1. Les boucles d’essai CORAIL et REGGAE
permettent de reproduire en laboratoire toutes
les conditions de fonctionnement des réac-
teurs, hormis l’irradiation. En particulier, il est
possible d’imposer un flux de chaleur grâce à
l’insertion d’éléments chauffés électriquement
à l’intérieur des gaines.
2. Les deux principaux alliages de Zr étudiés
en corrosion par le CEA sont le Zircaloy 4
(Zircaloy-4) (Zr - 1,2-1,7 % Sn - 0,18-0,24 % Fe - 0,07-0,13 % Cr) et l’al-
liage M5TM (Zr – 1 % Nb). Ce dernier, développé par Areva-NP, doit rem-
placer l’actuel Zircaloy-4, ses performances étant accrues par rapport au
Zircaloy-4, notamment en termes de résistance à la corrosion.
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La corrosion et l’altération des matériaux du nucléaire
• une contribution au développement et
à la qualification de nouveaux maté-
riaux de gainage plus performants
(impact de la métallurgie sur la ciné-
tique de corrosion) ;
• la capitalisation des connaissances et
la modélisation des cinétiques de cor-
rosion.
Ces études s’appuient sur :
• l’acquisition de données de corrosion
sur des gaines issues de réacteurs
(examens réalisés dans les labora-
toires chauds de la DEN) ;
• la réalisation d’essais de corrosion en autoclaves et dans les
boucles d’essai CORAIL et REGGAE1(études paramé-
triques, tests d’hypothèse) ;
• la caractérisation microstructurale des couches d’oxyde
(microscopies optique et électronique, SIMS, DRX et Raman
pour l’essentiel) ;
• le développement et l’utilisation de codes de corrosion.
Cinétique d’oxydation des alliages de zirconium
Les cinétiques d’oxydation des alliages de Zr2présentent une
succession de cycles (au cours desquels la vitesse d’oxyda-
tion décroît) et de transitions cinétiques (qui mettent fin aux
cycles) [fig. 3].
La principale différence entre des alliages ayant des vitesses
d’oxydation différentes porte sur l’épaisseur de l’oxyde qui s’est
développé entre deux transitions cinétiques (appelée « épais-
seur de transition »). Plus la vitesse d’oxydation moyenne est
faible, plus l’épaisseur de transition est importante. Ainsi, l’al-
liage M5TM, qui présente la meilleure résistance à la corrosion,
a l’épaisseur de transition la plus élevée
(~ 3,1 µm pour le M5TM contre ~1,7 µm
pour le Zircaloy-4, dans les conditions
de l’essai détaillé, figure 3).
Oxyde
Métal
a
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
0 100 200 300 400 500 600 700 800
Zy- 4
M5
Fig. 3. Cinétiques d’oxydation du Zircaloy-4 et du M5TM déterminées
à partir d’essais d’oxydation réalisés en autoclave, à 360 °C, avec
10 ppm de Li et 650 ppm de B dans l’eau. Les cinétiques
apparaissent cycliques. Celle du M5TM, qui est, en moyenne, la plus
lente, présente l’épaisseur de transition la plus forte.
Fig. 4. Film d’oxyde formé sur le M5TM en autoclave (360 °C, 10 ppm
Li, 650 ppm B) : a) examen en microscopie électronique à balayage
montrant la stratification de l’oxyde ; b) examen en microscopie
électronique en transmission montrant des cristallites de zircone
colonnaires ayant une bonne cohésion entre elles.
Durée d’oxydation (jours)
Transitions cinétiques
3ecycle
2ecycle
1er cycle
Épaisseur de zircone (µm)
10 µm
b10 nm
Cristallite colonnaire
Ce caractère cyclique constaté pour la cinétique d’oxydation
apparaît également au niveau de la microstructure de l’oxyde.
En effet, l’examen en microscopie électronique à balayage des
couches d’oxyde formées en autoclave, en boucle ou en réac-
teur, révèle un caractère stratifié des films d’oxyde (dû à la fis-
suration périodique de l’oxyde) [fig.4a]. L’épaisseur des strates
est alors cohérente avec l’épaisseur de transition déduite des
cinétiques d’oxydation.
Ces constatations (cinétique cyclique, stratification périodique
de l’oxyde, épaisseur des strates comparable à l’épaisseur de
transition) ont conduit à proposer un scénario d’oxydation
cyclique constitué des étapes successives suivantes :
Cycle d’oxydation : au cours du cycle, il se forme à l’inter-
face métal-oxyde une couche d’oxyde protectrice qui limite la
diffusion des espèces oxydantes, laquelle contrôle la vitesse
d’oxydation. Son épaisseur augmentant au cours du cycle, la
vitesse d’oxydation décroît. À ce stade, la couche d’oxyde est