Neurologie et apprentissages

publicité
PONTIVY - Vendredi 11 Juin 2010
Conférence de Pascale TOSCANI 1
« Neurologie et apprentissages »
Le secteur des apprentissages a d’abord eu peur de la neurologie , des articles sont publiés depuis
longtemps , mais sans écho …
Aujourd’hui on ne peut plus faire sans les apports de la neurologie . C’est l’IRM qui a permis cette
grande avancée .
Il faut se battre contre les déterminismes : la fixité de l’intelligence n’existe pas , le contexte fait
beaucoup . C’est le regard que l’on porte sur l’enfant qui compte en premier ( ce que l’on croit
l’enfant capable de ou incapable de ..)
(  voir le livre de Catherine VIDAL « Nos enfants sous haute surveillance » )
L’IRM a permis de voir la grande plasticité du cerveau : la répétition dans l’apprentissage
empêche la plasticité , c’est la nouveauté qui permet la plasticité du cerveau . La neuro vient
appuyer la ZPD de Vigotsky : c’est la nouveauté qui fait progresser .
Avec les avancées de la neuro , des certitudes sont bouleversées :
- on affirmait que les hémisphères droit et gauche avaient des rôles différents , ce n’est pas
vrai
- on peut observer grâce à l’IRM qu’il existe des aires de langage dans les deux hémisphères
- une fonction n’est jamais localisée dans une seule région , mais simultanément
Il n’existe pas de différences entre les hommes et les femmes pour le langage ou le calcul .
Les représentations collectives viennent souvent écraser les vérités neuro-bio . ( et les productions
ou recherches scientifiques vont souvent dans le sens du vent de l’actualité …)
Il y a une nécessité de remettre à jour nos connaissances : nous naissons avec un potentiel
neuronal mais les synapses ne se fabriquent qu’après la naissance : l’expérience vécue et les
apprentissages jouent un rôle primordial sur les synapses
En tant qu’enseignant , nous avons une nécessité de connaître le fonctionnement du cerveau
pour adapter son enseignement et ses apprentissages ( primordial pour les enseignants mais aussi
pour les enfants )
Chaque cerveau est unique : des cerveaux « normaux » de jumeaux peuvent avoir jusqu’à trois
ans d’écart dans leur stade de développement selon le contexte de vie .
Il faut remettre en cause les tests standardisés : le QI n’est qu’une mesure à un moment donné , il
peut évoluer .
L’intelligence est plutôt une capacité à s’adapter ( cas de Florent , enfant IMC )
Le stress et la menace réduisent la capacité à comprendre , ils réduisent les habiletés
intellectuelles .
1
Groupe de recherche grand ouest « CARGO » colloque prévu les 18 et 19 mai 2011
La mémoire n’est pas performante dans les situations de répétition , le cerveau est stimulé par le
défi et la nouveauté .
Le cerveau est structuré pour apprendre ce dont il a besoin .
Le cerveau n’est pas fait pour apprendre dans des situations demandant une attention
constante ( 10 minutes max pour l’ado )
Terminologie :
* Troubles neuro ≠ troubles cognitifs ≠ troubles du comportement ≠ troubles d’apprentissage
* Les différentes branches de la psychologie :
Psychologie clinique : vient de la psychanalyse , s’occupe de la souffrance
Psychologie du développement : le devenir de la personne de la naissance à la mort
Psychologie sociale : étude des groupes restreints
Neuropsychologie : s’intéresse aux fonctions cognitives et à l’organisation cérébrale . s’occupe de
savoir s’il y a lésion cérébrale quand le cerveau fonctionne mal
Psychologie cognitive : comment on apprend , comment on traite l’info . Etudie les grandes
fonctions cognitives : mémoire / langage / intelligence / raisonnement / résolutions de problèmes /
perception / attention
Psychologie du travail
Psychologie différentielle : traitement de la statistique
Ethologie : psychologie animale
* Les différents « psy » :
Psychiatre : médecin puis spécialisation , il est forcément psychothérapeute
Psychologue : diplôme d’état , forcément psychothérapeute
Psychothérapeute : pas de diplôme , pas psychologue , il est praticien d’une technique
Psychanalyste : médecin ou psychologue
* Entre acquis et inné
2
Nous avons des facteurs génétiques inscrits et il y a interactions avec l’environnement
90% se jouent après la naissance
* Les acquisitions
Tous les enfants acquièrent un langage mais tous ne parlent pas une langue
(  Steven PINKER « l’instinct du langage » )
* Les apprentissages
Les comportements / connaissances / savoirs nécessitent un enseignement
Tous les enfants sont programmés pour apprendre , on s’inquiète souvent des enfants en
difficulté de lien social , on s’inquiète moins des enfants en pathologie cognitive .
