenant une
situation plus r´
ealiste qui prend en compte ce gradient de pression dans une zone o`
u les lignes de
courant divergent et qui conduit au fait que U=U(x). Pour cela nous allons, dans un premier temps,
chercher la structure du champ de vitesse hors de la couche limite, domaine o`
u l’´
ecoulement est
suppos´
epotentiel et incompressible. Nous en d´
eduirons alors la loi U(x)ainsi que l’expression du
gradient de pression. Nous ´
etudierons finalement l’effet produit par ce dernier.
Afin de rendre compte de la courbure des lignes de courant au voisinage de la surface du ballon, on
assimile localement cette surface `
a un di`
edre d’angle
α
=
π
/(m+1). La constante mest un param`
etre
n´
egatif qui est pris dans l’intervalle ]1/3,0]si bien que
α
[
π
,3
π
/2[. On rep`
ere un point Mdu
fluide par ses coordonn´
ees polaires (r,
ψ
)avec
ψ
[0,
α
]et on recherche le potentiel des vitesses sous
la forme
ϕ
(r,
ψ
) = F(r)cos[(m+1)
ψ
]. La g´
eom´
etrie du syst`
eme est repr´
esent´
ee sur la figure 3.
FIG. 3 – ´
Ecoulement `
a la surface du ballon
On donne, dans le syst`
eme de coordonn´
ees choisi :
grad
ϕ
=
ϕ
rb
er+1
r
ϕ
ψ
c
e
ψ
ϕ
=1
r
rr
ϕ
r+1
r2
2
ϕ
ψ
2
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