Il y a interactions réciproques entre cerveau et milieu dans les apprentissages .
2
modifiabilité de l’intelligence de FEUERSTEIN
Les grandes fonctions cognitives
L’attention : captation de l’information avec notre propre censure naturelle
Les compétences linguistiques : respecter lexique et syntaxe
Les fonctions mnésiques : capacité à mémoriser
Les gnosies : ce que nous percevons de nos sens
Les praxies : motricité
Les enfants « dys » ou THADA ont des difficultés de mémoire à court terme
Les enfants troubles d’apprentissage ont des difficultés de mémoire à long terme
La capacité à mémoriser ≠ la capacité à réfléchir
(  Catherine VIDAL : « Notre cerveau évolue-t-il tout au long de la vie »
les petites pommes du savoir n° 118 )
Les troubles
Troubles cognitifs : dysfonctionnement au sein des fonctions mentales ( dans les 5 fonctions
cognitives , si les 5 sont touchées : il y a déficience )
Troubles d’apprentissage : symptômes résultant de troubles cognitifs ,
et s’extériorisant par des « dys »
Trouble développemental
Troubles du comportement :
- réactionnels : secondaires à la souffrance induites par le trouble neuro-psycho dans les
relations avec l’environnement ( névrose d’échec , dépression marquée , agressivité 
destruction narcissique )
- difficulté de régulation du contact social : inhibition / déshinibition ou hyper activité avec
déficit attentionnel
Troubles envahissants du développement : trait de la lignée autistique , troubles psychotiques , de
la structuration de la personnalité
 la peur d’apprendre : peur de l’inconnu
surtout chez les ados ( avant j’ avais l’âge de raison , je savais , aujourd’hui je ne sais plus rien
, même pas qui je suis )
mais aussi chez les enfants arrivant en CP ( je passe du monde concret au monde de la
connaissance )
peut aller jusqu'à « danger d’apprendre »
 le refus de réfléchir donne l’impression de puissance sur l’adulte , puissance contre laquelle ils
se révoltent ( vertige de la connaissance )
« Ce qui dévalorise est toujours pathogène »
« Les enseignants sont des tuteurs de résilience » CIRULNIK
« Aucun enfant n’est mauvais élève par désir , ou alors il est dans une pathologie psychologique
ou psychiatrique dont il faut s’inquiéter »
« le désengagement scolaire est aussi rave que l’anorexie »
La raison a besoin de nos émotions
Nous avons besoin de nos émotions pour être intelligent .
Etre conscient de ses propres émotions , de celles des autres , et être capable de les réguler
aident à être plus intelligent .
Il y a complémentarité entre tête et cœur :
- la connaissance de soi
- la gestion de ses émotions
- la motivation ( qui n’est pas que de la volonté )
- la conscience des besoins et des sentiments des autres
- les habiletés sociales
(  Sylvie DUBE : « la gestion des comportements , et si on en parlait autrement ? »
aux éditions Chenelière )
Ce que nous savons aujourd’hui
Le cerveau n’est pas fixe . La plasticité du cerveau dépend de la difficulté de ce qu’on lui donne à
faire
Tout se joue avant six ans ? théorie révolue … le cerveau évolue tout au long de la vie
Ce ne sont pas les prédispositions de départ qui permettent de comprendre , ce sont les
apprentissages qui développent l’intelligence .
Il est fondamental que les enfants comprennent le fonctionnement de leur cerveau .
Dans le processus d’apprentissage , deux concepts importants : intégration / désintégration :
il faut bouleverser ses connaissances pour pouvoir apprendre ( assimilation / accommodation de
Piaget ) . Mais quand on demande à un enfant en apprentissage de « dé-intégrer » , il ne « déintègre » pas seulement ce qui correspond à ce qu’il savait déjà de l’apprentissage concerné .
Le cerveau n’est pas un empilement de connaissances , chaque acquisition suppose qu’il en
désintègre d’autres .
Inhibition / activation : dans un apprentissage le cerveau inhibe ce dont il n’a pas besoin , et
active ce dont il a besoin .
L’enfant de 0 à 3 mois développe son cerveau analogique rapide : donnera la mémoire à long
terme
Après 3 mois , l’enfant expérimente et entre dans la vie de communication active : cerveau
cognitif lent : donnera la mémoire provisoire
Le traitement de l’information utilise le cerveau cognitif lent ( CL , mémoire provisoire ) et le
cerveau analogique rapide ( AR , mémoire permanente )
Quand l’enfant apprend , il utilise d’abord le CL puis l’AR . Si l’info n’est pas arrêtée dans la
mémoire à court terme , elle sera vampirisée par l’AR . Si l’apprentissage est mauvais , il reste
dans l’AR . La remédiation consiste à refournir une nouvelle info et obliger à passer par le CL .
Téléchargement